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Jonathan Goldberg, votre bloggeur (lui-même traducteur professionnel français-anglais), pose des questions à Christine Lemor-Drake, choisie comme traductrice du mois d’avril 2011 par ce blog. Christine est née en France et travaille à San Francisco comme traductrice et interprète à son compte depuis 2003. Elle était ergothérapeute à Paris et elle y a étudié des langues jusqu’à son départ aux Etats-Unis. Elle a beaucoup interprété et traduit pour divers groupes et associations avant de se décider à étudier dans ces domaines et d’en faire sa nouvelle carrière. Elle aime faire la liaison entre la France et la région de San Francisco. Elle est active dans de nombreuses associations de la Baie et est membre de plusieurs associations en France. Vous pouvez la contacter à Christine@appletopomme.com ou en apprendre plus à www.appletopomme.com.
Jonathan : Vous êtes née en France. Où et quand avez-vous appris l’anglais ?
J’ai vécu en France jusqu'à mes trente ans, à part pour l’année de mes deux ans, où j’étais à Cincinnati. Ensuite, j’ai étudié l’anglais en première langue vivante au collège et au lycée. Un peu plus tard, pendant quelques années, je me suis retrouvée directrice d’un programme d’immersion en Grande-Bretagne, pendant les vacances de Pâques et les grandes vacances. En 1986, lors d’un voyage en solitaire en Amérique du Nord, j’ai rencontré un jeune américain au Canada, avec qui j’ai décidé de m’installer à San Francisco pour y fonder une famille en 1990.
Jonathan : Comment êtes-vous arrivée à la traduction et l’interprétation?
J’ai étudié l’anglais et le latin en collège et lycée, et plus tard le russe et le japonais à l’INALCO à Paris et j’ai adoré la version à partir de toutes les langues. En tant qu’ergothérapeute, je me suis vite spécialisée dans l’adaptation des nouvelles technologies pour les enfants handicapés et je devais traduire la plupart des manuels d’installation. J’étais aussi devenue l’interprète pour les patients, leurs familles et les visiteurs non-francophones. Après 10 ans aux Etats-Unis, je me suis rendue compte que je perdais mon vocabulaire français et mes enfants allant à l’école, je cherchais une nouvelle carrière.
En 2003, j’ai obtenu le tout nouveau certificat de traduction aux cours du soir de l’Université de Berkeley et je me suis installée comme traductrice. Petit à petit, de bouche à oreille, je me suis constitué une clientèle. J’en suis au stade où je pourrais embaucher pour m’aider, mais je préfère refuser du travail et garder mon indépendance.
Jonathan : Préférez-vous traduire ou interpréter ?
J’aime bien faire les deux mais pour des raisons différentes. Dans l’interprétation, telle que je la pratique, l’accent est mis sur les relations humaines, alors que quand je traduis, je m’immerge complètement dans les livres, dictionnaires et pages du net avec un nouveau thème à chaque fois.
Jonathan : Quelles sont vos spécialisations ?
En traduction, je suis agréée par le Consulat général de France à San Francisco et je suis amenée à traduire des actes d’état civil et de documents pour l’immigration. Je traduis et relis dans les domaines de l’art et des humanités et je reçois de nombreuses demandes pour des documents personnels.
Pour l’interprétation, professionnellement, je ne fais que de l’interprétation communautaire et je suis souvent amenée ponctuellement à interpréter dans le cadre des groupes dont je suis membre, en réunions ou à des événements.
Jonathan : Avez-vous suffisamment de travail d’interprétation à San Francisco ou devez-vous voyager ?
Par choix, je n’accepte que des interprétations dans la Baie de San Francisco.
Jonathan : Quels sont vos clients ?
Je travaille essentiellement avec des clients directs. Je n’ai recours à des agences que pour les voiceovers.
Jonathan : Vous êtes active dans le groupe TransMUG de l’Association des traducteurs de Californie du Nord NCTA. Comment ce groupe a-t-il commencé ? Que fait-il ?
TransMUG signifie Groupe de traducteurs utilisateurs de macintosh. C’est un groupe Google de 103 membres actuellement, répartis dans le monde entier.
A la fin de mes études de traduction, on m’a dit que je devrais renoncer à l’usage du Macintosh pour pouvoir exercer ma nouvelle profession par manque de logiciels professionnels sur cette plateforme. Wordfast était le seul outil pour le Mac. Depuis 1984, travaillant sur l’adaptation des technologies nouvelles à l’usage des personnes handicapées, je n’avais plus touché à un autre ordinateur. J’ai donc décidé d’agir plutôt que de subir, et lors d’une discussion à la cafétéria au MacWorld 2003 avec deux collègues traducteurs, nous avons décidé de créer un groupe d’utilisateurs Macintosh pour être sûrs de ne pas avoir à se convertir au jargon de Windows. Deux des premiers membres actifs du début travaillent maintenant pour Apple. Yves Averous a créé et maintient le groupe Google. Quelques années plus tard, Il a également démarré et maintient le blog. Nous avons des réunions informelles environ quatre fois par an et nous nous retrouvons pour déjeuner à Macworld. Nous étions bénévoles au MacWorld quand Apple s’occupait lui-même de l’organisation.
Jonathan : Est-ce que vous rencontrez souvent des collègues ?
Oui. J’essaie d’aller à toutes les réunions trimestrielles de NCTA et je suis membre de plusieurs associations françaises où j’en rencontre. Je passe du travail aux collègues puisque je ne travaille pas dans beaucoup de domaines. Je rencontre également régulièrement des personnes qui pensent s’orienter dans cette profession. Je les aide à évaluer si c’est une bonne idée pour eux.
Jonathan : Trouvez-vous instructif de participer sur internet à des forums de traduction, tels que celui de NCTA ou de Yahoo (dont nous sommes tous les deux membres) ? Lisez-vous des blogs linguistiques ?
Je reçois les digests email de la liste NCTA et je réponds quand j’ai le temps d’y réfléchir et que je pense connaître une bonne réponse. Je pose parfois mes questions sur les listes de NCTA, de Entre nous et de Yahoo. Je fais suivre des offres de travail sur les trois listes. Je ne lis pas souvent des blogs et utilise très rarement les sites spécialisés.
Jonathan : Quels sont vos plans pour l’avenir ?
J’envisage de travailler comme traductrice et interprète tant que j’aurai des demandes, que j’y prendrai plaisir et que je pourrai travailler sans avoir besoin de recourir à l’aide d’une mémoire de traduction. Il se peut que je fasse une formation d’interprétation en milieu médical, dans quatre ans.
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