Voici la deuxième partie de cet article, écrit spécialement pour ce blog par l’historienne Danielle Bertrand. Pour les lecteurs qui ont raté la première partie, cliquez ici.
Il est temps d’en arriver à la « vraie » l’officielle Guerre de Cent ans dans tous les manuels d’histoire français.
Elle fut caractérisée par des désastres spectaculaires, des redressements inattendus, des crises intérieures qui compromirent souvent les victoires militaires de l’un ou l’autre camp.
On peut y distinguer plusieurs phases, après la « valse hésitation » d’une dizaine d’années qui conduisit à la reprise du conflit en 1337.
C’est à cette « valse hésitation » que je consacrerai la chronique d’aujourd’hui.
J’aborderai ensuite les trois phases de la guerre proprement dite, une première phase pendant laquelle la France, bien que subissant de graves revers, réussit à bien rétablir la situation (1337/1380), une seconde, marquée par les guerres civiles déchirant les deux pays, mais qui s’achève par le quasi écrasement de la France, et enfin le redressement de la France couronné par la victoire de Castillon en 1453, qui met un point final à ce conflit……que bien d’autres devaient suivre avant qu’on n’en arrive à « l’Entente Cordiale » !!!
Comment le conflit se ranima
Les relations franco-anglaises étaient depuis quelque temps apaisées. Le Roi de Franc Philippe IV Le Bel avait rendu la Guyenne à Henri III Roi d’Angleterre à condition que celui-ci se reconnaisse son vassal, et avait marié sa fille Isabelle à Edouard héritier de la couronne d’Angleterre.
Mais en 1328 tout fût remis en question. La couronne de France se retrouva sans héritier direct mâle, les filles ayant été écartées en invoquant une vieille loi des Francs Saliens selon laquelle les femmes ne pouvaient ni exercer ni transmettre le pouvoir royal.Comme il fallait bien un roi, les « notables et baronsassemblés » durent choisir entre trois candidats; Philippe de Valois, fils du frère cadet de Philippe Le Bel, Philippe d’Evreux, fils d’un frère plus jeune, et le jeune et « tout frais » Roi d’Angleterre, Edouard III, petit-fils de Philippe Le Bel par sa mère Isabelle…La combinaison du droit d’aînesse et de la fameuse» « loi salique », fit porter le choix sur le Valois, qui monta sur le trône sous le nom de Philippe VI. (Non , je n’ai pas sauté un numéro, je vous ai juste épargné PhilippeV Le Long qui pendant son court règne ne put faire à son épouse l’enfant qui, s’il eût été un mâle, nous aurait peut être épargné ce rebondissement du conflit …)
Edouard III fit hommage à Philippe VI, précisant même un peu plus tard qu’il s’agissait d’un hommage « lige » c’est à dire qui l’engageait à soutenir le Roi de France, en quelque sorte « suzerain prioritaire », si celui-ci entrait en guerre avec un autre suzerain d’Edouard.
Cette attitude de résignation s’explique fort bien par les difficultés du jeune souverain anglais.Son royaume semble alors moins riche, moins armé, plus isolé en Europe que la Royaume de France, et il a des difficultés avec les Ecossais. Par ailleurs il a eu du mal à exercer lui-même le pouvoir après l’abdication de son père Edourad II, ayant du pour cela se débarrasser par des moyens énergiques (l’exil pour l’une et l’exécution pour l’autre) de sa mère Isabelle et de l’amant de celle ci, Mortimer, qui se trouvaient fort bien d’exercer le pouvoir à sa place !
C’est finalement la France, qui se sentait puissante après avoir écrasé une révolte des Flamands contre le Comte Louis, jouissait d’un assez grand prestige en Europe et pensait utile de remettre l’Angleterre à sa place pour pouvoir prendre la tête d’une Croisade internationale en Orient qui relança le conflit.
En mai 1337, le Roi de France prononça la saisie du fief Aquitain (ou Guyenne)
Cette fois Edouard I, qui entre temps avait assis son pouvoir, ne s’inclina pas. Il envoya à son suzerain son « défi » ouvrant un conflit de type féodal, et, dans la foulée, revendiqua le trône de France pour lui-même. Qu’avaient donc les Anglais à faire de la loi salique ?
Ainsi les hostilités étaient à nouveau ouvertes… ..les deux rois savaient-ils qu’ils engageaient leurs pays dans un conflit si long, si coûteux et si lourd de conséquences pour les deux royaumes ?
A suivre…
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