Jonathan Goldberg, votre bloggeur (lui-même traducteur professionnel), pose des questions à Nathalie Nédélec-Courtès, traductrice littéraire indépendante, qui vit dans le Finistère (Bretagne). Elle traduit de l'espagnol et de l'anglais vers le français. Elle a une prédilection pour les romans jeunesse, policiers, historiques, le genre fantastique, la BD et les albums illustrés. Elle travaille pour des éditeurs francophones et est membre de l'ATLF (Association des Traducteurs Littéraires de France), ACETT (Sección Autónoma de Traductores de Libros) et the Society of Authors.
Après avoir travaillé plusieurs années comme traductrice technique, Nathalie a traduit son premier ouvrage littéraire en 2008. En dehors de son métier qui la passionne, elle passe le plus clair de son temps à s'occuper de sa famille. Elle aime — cela va sans dire — la lecture, et aussi la musique, la pâtisserie, le vélo, l'italien, le russe et bien d'autres choses encore qu'elle fera peut-être un jour quand elle aura du temps libre.
Voir CV de Nathalie ci-dessous.
Jonathan : Comment êtes-vous devenue traductrice littéraire ?
Nathalie : J’ai une Maîtrise de Lettres obtenue en Irlande grâce au programme européen Erasmus. Cependant, il existe des Masters de Traduction Littéraire ; je regrette de ne pas en avoir entendu parler lorsque j'étais étudiante. J'ai commencé par enseigner l'anglais et le français en Espagne pendant quelques années, puis je suis devenue traductrice technique dans une entreprise française. J'ai vite compris que ce n'était pas my cup of tea ! J'ai pris un congé parental de six ans pour élever mes quatre enfants, puis j'ai décidé de travailler à mon compte en portage salarial. Après quelques documents sans grand intérêt, j'ai eu la chance de décrocher un contrat pour un éditeur de BD. Suite à quoi j'ai décidé de tout faire pour « percer » en traduction littéraire.
Jonathan : Et comment êtes-vous parvenue à vous faire une petite place dans le monde très fermé de l'Édition ?
Nathalie :. Une éditrice m'ayant fait comprendre que la seule façon de travailler pour elle était de lui présenter un ouvrage inédit, j'ai cherché des titres étrangers qui n'avaient pas encore été traduits en français et qui pourraient l'intéresser. J'en ai découvert plusieurs, mais ils ne correspondaient pas à sa ligne éditoriale. Toutefois, certains d'entre eux ont été achetés par deux autres maisons d'édition qui m'en ont confié la traduction. Alors, je la remercie au passage. Sans elle, j'en serais encore probablement à la case départ. D'ailleurs, j'ai encore quelques romans étrangers inédits à proposer aux éditeurs francophones : cinq titres pour les enfants et les adolescents, ainsi que trois titres pour les adultes, tous passionnants et dans l'air du temps. Ils me tiennent vraiment à cœur et j'aimerais beaucoup les traduire.
Jonathan : Votre travail n'est-il pas très solitaire ?
Nathalie : En effet, je suis seule toute la journée devant mon ordinateur. Mon seul lien avec mes collègues se fait par Internet. Mais j'ai toujours aimé travailler devant l'écran et taper sur le clavier. L'avantage de ce métier réside surtout dans les horaires à la carte qui me permettent de gérer au mieux ma vie familiale. L'idéal, bien sûr, est d'avoir une activité extra-professionnelle pour établir des relations sociales. Actuellement, j'ai un projet de club anglo-hispanique pour les 6-11 ans, en bénévolat.
Jonathan : Pourquoi aimez-vous tant ce travail ?
Nathalie : J'aime lire, j'aime les langues et les cultures étrangères. Adolescente, je rêvais déjà de vivre à l'étranger, et j'ai pu concrétiser ce rêve : j'ai étudié et travaillé en Irlande, en Angleterre et en Espagne, et j'en garde un souvenir formidable. Mais si j'aime les langues étrangères, j'aime d'abord ma langue maternelle, rédiger en français, trouver le mot juste. En outre, ce métier me permet non seulement d'enrichir mes connaissances linguistiques, mais aussi de découvrir d'autres domaines, tels que l'Histoire, par exemple, lorsque je travaille sur un roman historique. C'est passionnant.
Jonathan : Arrivez-vous à en vivre ?
Nathalie : Jusqu’à présent, non, mais j'ai bon espoir, car les contrats sont de plus en plus nombreux. J'ai même déjà plusieurs titres prévus pour 2011 et 2012. Je suppose que si l'on est seule, sans autre source de revenus, ce doit être impossible de se lancer. En effet, si l'on touche parfois un pourcentage à la signature du contrat, nos revenus ne sont pas réguliers. Pour ma part, j'ai des promesses de contrats jusqu'en 2012, mais rien n'est encore signé. L'incertitude est sans aucun doute le point noir de ce métier. Pourtant, j'ai beaucoup de chance de faire le métier que j'aime. Je n'en voudrais pas d'autre.
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