Jean Leclercq, co-rédacteur de ce blog, qui réside à Divonne-les-Bains, a traversé la frontière franco-suisse pour s'entretenir avec le DrIsabelle Park, vétérinaire diplômée et traductrice médicale qui a bien voulu accepter d'être notre traductrice du mois de février. Parmi les dizaines de personnes invitées à cette rubrique, Isabelle est la première à travailler exclusivement dans le domaine de la médecine. Elle a accueilli Jean dans sa jolie résidence, sise à Céligny, aux environs de Genève.
LMJ. Vous êtes belge, née à Uccle - ville mondialement connue pour son observatoire royal. Jusqu'en 1991, vous exercez la médecine vétérinaire, aux États-Unis et puis au Royaume Uni. Ensuite, vous vous installez en France où vous débutez dans la traduction médicale, carrière que vous poursuivez maintenant en Suisse. Une première question qui nous brûle la langue : comment êtes-vous venue à la traduction ?
Isabelle P. Passons rapidement sur Uccle et son observatoire. Je me suis contentée d'y naître, mais je n'y ai jamais vécu. Peut-être vaut-il mieux dire que j'ai grandi en Belgique et que j'y ai obtenu mon diplôme de vétérinaire (en français). Je suis ensuite partie aux USA exercer mon métier de vétérinaire (en anglais, cette fois) avec des chevaux de course au Kentucky et à l'hippodrome de New York. Je suis ensuite revenue en Europe, et j'ai pratiqué mon métier à Londres, avec des petits animaux. Après mon mariage, nous sommes venus vivre en France où nous sommes restés pendant 13 ans. J'ai arrêté d'exercer la profession de vétérinaire à la naissance de mes enfants. Les vétérinaires ne sont jamais à la maison, et je ne voulais pas qu'ils soient élevés par quelqu'un d'autre. L'idée de la traduction médicale m'est venue tout à fait par hasard. Une amie juriste faisait des traductions juridiques pour arrondir ses fins de mois, et je me suis dit que je pourrais peut-être faire la même chose en médecine. Du reste, était-ce vraiment par hasard ? Les gens qui se recyclent dans la traduction ont toujours eu un certain penchant pour l'écriture. Si je n'avais pu être vétérinaire, j'aurais sûrement choisi une filière littéraire. J'ai toujours aimé écrire et l'idée de «manipuler» les mots m'intéressait beaucoup. Je me suis inscrite dans une agence de traduction spécialisée dans le domaine médical et, très vite, je me suis retrouvée travaillant à temps plein. Il y avait peu de gens qui, comme moi, alliaient un diplôme médical, deux langues (apprises parallèlement dans mon enfance) et, surtout, disposaient du temps nécessaire pour traduire. Les commandes ont très vite afflué et cela n'a pas cessé depuis plus de 20 ans. Entretemps, nous avons déménagé sept fois et nous sommes maintenant en Suisse. Pour mes clients, cela ne change rien. Je pourrais aussi bien habiter sur la lune, pourvu qu'il y ait une connexion Internet !
Sans vouloir pour autant nier l'excellente interprétation de Jennifer Lawrence (22 ans) dans "Silver Linings Playbook", certains critiques de cinéma se sont interrogés sur la décision prise dimanche dernier à Hollywood de lui accorder l'Oscar de la meilleure actrice, de préférence à Emmanuelle Riva pour son rôle dans Amour, une production autrichienne de langue française. Ce jour-là, la célèbre héroïne d'Hiroshima mon amour, fêtait justement ses 86 ans!
Jennifer Lawrence Emmanuelle Riva
La cérémonie des Oscars est toujours l'occasion offerte aux actrices d'exhiber les toilettes et les bijoux spécialement créés pour elles par les grands créateurs de mode. À notre avis, l'étoile la plus sémillante de cette cérémonie fut Jane Fonda qui ne paraissait guère ses 75 ans.
