Interview réalisée par Céline Ascas
Aujourd'hui, nous sommes heureux d'accueillir une nouvelle collaboratrice en la personne de Céline Ascas, qui possède deux DEAs (MASTERS), professeur de langues à Nice et de français aux États-Unis, et fondatrice de Céline Ascas-TheFrenchProfessor.com avec lequel Céline enseigne le français en ligne via Skype (Cours de français académique, cours de français pour professionnels et entreprises, cours de conversation française et cours pour obtenir un accent français "parisien"). Céline Ascas crée chaque cours spécialement pour chacun de ses élèves, adultes et enfants, en fonction de leurs aptitudes et objectifs. Céline Ascas offre aussi des services de traductions anglais/français et français/anglais ainsi que des révisions et corrections de textes en français. Céline a interrogé pour nous Patrick Cox.
Céline : À quel âge et dans quelles circonstances avez-vous découvert votre amour pour les langues? Comment avez-vous développé cet amour qui vous a mené à devenir le rédacteur linguistique de "The World" (Le monde), l'entreprise de radiodiffusion de langues diffusée dans les quatre coins du monde, et l'animateur de "World in Words" (Le monde en mots) qui fait partie du programme "The World" et qui est écouté partout dans le monde?
Patrick : C'est venu au fur et à mesure. Depuis que je suis journaliste (dès 1991), je fais des reportages sur des sujets liés aux langues. Mais ce n'est qu'à partir de 2007 que je me suis rendu compte que je pouvais m'y consacrer à temps plein. Ce n'est qu'à cette période que les projets ont démarré. J'ai proposé à mon patron Bob Ferrante, qui était à l'époque le producteur exécutif de "The World" de commencer un podcast sur les langues. Il était d'accord pour faire un essai. Dans sa première année, en 2008, le podcast a gagné un prix d'iTunes (celui des top 25 nouveaux podcasts), ce que nous a aidé à nous faire connaître. Aujourd'hui, nous sommes en terrain plus sûr: je suis le rédacteur linguistique de "The World", et le podcast reçoit des aides financières de National Endowment for the Humanities. [1]
Céline : Votre programme est une coproduction de PRI (Public Radio International) et de la BBC [British Broadcasting Corporation], deux des sociétés de radiodiffusion les plus connues et les plus influentes du monde. Dans combien de pays "The World in Words" est-il diffusé ?
Patrick : "The World in Words" est principalement un podcast disponible dans tous les formats de téléchargement classiques de podcast (comme avec iTunes ou Stitcher [2]), il peut donc être entendu partout dans le monde où ces formats de téléchargement sont disponibles. "The World in Words" (Le monde en mots) n'est pas diffusé dans le monde en tant que programme séparé, bien que de nombreux extraits du podcast aient été diffusés sous différentes formes dans le cadre de "The World".
Céline : Pouvez-vous décrire comment est-ce que vous sélectionnez des histoires d'actualité partout dans le monde et comment vous envoyez vos journalistes les couvrir? Combien de journalistes participent à cet effort?
Patrick : Je suis le seul journaliste dédié à notre bureau de langues, mais je travaille avec beaucoup de journalistes. Ils me donnent des idées ou je leur attribue des reportages (Je reçois aussi de plus en plus d'idées de la part d'auditeurs). Certains journalistes, comme Nina Porzucki et Matthew Bell, travaillent à "The World". D'autres, comme Alina Simone et Dalia Mortada, sont des journalistes indépendants. Quelques-uns, comme Josie Huang, travaillent pour des stations de radio publiques locales.
Je me tiens au courant des diverses questions linguistiques dans l'actualité de multiples façons: dans le fil des nouvelles, dans les flux RSS, avec Twitter et des blogs. Je lis beaucoup.
Céline : Avant d'être responsable de cette production à l'échelle mondiale, étiez-vous un laborieux journaliste de terrain? Et si c'est le cas, est-ce que vous pourriez partager avec nos lecteurs des actualités les plus mémorables que vous ayez recueillies?
Patrick : J'ai vécu dans quatre pays, mais je n'ai jamais été un journaliste de terrain dans ces pays. Au lieu de cela, j'ai voyagé pour des reportages – dans environ 25 pays parsemés sur 5 continents. J'ai interrogé un individu accusé de crimes de guerre en Serbie, un survivant de la bombe atomique d'Hiroshima, les femmes de soldats polonais basés en Iraq, un chef rebelle cosaque en Moldavie, des immigrés illégaux à la frontière des Etats-Unis et du Mexique, une vedette de cinéma au Bangladesh et plusieurs joueurs de l'équipe nationale américaine de football lors des quarts de finale de la Coupe de Monde 2002 en Corée du Sud.
Céline : Vous qui êtes anglais mais qui avez été en poste à Boston aux Etats-Unis depuis 1995, comment décririez-vous le fossé entre la langue anglaise et la langue américaine en ce qui concerne les accents, l'orthographe et d'autres aspects de la langue à nos lecteurs francophones?
Patrick : J'ai commencé à travailler pour "The World" en 1998, trois ans après m'être installé sur Boston. A quel point l'anglais et l'américain sont-ils différents? Tout dépend de la façon dont je me sens le jour donné. La plupart du temps, il me semble évident que nous parlons tous une langue avec relativement peu de variations. Il est rare qu'un anglais et un américain ne se comprennent pas – du moins du fait de la langue qu'ils parlent. Par contre, il y a des jours où l'étang entre les deux nations devient un vaste océan linguistique - quand chaque mot, chaque phrase, chaque métaphore détient une association différente et un sens différent. Ces jours-là, la similarité entre l'anglais et l'américain est trompeuse, pour ne pas dire traître.
Je trouve les différences d'accents et d'orthographe moins déconcertantes: l'anglais et l'américain sont tous les deux remplis d'une variété de prononciations et d'orthographes anarchiques.
Céline : Étant donné que l'anglais est la langue maternelle, ou lingua franca, non seulement en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne, mais aussi dans des pays lointains comme l'Australie, l'Inde/ le Pakistan, etc. (mais pas dans autant de pays où le français est parlé), il est commun de parler des «anglais du monde» ("Englishes"). Est-ce que ce pot-pourri enrichit l'anglais? Il y-t-il aussi des influences néfastes à l'œuvre en ce qui concerne des règles et structures de base que certains tiennent toujours à cœur?
Patrick : Je ne perçois pas ces développements comme étant « positifs » ou « négatifs ». Il est clair qu'il y a beaucoup de langues anglaises, et qu'elles ne sont pas toutes entièrement et mutuellement intelligibles. De nos jours, il y a plus de locuteurs qui parlent anglais en deuxième langue que de locuteurs dont l'anglais est langue maternelle.
L'anglais est sans aucun doute plus ouvert à absorber des mots étrangers, et même des constructions grammaticales, que d'autres langues européennes postcoloniales; les anglophones ne les considèrent pas comme des menaces. Et ce n'est pas plus mal parce que ces importations linguistiques donnent un souffle nouveau à l'anglais. Depuis le tout début, l'anglais est une langue bâtarde; il faudra qu'elle le reste pour prospérer.
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[1] NEH est une agence indépendante d'octroi de subventions du gouvernement des États-Unis dédiée à soutenir l'excellence des arts.
[2] Stitcher est un service de radio internet sur demande qui se concentre sur l'actualité et l'information radio et podcast. Il offre des services gratuits par l'intermédiaire de son site et d'applications de téléphone disponibles sur IPhone, Android et Blackberry.
Lecture supplémentaire :
The World in Words - http://www.pri.org/collections/world-words
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