Un aspect de l'affaire Snowden qui fait grand débat aux États-Unis, est la question de savoir si Edward Snowden peut être considéré comme un whistle-blower. Ce terme, dont l'acception littérale renvoie à une personne qui donne un coup de sifflet, a une connotation positive en anglais. Plusieurs textes protègent de tels individus aux États-Unis (depuis 1863) et ailleurs dans le monde, quand ils agissent dans le but de révéler aux autorités la malfaisance dont ils sont victimes ou de sensibiliser le public, les médias et les élus à une cause sanitaire, sociale ou économique, comme la corruption.
Snowden se dit motivé par la volonté de révéler les infamies et les pratiques malsaines de la NSA, (L'Agence nationale de la sécurité américaine). Mais, selon le gouvernement américain, pour prétendre à la qualité de whistle-blower, Snowden aurait dû rester aux États-Unis et se placer sous la protection des dispositions pertinentes du droit américain.
L'expression est imagée car elle évoque l'arbitre sportif qui, au cours d'une partie, donne un coup de sifflet pour signaler une faute ou une entorse au règlement.
L'Américain Ralph Nader (champion des droits des consommateurs et candidat indépendant à l'élection présidentielle américaine de 2008) a inventé ce terme en 1970 pour le distinguer des termes péjoratifs, « mouchard » ou « balance » - en anglais snitch ou grass, dans le langage des voyous, tell-tale ( rapporteur, cafteur) dans le langage des enfants ou informer (informateur), plus neutre.
Selon Wikipédia : « Le terme « lanceur d'alerte » a été inventé dans les années 1990 par les sociologues Francis Chateauraynaud et Didier Torny. Il a notamment été popularisé par le chercheur André Cicolella, lui-même un « lanceur d'alerte ».
La création de cette notion visait explicitement à la séparer de celles de dénonciateur (sincère) et de délateur (intéressé)…. Alors que le whistle-blower, qui s'inscrit dans la tradition juridique anglo-saxonne, désigne celui qui entend donner un coup d'arrêt à une action illégale ou irrégulière, le lanceur d'alerte a plutôt pour but de signaler un danger ou un risque, en interpellant les pouvoirs en place et en suscitant la prise de conscience de ses contemporains. »
Au Québec et au Canada francophone, le terme utilisé pour traduire whistle-blower est celui de dénonciateur – bien que le terme « lanceur d'alerte » ait été reconnu en 2006 dans la fiche dénonciation (domaine comptabilité) du Grand Dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française.
Dans un même ordre d'idées, l'écrivain René-Victor Pilhes avait intitulé L'Imprécateur son roman (Prix Femina 1974). Au siège social de la plus grande entreprise du monde, circulait soudainement un pamphlet qui jetait l'anathème sur les méthodes de gestion de la société. L'émoi était tel que les murs du bâtiment en venaient à se lézarder ! Le néologisme imprécateur ne fit pas florès et on le cherche toujours vainement dans les bons dictionnaires !
Lecture supplémentaire :
Les « lanceurs d'alerte », une longue tradition américaine.
Le Monde, 11.06.2013
Exil, prison, chômage... que sont devenus les lanceurs d'alerte ? Internaute
www.Whistleblogger.org
5 Stories on What Happens to Whistleblowers After They Speak Out
LONGREADS Official Blog
The Whistleblower's Handbook: A Step-by-Step Guide to Doing What's Right and Protecting Yourself
Stephen Martin Kohn
Lyons Press (March 15, 2011)
Seule contre tous ou La Dénonciation au Québec (The Whistleblower),
un thriller réalisé en 2010.
Jean L. & Jonathan G.
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