Jane Fonda à la cérémonie des Oscars, Hollywood, le 24.02.2013
Nos
jeunes lecteurs ignorent peut-être que Jane Fonda, comme Brigitte Bardot, fut
l'épouse du réalisateur français Roger Vadim (de 1965 à 1973). Vadim en fit la vedette de son film « Barbarella ».
.
Jane Fonda lorsqu'elle était mariée à Roger Vadim
Jane est la fille du célèbre acteur Henry Fonda. Outre sa carrière d'actrice, elle s'est illustrée comme activiste politique, monitrice de mise en forme, chef d'entreprise et philanthrope.
Parmi d'autres causes qu'elle a
soutenues, Jane a financé le Fonda Center de l'Université Emory
(Atlanta), voué au progrès des connaissances scientifiques sur la santé
des adolescents.
Jane Fonda a aussi été mariée à Tom Hayden et à Ted Turner dont elle divorça en 2001. Nul ne peut dire si c'est dans le choix de ses trois maris ou dans le fait d'être seule depuis 12 ans que réside le secret de son éternelle jeunesse. Mais, pour nous, c'est Jane Fonda qui, pour son âge, nous a semblé la plus attirante des actrices qui ont assisté à cette cérémonie des Oscars.
Pour completer ce billet, voici un discours intitulé "Le Troisieme Acte de la Vie", presenté par Jane Fonda devant une audience de l'association TED.
Lexique cinématique :
Français
angle de prise de vue animateur arrêt sur image avance rapide bande-son bande-annonce bruit de fond bruitage cadrage cadre champ court métrage dans le champ documentaire doublage écran effets spéciaux émission feuilleton fondu fondu enchaine générique gros plan hors champ long métrage metteur en scène, réalisateur montage musique de film plan américain plan fixe plan général plan moyen plan rapproche plongée profondeur de champ raccord ralenti scenario séquence sous-titre tournage transmission travelling travelling arrière travelling avant voix off zapper zoom arrière zoom avant
English
camera angle host freeze frame fast forward soundtrack trailer background noise sound effect framing frame shot short film, one-reeler (US) in shot documentary dubbing screen special effects programme (UK) / program (US) series fade dissolve credits close-up off-screen feature film director editing musical score medium close shot static shot long shot medium shot close shot high-angle shot deep focus continuity shot slow motion screenplay sequence subtitled filming, shooting broadcasting tracking tracking out tracking in voice over Zap (vb.) Zoom backward Zoom forward
Le jeudi 21 février
2013, Michael Edwards, 74 ans, universitaire, écrivain, traducteur et, depuis
2002, professeur au Collège de France, a été élu au fauteuil 31 de l'Académie
française, celui qu'occupait le regretté Jean Dutourd. Son élection a été acquise
au troisième tour, à la majorité de 16 voix sur 28, devant Jean-Noël Jeanneney,
ancien ministre. « Je suis heureux d'apporter un éclairage
franco-britannique à l'Académie française », a déclaré le nouvel
élu.[1]
Rappelons que
l'Académie française, fondée en 1635 par Richelieu, n'exige des postulants la
possession d'aucun titre ou nationalité particulier. Dans son histoire, elle a
accueilli en son sein de nombreux bilingues et notamment Julien Green, pour ce
qui est de la langue anglaise.
Né à Barnes, dans les environs de Londres, le 25
avril 1938, Michael Edwards a fait une thèse de doctorat sur Jean Racine et
enseigné le français, l'anglais et la littérature comparée à l'Université de
Warwick. Éminent bilingue, il s'est employé à « créer des passerelles
entre les poésies française et anglaise ». Il est l'auteur de
plusieurs livres (dont Le Rire de Molière, paru l'an dernier) et de
nombreuses traductions. Nous espérons qu'à ce titre, et une fois qu'il aura
satisfait aux multiples obligations que ne manquera pas d'entraîner cette
brillante élection, le professeur Edwards acceptera d'être l'invité de notre
rubrique « Traducteur du mois ».
