Le présent article a été rédigé par Jonathan Goldberg et son introduction a été traduite par René Meertens.
C’est pendant mes études secondaires, au cours de littérature anglaise que j’ai découvert le poème intitulé “Elegy Written in a Country Churchyard”. Ce poème a été composé en 1751 par le poète anglais Thomas Gray. Dès la première fois que je l’ai lu, j’ai été émerveillé par la puissance des idées exprimées et par la simplicité et pourtant l’éloquence extraordinaire avec laquelle ces idées étaient exprimées. En outre, compte tenu de la vie privilégiée dont Thomas Gray avait joui pendant ses études au Collège d’Eton, puis à l’Université de Cambridge (où il étudia assidûment le grec, le latin, le français et l’italien, ainsi que l’histoire médiévale, l’architecture et l’histoire naturelle, avant d’être nommé professeur d’histoire), l’Elégie montre que Gray était particulièrement sensible au sort de la classe laborieuse, aux travaux pénibles auxquels étaient astreints ceux qui en faisaient partie et à l’impossibilité d’épanouissement de leurs potentialités. Le poème critique implicitement l’évolution des valeurs qui allait de pair avec l’industrialisation.
Quelques années plus tard, j’ai eu la possibilité de me rendre à Stoke Poges, dans le Buckinghamshire, en Angleterre, c’est-à-dire le lieu même où le poème se situe. Je me suis assis sous le chêne mentionné dans le poème et ai récité l’Elégie à haute voix.
Gray travaillé pendant huit ans à la composition de l’Elégie, que beaucoup considèrent comme l’un des poèmes majeurs de la littérature britannique. Le général britannique James Wolfe, qui combattit l’armée française aux plaines d’Abraham, aurait déclaré à ses troupes avant d’engager la bataille : “Messieurs, j’aurais préféré avoir écrit ce poème que de prendre Québec demain.”
Certaines expressions utilisées dans ce poème font aujourd’hui partie de l’anglais littéraire. En voici quelques exemples :
"The paths of glory"; "Celestial fire" ; "Some mute inglorious Milton"; "Far from the madding crowd" "The unlettered muse" ;"Kindred spirit".
Thomas Gray est décédé à l’université de Cambridge à l’âge de 55 ans. Il a été enterré au cimetière de Stoke Poges, le lieu de l’Elégie.
Voici le poème en anglais, avec une traduction en français de Sir Tollemache Sinclair.
Thomas Gray Le "cimetière de campagne"
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