Abstract :
After reviewing the thematic and stylistic affinities between Hugo and Shakespeare, especially in the area of drama, this essay demonstrates how the former's admiration of his English predecessor helped advance the cause of free public education in France during the nineteenth century. At the same time, it proves that within that general cause an even more specific goal was met, to wit, the advancement of the teaching of modern foreign languages, specifically English. As a result, Hugo's predilection for Shakespeare's language must be seen not just as a matter of personal taste, but as a conscious or, perhaps, unconscious strategy to change public policy and reform the French educational system. This early champion of a "United States of Europe" is therefore finally understood as having at least partially contributed to the increasingly hegemonic influence of Anglo-American culture throughout the West since his time. (In French) (SM and RMY)
Entre tous les génies qu’admirait Victor Hugo, il avait un faible particulier pour William Shakespeare. “La première fois que j’ai entendu le nom de Shakespeare,” écrit-il dans ses Choses Vues, “[c]e fut en 1825... Ce nom, personne alors ne le prononçait tout à fait sérieusement” (982). Dans sa fameuse Préface de Cromwell (1827), Hugo place l’écrivain anglais à la tête des créateurs, n’hésitant pas à le qualifier de “dieu du théâtre” (81). La prééminence de Shakespeare apparaît telle, qu’il faudrait trois dramaturges français, selon Hugo, pour faire un Shakespeare, car en ce dernier “semblent réunis, comme dans une trinité, les trois grands génies caractéristiques de notre scène: Corneille, Molière, Beaumarchais” (81). Cette trinité n’est d’ailleurs pas tout à fait adéquate pour comprendre la grandeur du poète anglais, puisqu’il faudrait y ajouter deux autres géants de l’histoire littéraire: Dante et Milton sont en quelque sorte les deux arc-boutons de l’édifice dont [Shakespeare] est le pilier central, les contreforts de la voûte dont il est la clef (78).
Comme la “clef” dont il s’agit représente, à bien des égards, la clef de la pensée de Victor Hugo elle-même, le présent essai a pour but premier de montrer que sa prédilection pour Shakespeare s’explique à travers les nombreuses affinités entre les deux hommes, surtout dans le domaine dramatique. Notre étude vise ensuite à suggérer que, grâce à son extraordinaire éloge du langage et de la philosophie de l’écrivain anglais, Hugo fait avancer plus généralement une cause sociale qui lui tient à cœur, celle de l’instruction publique. Dans la mesure où l’enseignement des langues vivantes occupe une place unique au sein de cette cause, nous nous proposons en dernier lieu de découvrir si Hugo ne préconise pas en particulier l’apprentissage de l’anglais, en faisant de Shakespeare un génie exemplaire.
"William Shakespeare" par Victor Hugo (1864), texte intégral
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