Editions de FalloisPUF (10 octobre 2012) (19 novembre 2004)
" What's in a name? that which we call a
rose By
any other name would smell as sweet. "
« Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons rose Par n'importe quel autre nom
sentirait aussi bon. » - William Shakespeare. Roméo
and Juliette, acte II, scène 2.
En
direct de Jérusalem. Après un vol direct de 14 heures au départ de Los Angeles, j'ai voulu tirer les
choses au clair et consacrer quelques
lignes au terme anglais Jerusalem
artichoke, également connu sous les noms de sunroot, sunchoke et earth apple. En français, c'est le topinambour
(synonymes : crompire, soleil vivace, poire de terre, truffe ou artichaut du
Canada). Pour les botanistes, c'est un hélianthe tubéreux, Helianthus
tuberosu, en latin [1]. Une première
constatation : il n'y a nulle part ici de Jerusalem artichoke, vu
qu’un topinambour n’est pas un artichoke
(artichaut, en français) et ne vient pas de Jérusalem. Seul point commun entre
les deux plantes : elles appartiennent à la famille des marguerites !
artichaut (FR.), artichoke (ENG.)
topinambour (FR.), Jerusalem artichoke (ENG.)
Pour démêler cette énigme, je propose de revenir sur l’historique du
topinambour qui est originaire d'Amerique du Nord (États-Unis et Canada).
L'explorateur anglais Walter Raleigh le découvre en 1585 en Virginie et Samuel de Champlain, navigateur, soldat, explorateur, géographe et chroniqueur français,
l'observe au Cap Cod, en 1605. Parti de La Rochelle en 1606, l'avocat, écrivain et voyageur Marc Lescarbot accompagne Poutrincourt en Acadie où
il participe à la fondation de la colonie de Port-Royal.
Samuel de Champlain lui fait découvrir le nouveau légume que
Lescarbot ramène en France, en 1607. Dans le Traité des aliments de Louis Lémery (1702), on le désigne sous
le nom de poire de terre.
Pendant la guerre de 1939-1945, la consommation du topinambour (légume qui
échappait aux réquisitions de l'armée allemande), souvent mal cuit, sans
matière grasse, a laissé de mauvais souvenirs dans les pays occupés. À cette
époque, la consommation du topinambour, comme celle du rutabaga, a
considérablement augmenté, avant de s'effondrer avec la fin du rationnement.
C'est la « nouvelle cuisine » qui, au même titre que le panais et
d'autres raves, l'a récemment réhabilité.
Mais, pour revenir à la
question initiale de son étymologie, c’est aux États-Unis que des immigrants
italiens, selon une certaine thèse, l'ont considéré à tort comme un tournesol (girasole en italien), d’où la
déformation en « Jerusalem ».
Mais quel rapport peut-il bien exister entre le topinambour et
l’artichaut ? Explication : le goût du tubercule (qui pousse sur le
rhizome enfoui dans la terre) est celui de l’artichaut - caractéristique que Samuel de Champlain
soulignait déjà lorsqu'il expédia les premiers échantillons en France.
Samuel de Champlain
Selon une autre thèse,
les Pèlerins, qui ont quitté l’Angleterre pour s’installer en Amérique,
entendaient bien fonder une « Jérusalem céleste dans les solitudes du
Nouveau monde ». Quand le topinambour, découvert en Amérique, a été ramené
en Angleterre, il a pris le nom de « Jerusalem
artichoke ».
Donc, que l’on impute
aux Anglais ou aux Italiens la confusion qui en résulta, la seule certitude qui
soit c'est que, par suite des caprices de la religion, de l’histoire, de la
géographie et de la linguistique, l’appellation
Jerusalem artichoke
(artichaut de Jérusalem) [2] est doublement erronée.
