Première partie – le bitcoin
Le bitcoin est une devise virtuelle (une monnaie qui n'a pas d'existence physique) inventée par Satoshi Nakamoto, le pseudonyme de celui qui, en 2009-2010, a conçu et créé le bitcoin et le logiciel Bitcoin-Qt. Personne n'avait jamais entendu parler de lui avant l'avènement du bitcoin et il n'a laissé aucune trace après la création de cette monnaie.
La possibilité de réaliser un système international de transactions a beaucoup plu aux partisans du libertarianisme [1], qui veulent se débarrasser d'une mainmise excessive de la puissance publique sur leurs affaires. Pour faciliter l'achat et la vente des bitcoins, plusieurs entrepreneurs ont créé des bourses d'échange. Celles-ci agissent comme n'importe quelle banque : elles inscrivent des opérations au crédit ou au débit de leurs clients tout en percevant des commissions. À cette différence près que les clients ne peuvent retirer de l'argent en numéraire, puisqu'il s'agit d'une devise imaginaire. Toute personne qui possède un ordinateur peut non seulement acheter des bitcoins, mais aussi en "gagner" : un système basé sur un algorithme crée 25 bitcoins toutes les dix minutes. Le système est rigoureusement contrôlé afin d'éviter qu'un client n'en escroque un autre. Il s'appelle "de pair-à-pair".
Certains échanges ont servi à commettre des infractions financières. Selon Le Monde du 27 janvier, « Deux hommes ont été inculpés, à New York, pour avoir illicitement vendu des bitcoins, une monnaie virtuelle, destinés à l'achat en ligne de stupéfiants sur le site Silk Road, 'l'eBay de la drogue' ».
Néanmoins, la popularité du bitcoin reste grande auprès de ceux qui sont éblouis par les hausses spectaculaires de sa valeur au cours de ces dernières années, et qui préfèrent fermer les yeux sur sa volatilité.
Dans la seconde partie de cet article, que nous publierons dans une semaine, nous analyserons le coté linguistique des mots « coin » (français) et coin (anglais), qui sont des faux amis, bien qu'ils dérivent de la même source.
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[1] À ne pas confondre avec le libéralisme, le libertarianisme est une notion récente qui n'a pas encore droit de cité dans les dictionnaires généraux.
Commençons par rappeler que le libéralisme, dérivé de l'adjectif libéral, est une doctrine née sous la plume de penseurs du XVIIIe siècle qui, comme Quesnay, croient en l'existence d'un ordre naturel des choses. « Nature est un doux guide » disait déjà Montaigne, deux siècles plus tôt, et les problèmes économiques se résolvent donc par le libre jeu des forces du marché. Ces idées, reprises et développées par l'école anglaise (Adam Smith, David Ricardo et John Stuart Mill), façonneront l'idéologie dominante du XIX eme siècle. Le libéral est favorable aux libertés individuelles dans les domaines politique, économique et social. Son mot d'ordre est simple : « Laisser faire, laisser passer ».
Selon Wikipedia, le libertarianisme « est une philosophie politique prônant, au sein d'un système de propriété et de marché universel, la liberté individuelle en tant que droit naturel. La liberté est conçue par le libertarianisme comme une valeur fondamentale des rapports sociaux, des échanges économiques et du système politique. " Là encore, le substantif est dérivé de l'adjectif libertaire,"qui n'admet, ne reconnaît aucune limitation de la liberté individuelle en matière sociale, politique ou économique", selon le Petit Robert. L'idéologie libertaire va donc beaucoup plus loin et rejoint le slogan "il est interdit d'interdire" de mai 1968. Pas étonnant qu'elle salue l'invention du bitcoin !
Lecture supplémentaire :
Cryptocurrencies. Bitcoin is growing too fast for its technology to keep upThe Economist, 22 Febuary, 2014
Bitcoin and the history of money (5:30 minutes)
volatility - le mot anglais de l'année choisi par le blog "The Web of Language"
Notre article « Je vous fiche mon billet que cette pièce est vraie ».
Jean L. & Jonathan G.
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