Voici la quatrième partie de cet article, écrit spécialement pour ce blog par le professeur d’histoire Danielle Bertrand. Cliquez sur le lien pour voir les parties précédentes.
Préambule de l’auteur : Après cette longue trêve estivale, il est temps de reprendre les armes, en l’occurrence mon clavier ………..
À la fin de notre dernier chapitre, nous avions laissé l’Angleterre et la France en bien mauvais état, vers 1380, avec à leur tête des souverains très jeunes.Les deux royaumes connaissent une période troublée s’inscrivant dans la crise généralisée que vit l’Europe menacée par ailleurs par la poussée ottomane: crise religieuse avec un pape à Rome et un autre à Avignon, crise économique, crise financière et crise de civilisation.
Dans la France, où le jeune souverain Charles VI est soumis au “gouvernement des oncles “, plus soucieux de leurs intérêts que de ceux du royaume, le peuple accablé d’impôts se livre à de fréquentes révoltes durement réprimées. Peut-être pour oublier ces soucis, le roi et sa cour se lancent dans un tourbillon frénétique de bals et de banquets. À partir de 1392, le roi Charles VI est atteint d’une sorte de folie sporadique qui permet à son épouse Isabeau de s’emparer du pouvoir.
Cela ne met pas fin aux festivités qui finissent parfois tragiquement, tel le « Bal des Ardents », au cours duquel quelques seigneurs finirent rôtis dans la poix et les plumes.
La lutte entre Armagnac et Bourguignons déclenchée par l’assassinat du Duc d’Orléans (A) par Jean sans Peur (B) prend les allures d’une vraie guerre civile, opposant France du Nord (B) et France du Sud (A) avec pour enjeu la capitale où gronde la révolte des Cabochiens.
la révolte des Cabochiens
Armagnac et Bourguignons finissent par s’entendre pour rétablir le calme, mais ce n’est que provisoire. L’Angleterre a connu elle aussi des heures difficiles. Le jeune Richard II a étéconfronté à un soulèvement populaire causé par la “poll tax “ et à l’agitation religieuse des Lollards. Il esquisse une politique de rapprochement avec la France, négociant tantôt avec les Armagnac tantôt avec les Bourguignons, mais son cousin Henri de Lancastre qu’il avait exilé, débarque, rallie tous les mécontents, s’empare de Richard qui abdique et meurt d’inanition en prison.
Henri, devenu roi sous le nom d’Henri IV, et qui a ajouté à ses titres celui de Roi de France, affermit le pouvoir (campagne dans le Pays de galles et en Écosse, élimination des Lollards) qu’il transmet à son fils en 1413. Henri V est décidé à reprendre les ambitions sur la France, profitant des troubles intérieurs qu’elle connaît. En demandant la main de Catherine, fille de Charles VI (qui malgré sa folie avait réussi à faire à Isabeau une bonne douzaine d’enfants), il exige pour prix de sa renonciation à la couronne de France tout l’ancien “Empire Plantagenêt “(Guyenne, Normandie, Flandre et Bretagne).
Donc en juillet 1415 la guerre recommence. Débarqué sur les côtes normandes avec une bonne armée Heri V est, après quelques victoires lors de son avancée vers le Nord, en assez mauvaise posture.Mais sur le plateau d’Azincourt, les chevaliers français qui décidément ont la tête dure et s’obstinent à charger les archers anglais en s’empêtrant dans leurs armures, lui donnent l’occasion d’un véritable carnage (octobre 1415). Cependant Henri, qui a eu chaud, se rembarque à Calais.
En France, la guerre civile bat à nouveau son plein, ce qui permet à Henri de bien s’installer en Normandie. En effet les rapports entre le dauphin et sa mère Isabeau, soutenue par Jean sans Peur, sont si mauvais que le futur Charles VII a du se réfugier à Bourges où il s’est proclamé régent, en rival de sa mère. C’est là que Jean sans Peur est tué par un proche du Dauphin au cours d’une entrevue de réconciliation organisée par le pape. Le fils de Jean et Isabeau signent avec les anglais, au nom de Charles VI, toujours fou, le traité de Troyes, en mai 1420. Heni V épouse (enfin!) Catherine de France.
Le mariage d'Henri V et de Catherine de France
Le Dauphin est déclaré batard par sa propre mère, et Henri, nommé héritier de Charles VI, est chargé d’assurer le pouvoir à sa place. Pendant que Charles continue à faire la fête à l’Hôtel saint Pol, Henri s’installe au Louvre et lutte contre le Dauphin qui n’a pas reconnu le traité de Troyes. Mais Charles et Henri meurent en 1422, Henri V ayant quand même eu le temps de faire à Catherine un petit Henri qui se retrouve ainsi, malgré son jeune âge ................. Roi de France et Roi d’Angleterre .Une Angleterre où le Parlement renforce son pouvoir, et une Francecoupée en trois.
La France “bourguignonne”, au nord est, qui s’étend vers la Lorraine et la Hollande, s’enrichit et joue les arbitres entre les deux autres, prête à se rallier au plus offrant.
La France anglaise, qui fait figure de France légitime (Guyenne, Normandie et ses confins, Calais, Picardie, Champagne, Ile de France), dirigée par le Duc de Bedford assez habile pour séduire les “français reniés “, satisfait de la reprise des échanges commerciaux, mais où subsistent quelques “bons Français “ ou “dauphinois “.
La France de Bourges, au sud, plutôt bien administrée et riche. Mais il lui manque un chef. Selon les chroniqueurs, le dauphin est un maigrichon sans prestance, apathique et méfiant, doutant de sa légitimité et manquant de confiance en lui...Jusqu’en 1427, la guerre se limite à des actions militaires dispersées, sans grands résultats, et à de fort compliquées tractations diplomatiques. Le cours de l’histoire change en 1428 quand l’armée Anglaise met le siège devant Orléans ........
Commentaires