Il reste à s'interroger
sur l’origine du mot français topinambour (qui a été adopté en anglais comme
synonyme de Jerusalem artichoke).
Selon Wiktionnaire, ce mot résulte de la francisation du nom d’un groupe de
tribus du Brésil, les Tupinamba. Des membres de cette ethnie ayant été
amenés à Paris et montrés comme curiosité, en 1613, le grand naturaliste Linné
crut à l’origine brésilienne de la plante, introduite en France à peu près à la
même époque.
N'ayant pas trouvé de Jerusalem artichokes ici à
Jérusalem, je pense
continuer jusqu'à Paris, où j'aurai peut-être davantage de chances de trouver
des French fries. (Voir notre article : French fries).
[1] Originaire d'Amérique du Nord, le topinambour développe des tubercules charnus bosselés, au goût prononcé d'artichaut. Le Truffaut, Encyclopédie pratique illustrée du jardin. Paris, Larousse, 2005, p.703.
[2] Notons que, parmi les nombreux synonymes de topinambour, le Grand Larousse encyclopédique donne« artichaut du Canada ou de Jérusalem » (tome dixième, p. 382).
Jonathan G. avec l'aide de Jean L. (qui, pour me souhaiter
bon courage dans ma mission d'exploration étymologique, a prononcé le nom
du Président nigérian : Goodluck Jonathan.) le Président nigérian : Goodluck Jonathan
La première partie de cet article, (« L'Odyssée de Pi », réminiscence du passé colonial de la France en Inde) a paru sur ce blog le 2 février 2013. « L'Odyssée de Pi » narre l'aventure d'un jeune garcon indien que son père francophile a appelé « Piscine ». [1] Après le naufrage dans le Pacifique du bateau japonais qui l'emmenait au Canada avec sa famille et toute une ménagerie d'animaux sauvages, celui qui se nomme lui-même Pi, va passer 227 jours à bord d'un canot de sauvetage en compagnie d'un tigre du Bengale denommé Richard Parker.
Ces réminiscences du passé colonial de la France et de l'Angleterre se conjugent chez Yann Martel, l'auteur canadien de « Life of Pi ». En effet, bien que de languie maternelle française, c'est en anglais qu'il a écrit son chef-d'oeuvre.
Yann Martel Photo Credit: Nicolas Asfouri , Getty Images
Dans la course au Booker Prize 2002, Martel a battu deux autres auteurs canadiens: Rohinton Mistry et Carol Shields. Son livre s'est vendu à neuf millions d'exemplaires. Il a reçu une lettre autographe de Barak Obama dans laquelle le Président lui écrivait : « Ma fille et moi avons achevé la lecture de « Life of Pi » en même temps...C'est un très joli livre, une preuve élégante de l'existence de Dieu et du pouvoir du conte. Merci ».
Lettre redigée par le President Obama sur papier à lettres de la Maison Blanc
Pour un critique, "Life of Pi" s'analyse en un débat philosophique sur le monde moderne qui privilégie la raison plutôt que l'imagination, la science plutôt que la religion, le matérialisme plutôt que l'idéalisme, les faits plutôt que la fiction ou l'histoire.
Erica Wagner, membre du jury du Booker Prize, a voté pour "Life of Pi" parce que ce livre lui a fait l'impression d'un tour de force de l'imagination, à la fois original et vivant. « Il est très rare de se trouver en présence de quelqu'un dont vous n'avez jamais entendu parler et qui vous stupéfie, et c'est ce qui s'est passé. »
Lisa Jardine, la présidente du comité Booker, a déclaré : « Avec "Life of Pi", nous avons choisi un ouvrage audacieux dans lequel l'inventivité explore la croyance. C'est, comme le dit l'auteur, un roman qui vous fait croire en Dieu ou vous demander pourquoi vous ne croyez pas en lui. » Selon Celyn Jones, un autre membre du jury, la communauté littéraire a vu dans l'attribution du Booker à "Life of Pi", un tournant décisif dans l'histoire du Prix, car ce choix a rompu avec une certaine tradition consistant à honorer des écrivains et des genres romanesques couvrant un champ très large en matière de perspectives culturelles.
