de la plume de Dussert*
* Notre critique invitée est une traductrice professionnelle, diplômée en littérature française, née en France, vivant en Angleterre depuis de longues années. Imprégnée des deux cultures, elle est adepte du grand écart linguistique.
Si les Britanniques et les Américains sont deux nations divisées par une langue commune, les Anglais et les Français le sont par un bras d’Océan Atlantique long de 560 km et dont la largeur va de 240 à 34 km : la Manche. Cet article relève les défis de tous genres qu’elle a jetés aux deux peuples depuis des millénaires et les liens ainsi créés.
Le 12 Mars de cette année, Christine Bleakley, présentatrice TV, faisait les titres pour avoir traversé la Manche à ski nautique, ajoutant son nom à la longue liste des chevaliers du risque qui, leur arme choisie, défient le détroit depuis des siècles.
Jamais la route maritime la plus fréquentée du monde avec chaque jour 500 bâtiments la naviguant dans tous les sens à toute heure du jour et de la nuit n’a cessé d’inviter les expéditions médiatisées comme les tentatives les plus hasardeuses.
À pied, à cheval ou en voiture
Nous abandonnerons au folklore les expéditions à caractère purement sportif, fantaisiste ou pittoresque, du ski nautique à la planche à voile en passant par le pédalo, le tricycle, les lits, les tonneaux et canots pneumatiques, les « podoscaphes » et autres « chaussures de mer » dont il est, pour certains, difficile d’établir l’authenticité ou le succès, pour nous arrêter aux moments qui font date dans l’histoire mouvementée du détroit.
"La dame au podoscaphe", de Courbet |
"Le petit inventeur", |
Les premiers hommes à atteindre les terres connues aujourd’hui sous le nom d’Îles Britanniques le firent tout simplement à pied, ce qui resta possible jusqu’à il ya entre six et huit mille ans, comme l’attestent les ossements humains et animaux retrouvés de temps à autre. Contrairement à ses nombreux successeurs, le premier (ou la première) à défier les eaux issues de la fonte des glaces du Pléistocène n’est pas resté dans les mémoires, mais une embarcation capable de transporter passagers et cargaison découverte en 1995 fait remonter à 1550 av. J.C. les premières expéditions dont on ait la trace.
Ce bras de mer se réduisait-il alors à 34 kms minimum comme aujourd’hui ? L’histoire ne le dit pas, pas plus qu’elle ne nous informe des dangers que cette traversée présentait alors. Ce qu’elle confirme, c’est que l’ingéniosité humaine s’y mesure depuis la nuit des temps.
…de bruit et de fureur
Jules César ne savait guère ce qu’il trouverait de l’autre côté du détroit quand il y lança en 55 av. J.C. 80 nefs avec à bord deux légions et une cargaison de vivres et de matériel. En 1066, Guillaume le Conquérant, avec des idées bien précises remplit pleinement son contrat, le dernier chef de guerre à réussir une invasion de la Grande Bretagne. Mais on se regarderait encore longtemps en chien de Fayence de part et d’autre du canal – non sans inspirer les esprits innovants et les âmes intrépides.
L’Américain Fulton vit dans les guerres napoléoniennes une occasion rêvée de développer des inventions alors en gestation. C’est ainsi qu’il maintint sous l’eau pendant une heure l’embryon de sous-marin qu’il développa pour Napoléon tandis qu’avec une belle impartialité, il faisait exploser de l’autre côté de la Manche les premières torpilles.
C’est aussi à l’épopée napoléonienne qu’on doit la première traversée à la nage ‘homologuée’ : par Jean-Marie Salati, grognard de la grande armée qui, ayant peu de goût pour les « pontons anglais » de sinistre mémoire, leur tira sa révérence par un soir de tempête en 1817 et nagea de Douvres à Boulogne le corps enduit de suif.
Douvre |
Boulogne |
La Deuxième guerre mondiale, de la flottille hétéroclite de Dunkerque au déferlement sur les plages Normandes, clôt la série sur un florilège de premières – tragiques pour beaucoup.
On ne se raconta pas moins en France, pour se consoler de la défaite de 1940, une ‘petite histoire’ qui analysait à sa façon la problématique de l’invasion :
Massées dans le Nord la Wehrmacht piétine avant de prendre place dans les péniches pour Douvres et Folkestone. Devant son infériorité navale, Hitler a une idée de génie : qu’on assèche le détroit !
Alignées sur toute la côte les troupes allemandes se mettent en devoir d’écoper sur l’ordre de
- 1, 2, 3, Puisez !
Les jours passent sans qu’aucun résultat n’y paraisse. On s’obstine – jusqu’au jour où un vent favorable rapporte à l’état-major les ordres donnés sur l’autre rive :
- 1, 2, 3, Pissez !
Nécessité fait loi…
Progrès technique, endurance et expérimentation
Nécessité, trêve de plaisanterie, est mère d’invention – la liaison entre les deux pays s’établit à coup de prouesses techniques et d’exploits où l’audace le dispute à l’ingénuité et la persévérance.
En 1785, deux ans après les premières expériences des frères Montgolfier, le Français Blanchard et son ami et mécène américain Jeffries survolent la Manche atteignant de justesse la côte Française – et pas avant d’avoir largué tout ce qu’il y avait à bord, y compris leur vêtements ! Quand Yost et Piccard reprendront, pour ainsi dire, le flambeau en 1963, ce sera pour ressusciter la pratique de la montgolfière.
