Le Peuple de l’État de New York
contre
Dominique Strauss-Khan
Dossier No. 2011 NY 035773
Un article de Joëlle Bailard, J.D., Ph.D.
Maitre Bailard est avocate et exerce à Los Angeles depuis 1996
- Deuxième partie
Vous pouvez lire la première partie de cet article publiée sur notre blog le 4 juin dernier en cliquand sur ce lien
Dominique Strauss-Kahn à la sortie du tribunal (crédits AFP) 23 août 2011
LES FAITS
Le 16 mai 2011, DSK, ancien ministre français, directeur du Fonds monétaire international, et candidat probable du Parti socialiste et ancien favori pour l’élection présidentielle française en 2012, 62 ans, soupçonné de crimes sexuels contre une femme de ménage à l’Hôtel Sofitel de Manhattan, Nafissatou Diallo, 32 ans, et arrêté le 14 mai à bord de l’avion d’Air France qui allait décoller pour Paris, arrivait, après avoir passé la nuit sous les verrous à la prison de New York à Rikers Island, à la Cour pénale de Manhattan, pour sa première comparution, les menottes aux poignets.
……
Le 6 juin, DSK comparaît devant le Juge Michael Kobus. Il plaide non coupable aux sept chefs d’accusation retenus contre lui. Il est placé en liberté surveillée, sous caution, avec interdiction de se déplacer hors de son domicile sauf pour quelques raisons bien spécifiées et de quitter le territoire américain.
Généralement, l’identité d’une victime de crime sexuel est gardée confidentielle par les tribunaux et par les médias. Cependant, ici, l’identité de la victime alléguée fait surface relativement tôt.
En juin 2011, les médias sont informés que Madame Diallo retient les services d’un avocat, Kenneth Thompson. Dans une telle affaire en pénal, la fonction de l’avocat de la victime alléguée serait normalement d’assister cette personne, dont il est dit qu’elle est illettrée, en lui servant de porte-parole Diallo auprès du bureau du procureur.
Maître Thompson, cependant, commence en plus à présenter sa cliente aux médias.
En juin, également, on apprend que la version officielle des faits du 14 mai aurait changé. Selon la deuxième version officielle, après avoir été agressée par DSK, Madame Diallo serait retournée sur les lieux du crime allégué : elle serait retournée dans la suite.
Dès le mois de juin, le procureur de l’État de New York, bureau de Manhattan, Cyrus Vance, laisse entendre qu’il aurait quelques doutes sur la crédibilité de Madame Diallo.
En particulier, dès juin 2011, il est suggéré que Madame Diallo aurait eu, dès le 15 mai 2011, le lendemain de l’agression présumée, un entretien avec un ami à elle incarcéré pour trafic de drogues et que pendant cette conversation elle avait parlé à son ami du fait que DSK est riche et que cette affaire contre lui pourrait être intéressante pour elle financièrement. Cet entretien du 15 mai aurait été enregistré par les forces de l’ordre.
Certaines rumeurs suggèrent aussi que le bureau du procureur aurait appris que les comptes bancaires de Madame Diallo montraient des sommes inexpliquées, ne cadrant pas avec l’emploi modeste de la victime alléguée.
Le jeudi 30 juin 2011, les USA apprennent que le bureau du procureur et les avocats de DSK ont demandé et obtenu ensemble une audience d’urgence auprès du juge Michael Obus pour le 1er juillet 2011.
Le 1er juillet 2011, suite à cette demande du procureur et de ses propres avocats, DSK se présente à nouveau devant le juge Obus. A l’issue de l’audience, on apprend que, sur la demande des avocats des deux parties, le juge a remis DSK en liberté, ordonné que lui soit restituée la caution qui avait été une des conditions en mai pour sa remise en liberté surveillée, et que, sans lui rendre son passeport, il a autorisé DSK à se déplacer à l’intérieur des USA.
Le juge ajoute que l’affaire se poursuit et que la prochaine audience est confirmée pour le 18 juillet 2011.
En juillet 2011, on apprend aussi que le bureau du procureur aurait obtenu de Madame Diallo des explications contredisant les explications qu’elle avait données sous serment, en 2004, à l’appui de sa demande d’asile aux USA en sa qualité de victime de violence contre les femmes dans son pays natal : en deuxième version, elle aurait été victime de crimes sexuels en Guinée, mais pas de viol par un gang comme elle l’avait allégué dans sa demande d’asile. En clair : Madame Diallo aurait déjà menti sous serment pour obtenir de pouvoir séjourner aux USA et au sujet d’allégations d’agression sexuelle.
En juillet 2011, le procureur Vance laisse savoir finalement que son témoin à charge avait menti sous serment plusieurs fois en décrivant ce qu’elle avait fait au Sofitel après l’agression présumée.
Le 24 juillet 2011, Madame Diallo accorde à l’hebdomadaire Newsweek une interview exclusive. Cette entrevue exclusive est suivie dans la foulée par une interview exclusive accordée à ABC TV.
Le 8 août 2011, les avocats de Madame Diallo informent les medias que leur cliente a engagé une action civile, pour obtenir de DSK des dommages et intérêts.
La semaine suivante, on apprend également par les journaux « de sources bien informées » que le bureau du procureur désirerait de Madame Diallo et de ses avocats quelques détails supplémentaires sur des discussions et une réunion secrète qui auraient eu lieu fin juin entre l’équipe d’avocats de la victime présumée et l’équipe de défense de l’accusé et qui auraient été organisées pour Madame Diallo dans le but d’obtenir pour elle un règlement financier amiable de DSK.
Le 19 août 2011, Maître Kenneth Thompson informe les médias que sa cliente a été convoquée par le procureur pour lundi 22 août à 15 heures. L’avocat de Madame Diallo ajoute qu’il voit cette convocation comme étant un prélude à ce que le bureau du procureur dépose auprès du juge une motion de recommandation de rejet des charges retenues contre DSK.
Le lundi 22 août, le procureur Cyrus Vance confirme avoir demandé au juge l’abandon des poursuites pénales.
Ce mardi 23 août, à Manhattan, le juge Obus annonce que, suite à la motion du procureur de l’État de New York, l’affaire criminelle contre DSK est maintenant classée.
La suite de cet article sera publiée sous peu.
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