Dans le livre, Pi raconte son aventure à un écrivain canadien qui est censé représenter l'auteur lui-même.
Comme le rapporte le quotidien britannique The Mail, l'auteur a confié que ses deux premiers livres, publiés à la fin des années 1990, n'avaient guère eu de succès. Il vivait une « mini-crise existentielle » lorsqu'il se rendit à trois reprises en Inde et écrivit "Life of Pi". Martel décrit l'Inde en ces termes:
« L'Inde n'est un pays émergent que sur le plan économique, culturellement, elle a émergé depuis longtemps.
« C'est une des plus anciennes cultures qui soient, un endroit vertigineusement beau et merveilleux. C'est toute la vie en un même lieu et au même moment.
« Il y a des éléphants dans les rues et des singes un peu partout. Un peu comme les pigeons de Trafalgar Square. La religion y est omniprésente.
« J'étais dans un pays hallucinant, plein d'animaux et pénétré de foi, et ce fut une illumination – tout est arrivé très vite et le roman m'est apparu. »
Le livre vient d'être adapté au cinéma, avec des trucages visuels fantastiques [2] (rendus possibles grâce à des lunettes 3D distribuées aux spectateurs). Le rôle de Pi est tenu par un inconnu: Suraj Sharma. Beaucoup jugeaient l'œuvre trop complexe et trop surréelle pour être portée à l'écran. « C'est très fidèle au livre et c'est visuellement époustouflant; c'est tout un voyage » a dit l'écrivain canadien, interrogé devant la foule de ceux qui attendaient de voir la version filmée de son roman, au Festival du nouveau Cinéma, organisé en octobre dernier à Montréal.
Selon une critique du film parue dans The Australian, les scènes de la jeunesse de Pi dans l'ex-comptoir de Pondichéry ne sont que l'introduction du débat philosophique que le réalisateur, Ang Lee, expose peu à peu. Néanmoins, cette échappée sur un vestige de l'expansion coloniale française ainsi que le petit rôle confié à Gérard Depardieu, ajoutent une touche linguistique pittoresque à ce film présélectionné pour un Oscar.
[1] Pi a un oncle qu'il appelle affectueusement Mamaji. Celui-ci est un grand nageur et, lorsqu'il a fait des études à Paris, dans les années 1930, il a fréquenté toutes les piscines de la capitale dont il a établi un classement très précis. "Aux yeux de Mamaji, aucune piscine n'atteignit la gloire de la piscine Molitor. C'était le joyau de la gloire aquatique de Paris, ou même de tout le monde civilisé." Cela faisait rêver le père de Pi qui, lorsque celui-ci vint au monde, lui donna le nom de Piscine Molitor Patel, vite abbrévié en "Pi".
[2] Dans les premières scènes du film, tournées à Pondichéry, le tigre du Bengale que l'on voit au zoo est un vrai. Par la suite, lorsque le bateau coule et que le tigre rejoint Pi dans le canot de sauvetage, c'est une animatronique. Ces virtualités sont si performantes, et le tigre artificiel a tellement l'air vrai, qu'il est impossible au spectateur de déceler la différence. Le 24 février dernier, le jury des Oscars a voulu saluer cette virtuosité technique en attribuant à L'Odyssée de Pi l'Oscar du meilleur trucage visuel, en plus de ceux du meilleur réalisateur, de la meilleure musique de film et de la meilleure cinématographie. Soit un total de quatre prix, le plus élevé de la cuvée 2013.