Le premier bateau à vapeur à relier les deux côtes en 1818 fut l’Élise, dont l’équipage rallia la côte française en dix-sept heures, mené l’arme au poing par le capitaine Andriel. Mais à partir de 1820, le Rob Roy y assurait un service régulier. À cette date les bateaux à vapeur –au développement desquels avait en son temps contribué Fulton – n’étaient plus une nouveauté. Le premier car ferry sera mis en service en 1928 mais il faudra attendre 1959 pour que Peter Lamb traverse la Manche à bord d’un hovercraft – dont la mise en service régulier entre Douvres et Calais ne commencera qu’en 1966
En 1903, Samuel Franklin Cody, un Américain naturalisé britannique, avait lancé à travers le détroit un bateau tiré par un cerf-volant aux premiers balbutiements de l’aviation. Les machines qu’il ferait voler par la suite devraient encore beaucoup au cerf-volant et il n’est pas exclu que ce soit là la raison pour laquelle le terme argotique de kite correspond, pour le personnel de la RAF, à un avion.
Il reste que son rival pour la conquête des airs Louis Blériot, le premier en 1909 à survoler, entre Calais et Douvres, une importante étendue d’eau, pilotait lui un monoplan, le premier de ce type à rivaliser avec les biplans alors en usage. Et qu’en 1928, faisant la route en sens inverse à bord d’un autogire, hybride d’avion et d’hélicoptère, Juan de la Ciera jetait les bases de sa collaboration avec l’industrie et l’armée britanniques pour le développement d’appareils d’observation et de reconnaissance d’un nouveau type.
En 1979, c’est à la force du jarret qu’un Américain, encore un, survolera la Manche à bord de son vélo avion – ou, comme dira plus joliment Julos Beaucarne, ‘vélo volant’ et qui lui fera écrire :
Le mardi 12 juin 1979
un homme a traversé la Manche
à bord d’un vélo volant, transformant
du même coup l’espace en vaste voie
cyclable, en vélodrome sans limite.
Cette traversée c’est l’homme
qui reprend son sceptre
après avoir été longtemps l’esclave de la
technique qu’il a lui-même inventée.
Technique qui n’en continue pas moins de tenir son rang dans beaucoup d’entreprises de plus en plus sensibles aux exigences écologiques, dont la SB Collinda (1997) actionnée par ses cellules photovoltaïques, et l’hydroptère d’Alain Thébault qui traversa la Manche de Douvres à Calais en 34 mn 24s, plus vite que Blériot en avion.
Plus près de Julos, citons encore pêle-mêle, la chute libre de Felix Baumgartner en 2003 et tout récemment en mai 2010 le vol de Jonathan Trappe, porté par une grappe de ballons gonflés à l’hélium.
http://en.beta.rian.ru/video/20100528/
Quelle que soit leur branche, leur origine ou leur époque, on retrouve chez tous ces pionniers, en dosages variés, l’ingéniosité, l’opiniâtreté, le cran, et la passion du concepteur. Yves Rossy, l’homme oiseau suisse, en résume assez bien le profil : sportif accompli, cet ancien pilote de chasse hautement qualifié en mécanique consacrera plusieurs années au développement d’une aile, d’abord gonflable.
Maintes fois remaniée, calibrée pour la flexibilité et la fiabilité au cours d’expériences et de tests parfois aléatoires et finalement dotée de quatre réacteurs, elle le verra en 2008, rejoindre Douvres en 13 minutes. Yves Jetman Rossy, l’homme oiseau suisse se soumet à un entraînement exigeant pour évoluer dans les airs à 200 km/h et poursuivre ses ambitions.
Entre temps (entre 1965 et 2007), plusieurs voitures amphibies, avaient relié les deux côtes mais la boucle ne fut vraiment bouclée que quand en 1994 Daley Thompson et ses compagnons refirent en sens inverse le chemin pris par nos ancêtres du néolithique, en retournant sur le continent à pied sec … par le tunnel sous la Manche. Dans cette dernière entreprise, les miracles de l’ingénierie le cèdent en importance au bouleversement géographique qui met le cœur de Londres à moins de deux heures et demie du centre de deux capitales européennes. Il rapproche, non sans soulever une vague d’émotions complexes, des peuples dont ces 34 kilomètres de mer avaient de longue date fixé les mentalités, une vraie révolution.
Jonathan Trappe, auteur de la dernière équipée en date a décrit la Manche comme « un ruban d’eau emblématique qui vous interpelle ». Elle restera le théâtre de choix d’exploits sportifs et techniques, de mise à l’épreuve – dans toutes les acceptions du terme. Ses peuples voisins en savent quelque chose, qui se souviennent des heures dramatiques – et épiques du siècle dernier.
Les mutations résultant du défi permanent qu’elle représente ne sont pas moins exigeantes. S’il a fallu de l’ambition, du courage et de la ténacité pour établir des liens solides entre ces voisins, il ne faudra pas moins de solidarité et de bonne volonté pour les entretenir.
mise au jour, 28 novembre 2011 -
The Guardian : Man with jetpack races Jet Plane
En tant qu'amateur passionné de sports nautiques, j'ai eu la chance de vivre une expérience incroyable en pratiquant le jet ski à Cannes. Les paysages côtiers spectaculaires, les eaux turquoise étincelantes et la brise marine rafraîchissante ont créé une aventure inoubliable. Chaque fois que j'accélérais, l'excitation montait en moi, et chaque virage m'a procuré une poussée d'adrénaline pure. La sensation de glisser sur les vagues avec une vue imprenable sur la côte cannoise était tout simplement magique. Le jet ski à Cannes est bien plus qu'une simple activité, c'est une véritable expérience immersive dans un paradis aquatique. Que vous soyez débutant ou expert en jet ski, vous serez émerveillé par la beauté des environs et la pure joie de naviguer sur les eaux libres. Venez découvrir l'aventure sans limite du jet ski à Cannes, et laissez-vous emporter par cette expérience inoubliable !"
Rédigé par : Paul | 28/06/2023 à 07:56