Cette année, Google lance son programme Trekker. Analogue à Street View, il consiste à photographier des sites naturels que les randonneurs et les amoureux de la nature pourront ensuite visionner sur Internet.
Une équipe de Google s'est engagée dans le Grand Canyon, portant sur le dos des appareils de prise de vues permettant d'opérer dans des chemins étroits et des terrains rocailleux.
Une fois que le service Trekker aura été offert au public, les internautes disposeront de vues à 360 degrés de lieux dont ils n'avaient jusqu'ici que des images plates en 2-D.
Pourquoi ce nouveau service s'appellera-t-il « Google Trekker »?
Le dictionnaire anglais en ligne Merriam-Webster donne (entre autres) les définitions suivantes de la racine trek
Verbe :
to make one's way arduously (avancer péniblement);
Nom :
a trip or movement especially when involving difficulties or complex organization : an arduous journey (un voyage ou un déplacement, comportant des difficultés ou supposant une organisation complexe : un périple pénible) .
Exemples d'utilisation du mot trek
- Our car broke down and we had a long trek back to town. Notre voiture étant tombée en panne, nous avons eu un bon bout de chemin à faire jusqu'à l'hôtel.
- A trek across the country. Une randonnée à travers la campagne.
(Traductions : Le mot juste)
WordReference.com donne les traductions françaises suivantes:
trek /trek/
- noun (long journey) randonnée f;
(laborious) randonnée f pénible. - intransitive verb (p prés etc -kk-) to trek across/through : traverser péniblement (desert, jungle);
I had to trek into town : je me suis tapé (familier) le trajet à pied jusqu'à la ville.
Selon le dictionnaire en ligne d'étymologie anglaise, Etymoline.com, le mot est entré dans la langue anglaise au milieu du XIXe siècle. Le verbe intransitif to trek a d'abord voulu dire « se déplacer ou migrer en chariot à bœufs ». Il venait de l'afrikaans [1] trek, lui-même dérivé du néerlandais trekken « marcher, se déplacer », initialement « tirer », du moyen néerlandais trecken.
L'usage de ce mot s'est répandu grâce à Star Trek, une série américaine de films et d'émissions de télévision qui débuta en 1966.
schlep (parfois orthographié shlep), utilisé comme substantif et comme verbe. Le dictionnaire Merriam-Webster définit le verbe de la façon suivante:
Verbe transitif : tirer, transporter (traîner)
Verbe intransitif : avancer ou se déplacer particulièrement lentement, sans but précis, maladroitement ou négligemment (se trimballer).
Le Dictionnaire anglais Collins – en version intégrale – en donne la définition suivante: an arduous journey or procedure, as well as the lesser-known meaning: a stupid or clumsy person. (« un déplacement ou une démarche pénible » ,ainsi qu« 'un sens moins connu : une personne stupide ou maladroite »)
Voici deux exemples de l'emploi du verbe « to schlep » et du substantif « schlep » :
Members of the Google team schlepped their backpack camera systems up hills and down vales.
Getting from one side of the city to the other will be a big schlep.
To schlep = trimballer, se trimballer
Schlep vient du mot yiddish [2] « slepen » signifiant tirer, dérivant lui-même du haut moyen allemand sleppen. Ce terme a été employé pour la première fois dans l'Ulysse, de l'écrivain irlandais James Joyce. D'ailleurs, il est intéressant de noter que Joyce a utilisé, dans deux phrases consécutives, les deux mots analysés ici :
"Across the sands of all the world, followed by the sun's flaming sword, to the west, trekking to evening lands. She trudges, schlepps, trains, drags, trascines her load."
Les verbes to trek et to schlep ainsi que les substantifs trek et schlep sont presque synonymes en ce sens qu'ils désignent tous deux un mouvement pénible, mais (to) trek est employé pour des déplacements beaucoup plus longs alors que (to) schlep est plutôt utilisé, par exemple, lorsqu'on monte une valise d'une volée de marches. En outre, to trek ne peut être employé que comme verbe intransitif, ce qui n'est pas le cas pour to schlep.
James Joyce
Renvois :
[1] Langue dérivée du néerlandais, l'afrikaans est parlé par les descendants des colons néerlandais d'Afrique du Sud, les « Afrikaners ». Lorsqu'un grand nombre d'entre eux quittèrent la colonie du Cap pour échapper à la mainmise britannique et fonder leur propre territoire, dans les années 1830-1840, on qualifia cet exode de « Grand Trek ».
Cette épopée engendra un autre mot désormais accepté en anglais : laager. Il désigne un campement défensif entouré de chariots ou de véhicules blindés.
Le Grand Trek
laager
[Plus tard, en 1880-1881, et encore en 1898-1902, les Afrikaners ont combattu les Britanniques au cours de ce que l'on a appelé la guerre des Boers. Les Britanniques parquaient leurs prisonniers et les familles de ceux-ci dans de grands camps appelés « camps de concentration ». Bien plus tard, cette expression en vint à désigner, par euphémisme, les camps de la mort dans lesquels des juifs, d'autres minoritaires et des résistants à l'oppression nazie furent déportés pendant la deuxième guerre mondiale.]
[2] Le yiddish (signifiant littéralement « juif », d'après le haut moyen allemand jüdisch) est du haut allemand d'origine juive ashkénaze. En raison de son analogie phonétique à l'allemand , on peut le considérer comme un dialecte germanique bien qu'il ait été influencé par l'hébreu et d'autres langues et qu'il utilise l'alphabet hébreu. Isaac Bashevis Singer, grand écrivain yiddish, né en Pologne et naturalisé américain, a reçu le Prix Nobel de littérature en 1978.
Isaac Bashevis Singer
Jonathan G. & Jean L.
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