Une animatronique (contraction d'animal et d'électronique) est une créature, généralement réalisée en baudruche, qui peut être animée manuellement ou robotisée, grâce à la présence de mécanismes internes semblables à ceux des automates. À cet égard, on aurait aussi bien pu les dénommer « animates », tant ils concrétisent, à leur manière, la fameuse théorie des « animaux-machines » chère à Descartes. Les modèles les plus perfectionnés sont capables d'effectuer des mouvements complexes et même de les reproduire à volonté, en fonction des ordres qu'ils reçoivent d'un ordinateur. La société Disney a même mis au point des audio-animatronics® dont les mouvements sont synchronisés avec une bande sonore.
Cette année, Google lance son programme Trekker. Analogue à Street View, il consiste à photographier des sites naturels que les randonneurs et les amoureux de la nature pourront ensuite visionner sur Internet.
Une équipe de Google s'est engagée dans le Grand Canyon, portant sur le dos des appareils de prise de vues permettant d'opérer dans des chemins étroits et des terrains rocailleux.
Une fois que le service Trekker aura été offert au public, les internautes disposeront de vues à 360 degrés de lieux dont ils n'avaient jusqu'ici que des images plates en 2-D.
Pourquoi ce nouveau service s'appellera-t-il « Google Trekker »?
Le dictionnaire anglais en ligne Merriam-Webster donne (entre autres) les définitions suivantes de la racine trek
Verbe :
to make one's way arduously (avancer péniblement);
Nom : a trip or movement especially when involving difficulties or complex organization : an arduous journey (un voyage ou un déplacement, comportant des difficultés ou supposant une organisation complexe : un périple pénible) .
Exemples d'utilisation du mot trek
Our car broke down and we had a long trek back to town. Notre voiture étant tombée en panne, nous avons eu un bon bout de chemin à faire jusqu'à l'hôtel.
A trek across the country. Une randonnée à travers la campagne.
(Traductions : Le mot juste)
WordReference.com donne les traductions françaises suivantes:
intransitive verb(p prés etc-kk-)to trek across/through : traverser péniblement (desert, jungle); I had to trek into town : je me suis tapé (familier) le trajet à pied jusqu'à la ville.
Selon le dictionnaire en ligne d'étymologie anglaise, Etymoline.com, le mot est entré dans la langue anglaise au milieu du XIXe siècle. Le verbe intransitif to trek a d'abord voulu dire « se déplacer ou migrer en chariot à bœufs ». Il venait de l'afrikaans [1] trek, lui-même dérivé du néerlandais trekken« marcher, se déplacer », initialement « tirer », du moyen néerlandais trecken.
L'usage de ce mot s'est répandu grâce à Star Trek, une série américaine de films et d'émissions de télévision qui débuta en 1966.
Deux
scientifiques britanniques, Nick
Goldman et Ewan Birney, travaillant à l'Institut
européen de bio-informatique (EMBL-EBI), installé dans l'enceinte du Wellcome
Trust Genome Campus de la petite localité d'Hinxton, près de Cambridge
(R.-U.), sont parvenus à stocker dans de l'ADN synthétique la collection
complète des sonnets de Shakespeare, ainsi que plusieurs autres documents. Sous cette forme, un sonnet ne pèse que
0,3 millionième d'un millionième de gramme. Dans de telles conditions, un
gramme d'ADN (acide désoxyribonucléique) pourrait contenir autant
d'informations que plus d'un million de CD, et la Grande Bibliothèque de France
tiendrait dans une petite ampoule !
L'idée leur est venue alors
qu'attablés dans un bar de Hambourg (Allemagne), ils discutaient des
possibilités de stocker la masse grandissante des données informatiques
autrement que sur des rubans magnétiques ou des disques durs. Certes, ils
savaient que l'ADN est un moyen extrêmement efficace et compact de conserver
des informations, mais il restait à mettre l'idée en musique. Pour cela, il
leur fallait trouver un moyen de transformer les molécules en mémoire numérique
capable de coder les 1 et les 0 servant à emmagasiner des mots, des images, de
la musique et des vidéos. « Nous
savions que l'ADN est un moyen efficace de stocker des informations, parce que
nous pouvions l'extraire à partir d'os de mammouths laineux qui datent de
plusieurs dizaines de milliers d'années et lui donner un sens",
explique Nick Goldman.
