Fred Vargas
livre de Fred Vargas - An Uncertain Place traduit en anglais par Sian Reynolds
Nous avons récemment publié sur ce blog une critique sur la traduction de Professeur Siân Reynolds du livre susmentionné, une critique que Nicole Dufresne, Senior Lecturer Emeritus (ancienne professeure), Département de français et des études francophones, à la université de Californie, Los Angeles, a bien voulu rédiger pour notre blog.
Prof. Nicole Dufresne Prof. Siân Reynolds
Ceux parmi nos lecteurs qui ne sont pas parvenu à lire la critique peuvent le faire à ce lien.
Nous avons également invité la traductrice, elle-même académicienne (prof a L’école de langues, cultures et religions à The University of Stirling, en Écosse) de répondre à la critique. Voici sa réponse, largement positive.
Reponse de Siân Reynolds à Nicole Dufresne :
First of all, it’s very rewarding to have such close attention paid to a translation. Most reviewers don’t read French, and even if they do, are unlikely to compare the translation with the French original. And Professor Dufresne has been both kindly and critical, which gives us plenty to talk about. Perhaps I could just make a couple of general points inspired by her essay, before looking briefly at some particular points she raised.
Title and publishers. As she says, this Vargas novel is the only one to have an English title translated literally from the French. Translators do not generally, in my experience, get to have the last word on titles - that is usually seized by the marketing department. Oddly enough, I suggested a slightly different title for An uncertain place, because inside the novel, I have translated the place in question as ‘the place of uncertainty’: in context, ‘an uncertain place’ didn’t work. (I can’t say more, not to spoil the plot). The marketing department preferred the direct translation and I can live with that. There is sometimes a tug of war. One Vargas novel is now entitled This Night’s Foul Work (taken from a line of verse in the text, in extremis). I’m not wild about the final title, but my editor and I, with Fred’s support, had to fight off the title The Third Virgin,which none of us liked.
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After reading the entire article, please return here to read Professor Dufresne's response:
Merci à Siân Reynolds d’avoir pris le temps de répondre à mon commentaire. J’ai beaucoup apprécié ses précisions sur les complexités de rédaction et de publication d’un texte traduit. Les difficultés que doit poser la traduction d’un roman de Fred Vargas me semblent quasiment insurmontables et j’ai la plus grande estime pour le travail de Siân.
Pour reprendre quelques détails : en ce qui concerne les jurons, il me semble que le lecteur de polars s’attend à des termes assez verts et que le français et l’anglais contiennent chacun des correspondances truculentes, car dans le cas de l’argot, on ne peut être littéral. Néanmoins, s’agissant de la traduction de « bol de café » par « bowl of coffee », je me permettrais de maintenir la discussion. Nous sommes d’accord qu’en français, on peut dire bol de café pour signifier la grande tasse sans anses du petit-déjeuner où l’on va tremper ses tartines. En anglais (en tout cas en anglais américain), il est courant de dire « bowl of soup », « bowl of chili », même « bowl of ice cream », mais pour le café « bowl » n’est pas coutumier, on dit « cup » (large or small), ou « mug ». Les amateurs de latte ne le boivent pas dans un « bowl »! D’ailleurs, dans les « coffee shops », on sert très souvent le café dans une tasse en polystyrène sans anses. On pourrait donc dire qu’Adamsberg utilise tout simplement « a cup » pour son café, même si le terme ne correspond pas littéralement à bol. Ici, c’est le mot associé à la pratique culturelle qui prime – l’équivalence semble donc nécessaire. Ceci dit, il ne s’agit que d’un infime détail dans une experte traduction.
Nicole Dufresne, Los Angeles, mars 2012
A bowl is a bowl is a bowl, to paraphrase the most French of American literati.
The bowl we're talking about is exactly the same as that used to eat breakfast cereal.
It is certainly not a mug or a cup. And even less a "cup of coffee".
Nicole doubles down, but loses her poker chips on this one.
Rédigé par : David Vaughn | 21/03/2012 à 14:39
Je ne comprends pas la teneur de ce commentaire. Il ne s’agit pas d’une compétition ou d’un match qu’il faut gagner. En traduction, on doit souvent considérer la propriété des termes plutôt que de traduire par calque. Pour donner quelques exemples: un agent de police ne se traduit pas par “agent of police” mais par “police officer”; “a basketball game” n’est pas un jeu de basketball, mais un match; “a bottle of perfume” n’est pas une bouteille de parfum, mais un flacon.
Rédigé par : Nicole Dufresne | 25/03/2012 à 18:19
Je suis d'accord avec Nicole Dufresne. Le "bol de café" est ce que l’on appelle un RCC (repère culturel coordonné), c’est-à-dire un élément qui tire sa spécificité de son appartenance exclusive à une culture bien particulière (au sens large de culture), française en l’occurrence pour « bol de café. »
Ces RCC posent problème en traduction car ils n’ont pas d‘équivalent dans la langue d’une autre culture. Tenter d’intégrer une dimension culturelle dans un espace qui n’est pas le sien n’a pas beaucoup de sens. Le traducteur devra éviter la traduction littérale, ici « bowl of coffee » (un Anglais se demandera sans doute « What on earth is a bowl of coffee ? » ou « Why should she/he drink coffee out of a bowl ? » et se rabattre sur l'équivalent le plus proche dans la langue d'arrivée, une périphrase ou, dernier recours, une NDT (note du traducteur) en bas de page . Dans le cas présent, un cote mal taillée serait peut-être « a very large cup of coffee » : certes, a cup ou a mug ne sont pas « un bol » mais, au moins, le lecteur anglais n’achoppera pas sur « a bowl of coffee », élément qui ne correspond à aucun de ses repères familiers.
Rédigé par : Jean-Paul Deshayes | 22/03/2014 à 00:52