Les îles – quelques aspects géographiques, historiques et linguistiques
Ces derniers temps, j'ai signé des articles sur l'île de Sainte-Hélène, au milieu de l'océan Atlantique, de Robben Island, au large du Cap de Bonne Espérance, et d'Alcatraz, dans la baie de San Francisco. Cette fois, notre voyage va commencer dans une île, l'Irlande (l'Irlande du Nord et la République d'Irlande ou Eire).
Après avoir traversé l'océan, notre périple nous mène dans l'île d'Ellis, en face de New York, ainsi que dans l'îlot voisin où trône la Statue de la Liberté. L'Irlande et l'île d'Ellis se rejoignent dans l'histoire d'une fillette de 15 ans, Annie Moore, qui quitta l'Irlande avec ses parents, en quête d'une vie nouvelle aux Etats-Unis, et qui séjourna à Ellis le 1er janvier 1892. À cette époque, l'île était le principal centre d'accueil des masses d'immigrants qui, venant de toute l'Europe, allaient affluer en Amérique aux 19e et 20e siècles – rôle qu'elle cessa de jouer en 1943. Pendant toutes ces années, dix-sept millions d'immigrants, dont quatre millions d'Irlandais, ont franchi les portes du centre.
Ellis Island, New York, où se trouve aujourd'hui le Musée de l'Immigration
Musée de l'Immigration – Ellis Island, New York
Annie Moore et ses deux frères
Le vidéo-clip qui suit est une chanson, « Isle of Hope, Isle of Tears », dédiée à Annie Moore qui, comme tant d'immigrants accueillis à Ellis Island, était pleine d'espoir d'une vie meilleure, mais aussi de nostalgie de son pays natal. (Lorsqu'elle s'appelait encore Gibbet Island, l'île était l'endroit où les Britanniques menaient les pirates qui n'avaient pas l'espoir d'en sortir puisqu'ils y étaient pendus. Par la suite, l'île fut rachetée par Samuel Ellis qui l'utilisa pour des pique-niques.)
Voici les paroles de la chanson:
On the first day of January
Eighteen Ninety Two
They opened Ellis Island
And they let the people through;
And the first to cross the threshold
Of the isle of hope and tears
Was Annie Moore from Ireland
Who was all of fifteen years.Isle of hope, isle of tears
Isle of freedom, isle of fears
But it’s not the isle
You left behindThat isle of hunger, isle of pain
Isle you'll never see again
But the isle of hope
Is always on your mind.In her little bag she carried
All her past and history
And her dreams for the future
In the land of liberty
And courage is the passport
When your old world disappears
But there’s no future in the past
When you’re all of fifteen yearsWhen they closed down Ellis Island
In nineteen forty three
Seventeen million people
Had come there for sanctuaryAnd in springtime when I came here
And stepped onto its piers
I thought of how it must have been
When you’re only fifteen yearsChorus
The isle of home
Is always on your mind
Sur un îlot tout proche d'Ellis Island, se trouve la Statue de la Liberté, offerte par le gouvernement français au peuple américain en 1886.
Statue de la Liberté, New York
L'idée d'un présent scellant l'amitié franco-américaine et marquant le centenaire de l'indépendance du pays est due à l'historien et homme politique Édouard de Laboulaye, auteur de Paris en Amérique et des Contes Bleus. (Wikipédia)
La base de la statue porte une plaque de bronze sur laquelle est gravée, la fin du poème de la poétesse américaine Emma Lazarus, intitulé « le nouveau colosse » (The New Colossus). Cette plaque de bronze a été ajoutée en 1903. Voici les derniers vers du poème, tels qu'ils figurent sur le socle :
Give me your tired, your poor, |
Donne-moi tes pauvres, tes exténués |
Cette inscription symbolise le rôle des États-Unis, terre d'accueil des immigrants. (Notons que les immigrants arrivant à Ellis Island n'avaient pas besoin de documents d'immigration. Mais, on les soumettait à des visites médicales pour évaluer leur état de santé. Les condamnés, les fous, les épileptiques, les polygames, les mendiants professionnels et ceux d'autres catégories étaient refoulés vers leurs pays d'origine.)
Note linguistique (Jean Leclercq):
Les mots anglais “island” et “isle” ont la même signification. Selon l'Online Etymology Dictionary, “isle” est entré dans la langue anglaise au 13e siècle, par l'intermédiaire du vieux français isle, lui-même dérivé du latin insula, signifiant “île”, peut-être la forme féminine de l'adjectif en-salos, signifiant “dans la mer”, de salum, “mer”. C'est un terme plus littéraire, utilisé dans la toponymie: Isle of Man, Isle of Wight. Remarquons qu'en français la vieille graphie isle a survécu dans des patronymes (Rouget de Lisle, Leconte de Lisle) et des toponymes (L'Isle-Adam, L'Isle-Jourdain, L'Isle-en-Dodon).
Le mot anglais « island » est entré dans la langue anglaise par un cheminement plus complexe.
Le mot anglais « islet », désigne un îlot. Il est entré dans la langue anglaise vers 1530, en provenance du français « islette ».
L'adjectif « insular » (insulaire, en français, dans son sens littéral, géographique), est couramment employé en anglais dans un sens métaphorique que l'on pourrait, dans ce cas, rendre en français par étriqué(e).
Enfin, en anglais, “insular” n'est pas employé comme substantif, de la façon dont les Français emploient insulaire, dans le sens d'îlien, d'habitant d'une île. L'équivalent anglais serait le mot “islander”.
Livres
American Passage: |
Les portes de l’espoir: Ellis Island, |
Jonathan Goldberg
Sources:
Statue of Liberty – Wikipedia (English)
Statue de la Liberté – Wikipédia (français)
Ellis Island – Wikipedia (English)
Ellis Island – Wikipédia (français)
Ellis Island Immigration Museum
Ellis Island: New York (français)
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