En effet, avant eux, une équipe
américaine, dirigée par le biologiste George Church, était parvenue à
coder 5,27 mégabits de données, dans un milliardième de gramme d'ADN. La voie
était ouverte à de nouvelles conquêtes et Birney, Goldman et collaborateurs,
partant du système informatique binaire, ont transcrit les données en système
ternaire (0,1,2), puis en code ADN. Un laboratoire américain, Agilent, a
ensuite synthétisé l'ADN. Grâce à cette méthode de transcription, il a été
possible de coder un ensemble de fichiers dont un enregistrement MP3 du célèbre
discours de Martin Luther King « J'ai fait un rêve », un fichier des
sonnets de Shakespeare et même un pdf de l'article de Watson et Crick
sur la structure à double révolution de l'ADN ¨. Soit à peu près le même volume
de données que dans l'expérience de Church.
Watson & Crick, co-décrouvreurs de la structure de l'ADN. L'un et l'autre ont été chercheurs à l'Université de Cambridge.
Ces travaux ouvrent des perspectives
extrêmement intéressantes. « L'un des grands avantages de l'ADN, dit
Birney, est qu'il ne nécessite aucune énergie pour sa conservation. Pourvu
qu'il soit au froid, au sec et dans l'obscurité, il peut subsister très
longtemps. Pour l'instant, le coût très élevé de la synthèse de l'ADN pénalise
encore le stockage génétique. Mais, comme le séquençage de l'ADN coûtera de
moins en moins cher, le stockage génétique deviendra, à terme, tout-à-fait
économique pour des informations devant être archivées pendant plus de
cinquante ans.
Cette
chronique s'inspire d'un article d'Ian Sample, paru dans The Guardian britannique du
24 janvier 2013, ainsi que d'un article de Maxime Lambert, du même jour.
P.S. Le Dr N. Goldman a lu l'article ci-dessus. Dans le message qu'il
nous adresse, il se dit satisfait de l'article et reconnaissant à LMJ d'avoir attiré l'attention des lecteurs sur cette avancée de la science.
En 2002, le romancier canadien Yann Martel a créé la surprise en remportant le prestigieux prix littéraire britannique qu'est le Man Booker Prize, pour « Life of Pi » (L'Odyssée de Pi). Le cadre géographique des aventures dans lesquelles se lance le héros du livre est le port de Pondichéry (Puducherry, depuis 2006) où la culture indienne se mâtine de survivances françaises.
Puducherry புதுச்சேரி
Sceau
Pour comprendre le contexte historique, il faut se rappeler qu'à l'issue de la Guerre de Sept ans (1756-1763) et de la victoire de la Grande-Bretagne sur la France et l'Espagne, la France (par ce que Tocqueville appelle « l'ignominieux traité de Paris » de 1763) a dû céder au vainqueur non seulement le Canada et ses territoires de la rive orientale du Mississippi mais aussi ses possessions en Inde, ne gardant que cinq comptoirs [1], désignés par la suite établissements français de l'Inde. Ainsi se trouvaient définitivement anéantis les vastes projets d'expansion coloniale entrepris, au temps de la Compagnie des Indes orientales, par Dumas et Dupleix depuis plus de cent ans. Encore disputée par la suite, cette poussière d'empire passa plusieurs fois des mains françaises à celles des Britanniques avant d'être restituée à la France par les traités de Paris de 1814 et 1815. Avant d'être à leur tour rendues à l'Inde, les enclaves formaient un territoire d'une superficie totale de 513 km2 dont le chef-lieu était Pondichéry et qui comprenait quatre autres circonscriptions : Chandernagor (près de Calcutta), Karikal (sur la côte de Coromandel), Yanaon (sur la côte d'Orissa) et Mahé (sur la côte de Malabar), plus neuf loges [2]. Seule la ville de Pondichéry était viable car disposant d'un arrière-pays suffisamment vaste et d'un bon port sur le golfe du Bengale. Actuellement, les anciens « comptoirs français de l'Inde », comme on les appelait familièrement, ont une population d'environ 1, 25 million d'habitants. En 1940, ils furent parmi les premiers territoires d'outre-mer à se rallier à la France libre du général de Gaulle. Lors de l'indépendance et de l'instauration de la République de l'Inde (ou Bharat) en 1948, ces territoires lui furent transférés de facto, situation qui précéda le transfert officiel, en 1956. Bien que la langue officielle de l'Inde soit l'hindi (et que l'anglais y reste très présent), chaque État peut décider de sa langue officielle. À Pondichéry, la langue prédominante est le tamoul, mais 1% de la population parle le français.
