photo: The Independant Jonathan Meades, intellectuel anglais, s'est bâti une solide réputation auprès du public britannique et de l'étranger, notamment dans les domaines de la gastronomie, de l'architecture, du documentaire (environ 25 films pour la télévision) et de l'écriture. Parmi toutes ses activités professionnelles, il a notamment été critique culinaire au Times de Londres pendant de nombreuses années.
M. Meades a eu la gentillesse d'accepter une invitation à notre rubrique " Linguiste du mois". |
Nous la remercions infiniment pour sa précieuse aide. Son parcours universitaire et professionnel comprend le journalisme, la traduction et la révision. Isabelle est diplômée de l'Université McGill en traduction. Elle habite à Oakland, en Californie. Il s'agit d'une première publication sur ce blogue pour Isabelle, le jour même de son anniversaire. Nous serons très heureux de voir cette coopération
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LMJ : Votre recherche sur des aspects inusités de l'architecture est bien connue du public grâce à plusieurs séries télévisées, dont la première était Abroad in Britain (offerte en format DVD). Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs français la singularité du titre et la raison de son choix ? M. Meades : Mes sujets britanniques ont toujours été provinciaux. Pour quelqu'un comme moi ayant vécu toute sa vie d'adulte à Londres sauf les sept dernières années, les provinces britanniques sont des territoires étrangers, elles sont abroad… LMJ : Dans un documentaire diffusé à la télévision en deux parties et intitulé Magnetic North, vous présentez au public britannique des aspects méconnus des pays du nord de l'Europe. Étant donné que de nombreux Britanniques ont voyagé dans ces pays, quelle recherche avez-vous effectuée afin de trouver du matériel qui serait inédit pour les téléspectateurs ? M. Meades :C'est très simple, la plupart des Britanniques ignorent tout du nord de l'Europe. Les Britanniques qui voyagent en Europe vont en Espagne, en France, en Italie. Presque tout ce que j'ai choisi de leur montrer était donc nouveau pour eux. De plus, ce documentaire n'était pas un journal de voyage, mais, comme la plupart de mes travaux, un essai polémique.
LMJ : En 2012, BBC4 a diffusé la série Jonathan Meades on France, dans laquelle vous visitez votre « second pays ». Vous semblez avoir adopté cette citation fréquemment attribuée à Benjamin Franklin : « Tout homme a deux patries : la sienne et puis la France ». Vous qui connaissez si bien de nombreux pays européens, qu'est-ce qui explique votre fascination pour la France ? M. Meades : La plupart du temps, cette citation est faussement attribuée à Thomas Jefferson. Cependant, il s'agit d'une réplique du personnage de Charlemagne dans une pièce de théâtre écrite par le dramaturge français, Henri de Bornier à la fin du 19e siècle. C'est un énoncé très chauvin qu'on ne doit pas prendre au sérieux... J'admire le républicanisme français.
LMJ : Vous avez récemment écrit un article intitulé So frenchy, so touchy, about the English language, qui a été publié dans le quotidien britannique The Guardian. Dans cet article, vous suggérez aux Français d'accepter l'influence de l'anglais sur leur langue. Vous avez écrit : « Ce qui est […] particulier, c'est cet entêtement digne du roi Canute dont fait preuve une certaine strate de la société française, laquelle refuse d'admettre que les langues sont des organismes hybrides et que l'idéal de pureté linguistique est aussi inatteignable qu'indésirable ». Mais ne croyez-vous pas qu'il est légitime que de nombreux Français, constatant une tendance à l'adoption servile de l'anglais, craignent de voir leur langue et leur culture menacées ? M. Meades :Le risque que les Français « adoptent servilement » quelque chose qu'ils ne veulent pas adopter est nul.
LMJ : Vous avez publié une dizaine d'ouvrages, notamment Filthy English, un recueil de nouvelles et votre premier livre de fiction. Stephen Fry affirme que personne ne comprend l'Angleterre mieux que vous. Cependant, un lecteur a décrit votre livre de la manière suivante : « C'est comme un menu qui comprend du foie gras poêlé et sa réduction de framboises, suivi d'un confit de canard et sa réduction de cerises, et pour finir, une crêpe Suzette. Tous ces plats sont délicieux, mais non leur accumulation dans un même repas ». Que pensez-vous de cette opinion exprimée par des termes culinaires ? Un autre lecteur a dit qu'il n'avait compris qu'un mot sur trois. Votre style peut-il être trop précieux pour la société d'aujourd'hui ? En d'autres termes, est-ce que ce livre est principalement destiné à un public de lettrés ?
M. Meades : Je méprise les écrivains qui se préoccupent de ce que disent leurs lecteurs, particulièrement lorsqu'ils s'expriment d'une manière si lourde.
Lectures supplémentaires : Sharp Suits and Sparkle: Jonathan Meades On Acid, Space and Place Incest and Morris Dancing, |
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