de la plume de Danielle Bertrand,
Gagnières (Gard)
Quand Jonathan m'a proposé de lire « Sexus Politicus » (à propos de l'affaire DSK), j'avoue ne pas avoir été emballée ! Je suis professeur d'histoire et je n'ai jamais été très attirée par ce que j'appelle la petite histoire ....et déjà quand j'étais lycéenne je n'avais pas eu envie de lire les « Chroniques de l'œil de bœuf » d'un certain Touchard Lafosse, racontant ce qui se passait dans les « petits appartements » du temps de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, ouvrage que certains garçons de ma classe se passaient "sous le manteau" et dont ils parlaient avec .... gourmandise, une gourmandise d'adolescents boutonneux ! Le terme même d'« œil de bœuf » me paraissait d'emblée évoquer un voyeurisme que je trouvais d'assez mauvais goût.
J'en ai quand même commencé la lecture, et les frasques et galipettes de nos présidents successifs ne m'ont pas passionnée .Je les connaissais pour la plupart puisque la presse ne s'était jamais privée d'en parler. Mais je ne trouvais pas les personnages plus intéressants pour autant ! Après tout, l'essentiel n'était-il pas la façon dont ils avaient gouverné le pays? Je me disais qu'il valait peut-être mieux un président « porté sur la bagatelle », mais compétent et honnête, qu'un imbécile vertueux?
La suite du livre m'a apporté d'autres éléments, dont pour le moment je ne retiendrai qu'un seul, sur lequel « l'affaire » m'amène à réfléchir.
Les auteurs soulignent l'indulgence des français pour les entorses que font à la « morale de braves gens » les hommes (hé oui, il s'agit presque toujours d'eux !) qui nous gouvernent .Il semble même que nous soyons presque fiers de la virilité, de la puissance sexuelle de nos hommes politiques.
Ce que j'entends depuis ce matin à la radio ou à la télévision m'incite à penser qu'il y a du vrai là dedans .....Il n'est question que de la probable "innocence" de DSK .Donc, s'il est prouvé (?) qu'il n'a pas usé de violence pour avoir avec la « victime présumée » une relation sexuelle dont on ne semble pas douter, le voilà absous... et personne (son épouse en premier lieu....mais c'est leur affaire !) ne semble se formaliser qu'un homme marié se conduise de cette façon.
Bien sûr, personnellement cela ne me dérange pas, mais j'aurais peut être du mal à accorder ma confiance à un homme qui ne sait pas mieux que cela résister à ses pulsions, et a tendance à « sauter sur tout ce qui bouge », même dans le cas où il y aurait eu provocation .En tout cas, si je peux reconnaître la compétence du politicien, je n'ai guère d'estime pour l'homme .Sans le considérer comme « Le perv » ou le « cochon » dont en a fait une certaine presse américaine, je ne suis pas particulièrement fière qu'il soit, comme on dit gentiment chez nous un « chaud lapin ».
Dans un prochain billet je présenterai plus systématiquement la réflexion des auteurs du livre sur les liens entre le sexe et la politique .J'avais juste envie de faire un parallèle entre ce qui est affirmé dans l'ouvrage et ce qu'il me semble comprendre au vu des commentaires des médias et des personnes interrogées dans la rue. Oui, je dois l'admettre la plupart des français non seulement considèrent (et je suis d'accord avec eux) que la vie privée des hommes politiques leur appartient, mais de façon assez contradictoire, se régalent de leurs exploits !
La vie privee des hommes politiques ne leur appartient que dans la mesure ou leurs actions ne sont pas, en realite, du harcelement sexuel pur et simple.
La presse francaise ne parle de la vie privee des hommes politiques que rarement, a mots couverts (voir Mitterrand et sa "deuxieme famille") ou alors une fois qu'ils sont morts.
Tant que les femmes ne comprendromt pas que se pamer devant la "virilite" des hommes politiques enterine et cautionne une societe machiste qui se cache sous l'etiquette de "galanterie", il n'y a aucun avenir pour les droits de la femme en France.
Le dernier livre d'Elisabeth Badinter (Le conflit, la mere) a montre du doigt le probleme et l'affaire DSK confirme cela. Meme s'il est "innocent de viol" (ca reste a prouver), il n'en demeure pas moins qu'il s'agit encore et toujours d'un homme ayant du pouvoir et de l'argent qui profite d'une femme. Cela m'etonnerait fort que sa remplacante a la tete du FMI fasse pareil.
Rédigé par : Sarah Diligenti | 21/07/2011 à 16:49
Tout à fait d'accord avec ce commentaire !Je ne confonds pas le donjuanisme avec la galanterie, et je crois que nous avons encore beaucoup de chemin à faire , et avant tout à cesser de fournir les bâtons pour nous faire battre en hésitant trop souvent nous mêmes à accorder nos suffrages aux femmes ,et à préférer confier le pouvoir à des hommes qui en font souvent un bien mauvais usage .
Rédigé par : Danielle Bertrand | 08/08/2011 à 13:54