La ville se divise en deux parties : le quartier français (Ville blanche) et le quartier indien (Ville noire). Plusieurs rues portent encore un nom français et les villas de style français ne sont pas rares. Dans le quartier français, les bâtiments sont typiques du style colonial, avec de longs enclos ceints de murs imposants. Le quartier indien se compose de maisons bordées de vérandas et de demeures à porte cochère et entourées de grilles. De style français ou indien, ces maisons historiques sont répertoriées et protégées de la destruction par l'Indian National Trust for Art and Cultural Heritage.
Rues du quartier français de Pondichéry.
Le décor de bon nombre des séquences de « L'Odyssée de Pi », le quartier français, a été le siège de la Compagnie des Indes orientales dès 1675. Ses artères tranquilles, comme la rue de la Caserne, la rue Suffren et la rue Dumas – où se trouve l'église Notre-Dame des Anges – s'ornent de villas françaises et de bougainvillées grimpantes. Devant le bâtiment des Travaux publics, scène majeure d'un des souvenirs de jeunesse de Pi, un écriteau, en anglais et en français dit : « Notre ville est beauté, Gardons-lui son identité ».
De l'autre côté de la rue se trouve Aayi Mandapam, un monument commémoratif du Second Empire qui a des airs d'Arc de Triomphe. Outre ce vestige de l'époque française, subsistent aussi le consulat de France et plusieurs associations culturelles dont le Foyer du Soldat pour les anciens combattants des guerres françaises. On voit et on entend encore du français à Pondichéry.
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[1] Dans la chansonChandernagor dans laquelle, en 1957, Guy Béart déclinait les Comptoirs de l'Inde sur le mode humoristique et dont nous ne reproduirons que le dernier couplet, dédié à Pondichéry :
Elle avait elle avait Le Pondichéry facile Elle avait elle avait Le Pondichéry accueillant Aussitôt aussitôt C'est à un nouveau touriste Qu'elle fit voir son comptoir Sa flore sa géographie Pas question Dans ces conditions De revoir un jour les Comptoirs de l'Inde
[2] Le terme loge désignait autrefois un établissement européen bénéficiant de l'exterritorialité (sorte d'enclave) en Asie ou en Afrique. Les établissements français de l'Inde en comptaient neuf situées dans les localités suivantes : Calicut, Masulipatnam, Balasore, Goréty, Yugdia, Dacca, Kassimbazar, Surate,Patna. Dans le même ordre d'idées, on parlait aussi autrefois des Echelles du Levant pour désigner les cités marchandes par lesquelles les voyageurs accédaient à l'Orient. Parmi celles-ci, on peut citer Constatinople, Smyrne, Adana, Beyrouth et Alexandrie. Dans cette dernière ville, ils étaient en outre justiciables des "tribunaux mixtes" qui, en cas de litige, les soustrayaient aux juridictions locales et qui furent abolis en 1947.
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