Nous souhaitons la bienvenue à notre nouvelle collaboratrice, Nathalie Chaudun. Originaire de Touraine, Nathalie vit depuis trois ans aux États-Unis, en Caroline du Sud. Curieuse, passionnée par la découverte de différentes cultures et l'apprentissage de langues étrangères, vivre et travailler dans un contexte international a toujours été crucial pour elle. En effet, après un D.E.U.G. de Langues Étrangères Appliquées (anglais-espagnol), suivi d'une Maîtrise de Sciences et Techniques (option Conception et Gestion de Produits Touristiques), elle a travaillé durant 18 ans pour plusieurs entreprises, occupant différentes fonctions dans divers secteurs d’activité (Télécommunications, Tourisme, Agriculture, Ressources Humaines, Industrie de l’Automobile) et cela dans trois pays différents (France, Chine et désormais États-Unis). Forte de plusieurs années d'expérience dans la traduction que ce soit comme traductrice maison pour les entreprises dans lesquelles elle a travaillé ou comme traductrice libérale pour des agences de traduction, Nathalie a décidé de consacrer dorénavant l'essentiel de son activité professionnelle à la traduction. Dans ce but, elle suit des cours à distance dispensés par l'Université de New York afin d'obtenir le certificat professionnel de traducteur en 2014. Son adresse numérique est [email protected]
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Depuis plusieurs dizaine d'années, devant l'avancée technologique, nous sommes fascinés et en même temps en proie à cette anxiété; l'homme est-il menacé ? Des centaines d'œuvres de science-fiction posent les mêmes interrogations : la machine prendra-t-elle à terme la place de l'homme ? L'intelligence artificielle est-elle en train de dépasser l'intelligence humaine ?
Ce qui pourrait s'apparenter à un scénario de film de science-fiction se déroula réellement en février 2011 aux États-Unis, lorsque les producteurs du jeu télévisé Jeopardy, décidèrent d'organiser, avec le concours d'IBM, une rencontre au sommet entre l'homme et la machine.
C'est ainsi que l'ordinateur, Watson, affronta, en trois manches, les deux meilleurs joueurs de l'histoire de ce jeu (qui remonte à l’année 1964) : Ken Jennings et Brad Rutter. Celui-la était alors le joueur ayant gagné le plus d'argent de toute l'histoire des jeux télévisés américains (3,455,102$) et celui-ci le joueur ayant remporté le plus de victoires au jeu Jeopardy (74).
Le principe de ce jeu est simple : trois joueurs s'affrontent et testent leurs connaissances en culture générale. Pour gagner, ils doivent poser la bonne question correspondant à la réponse apportée par le présentateur. Watson, représenté par un avatar sur un écran situé entre les deux autres joueurs, était en mesure de comprendre le langage humain et toutes ses subtilités, de choisir le thème des questions, de miser des sommes, de proposer ses 3 meilleures questions à chaque réponse donnée et d'indiquer la probabilité d'exactitude de ses réponses pour montrer sa capacité d'analyse. Toutefois, seule la première question posée par Watson était considérée comme la bonne réponse et comptait pour marquer des points. Derrière l'avatar, il y avait une « salle des machines » ayant la puissance de 2.800 gros ordinateurs.
Voici un exemple simplifié de la « reponse » du presentateur, suivie par des « questions » qui auraient pu être proposées par Watson, avec leur probabilité d'exactitude :
« Amphibien ranidé, très commun dans les eaux douces, caractérisé par son aptitude au saut et à la nage, sa peau nue, sa pupille horizontale et son cri, le coassement. »
Watson :
1 - Qu'est-ce qu'une grenouille ? (85%)
2 - Qu'est-ce qu'une voiture ? (15%)
3 - Qu'est-ce qu'un chien ? (10%)
En l'occurrence, dans l'exemple donné, la bonne réponse prise en compte aurait été « une grenouille ». [1]
Qui des trois candidats gagna ? Watson ? Ou un des ses deux concurrents humains ?
Watson l'emporta largement et IBM réitéra l'exploit réalisé par un autre de ses ordinateurs, - Deep Blue - en 1997, celui de battre aux échecs le champion du monde de l'époque Gary Kasparov.
L'ordinateur Watson a été tout spécialement conçu pour participer au jeu Jeopardy. Pour être en mesure de relever le défi, le programme de l'intelligence artificielle de Watson a été nourri de 200 millions de pages d'informations qu'il était susceptible de parcourir en moins de 3 secondes. La réponse affichée pour les participants humains était transmise au même moment au programme par l'intermédiaire d'un fichier texte. La puissance de calcul atteinte permettait à Watson de repondre aux questions dans des délais comparables à ceux de ses concurrents humains. Au fil du jeu, Watson apprenait de ses erreurs, des erreurs de ses concurrents, des bonnes réponses apportées par les deux autres candidats .... devenant ainsi de plus en plus « intelligent ».
Alors, face à la victoire de Watson, devons-nous nous inquiéter ?
Nous vivons dans un monde où les ordinateurs sont très largement utilisés et de plus en plus performants, où l'automatisation couvre désormais plusieurs aspects de nos vies. Si nous profitons au quotidien de ce progrès technologique et nous nous reposons toujours plus sur ces machines, le risque d'oublier nos connaissances et de ne plus chercher à les accroître est grand. Aujourd'hui, il n'est plus besoin de passer du temps à apprendre car l'ensemble des informations est disponible sur Internet en un seul clic. Et si un ordinateur peut emmagasiner l'ensemble de ces connaissances, cela s'avère impossible pour un cerveau humain... Pourtant, comme le mathématicien et philosophe britannique Bertrand Russell le fait remarquer, le développement de la science est dû à l'amour de la connaissance : « L’amour de la connaissance auquel on doit le développement de la science est lui-même le produit d’une double impulsion.
Nous pouvons chercher la connaissance d’un objet parce que nous aimons l’objet ou parce que nous souhaitons avoir du pouvoir sur lui. La première impulsion conduit au genre de connaissance qui est contemplatif, la deuxième au genre qui est pratique. Dans l’évolution de la science l’impulsion qui vise le pouvoir l’a emporté de plus en plus sur l’impulsion qui cherche l’amour. » (The Scientific Outlook, 1931, George Allen & Unwin, London, p. 270).
La connaissance est un pouvoir. Il appartient à l'homme de décider de le conserver.
Sur toutes ces questions, nous donnerons le dernier mot à Ken Jennings, "l'obsolète Monsieur-je-sais-tout".
[1] Cet exemple ne reflète pas le niveau des questions / réponses de Jeopardy, lesquelles sont extrêmement complexes. Afin de poser les questions correspondantes aux réponses, les joueurs doivent posséder non seulement des connaissances dans un très large éventail de domaines mais également une grande vivacité d'esprit. De ce fait, Jeopardy ne ressemble à aucun autre jeu de culture générale. Néanmoins, dans le passé le jeu a connu des adaptations dans plusieurs pays. En France, il a été présenté par Philippe Risoli de 1989 à 1992 sur TF1. Au Québec, le jeu a été présenté par Réal Giguère sur le réseau TVA de 1991 jusqu'à 1993.
Nathalie Chaudun
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