Dans un article publié il y a un an, nous avions présenté et analysé le mot anglais phubbing, inventé par un groupe d'universitaires australiens pour décrire le comportement antisocial consistant à utiliser son portable sans égard aucun pour l'entourage. Il s'agit du néologisme phubbing - contraction des mots anglais phone (téléphone) et snubbing (repousser, rabrouer). Celui qui se comporte ainsi est un phubber.
Ceux qui arrivent par chance ou au prix d'efforts surhumains à se détacher de leur portable risquent de souffrir de nomophobia, une contraction des mots no mobile phobia (en français, nomophobie), terme qui désigne l'angoisse née de l'absence de téléphone portable. Selon le site linguistique, World Wide Words : "C'est épouvantablement pseudo-grec, mais il n'existe pas de terme classique désignant le fait d'être sans téléphone."
Selon un sondage effectué en Grande-Bretagne en 2008 et répété en 2012, le nombre de personnes souffrant de nomophobia est passé entre ces deux dates de 53 à 67%. Ce dernier chiffre est composé de 70% pour les hommes et de 61% pour les femmes. Mais cette différence peut s'expliquer par le fait que davantage d'hommes possèdent deux portables et, par conséquent, se trouvent moins déconnectés de deux appareils à la fois.
D'autres statistiques, provenant d'un sondage réalisé pour le Poste britannique, montrent que 55% des 2000 personnes interrogées répondent qu'elles n'éteignent jamais leurs portables.
Dans un sondage américain de la société TelNav Inc., 22% d'utilisateurs de portables (dont 40% étaient des propriétaires d'i-Phones) ont répondu qu'ils préféraient renoncer à leur brosse à dents qu'à leur portable. 11% préféraient sortir de chez eux sans slip que sans portable. En outre, 66% de ces utilisateurs dorment avec leur portable à côté d'eux.
Dans d'autres études, de jeunes adultes ont signalé des symptômes de sevrage physique et mental quand ils ont été séparés de leur téléphone. Ils commencent à entendre des sonneries fantômes, ils s'irritent pour un rien et ont des maux de tête.
Le psychologue Michael Fenichel, spécialiste de l'addiction à la technologie, pose une série de questions, dont les suivantes :
Êtes-vous déprimé après avoir éteint votre portable?
Quand l'avion atterrit, ouvrez-vous le portable tout de suite pour voir si vous avez raté des messages?
Au travail ou à la maison, négligez-vous vos devoirs pour vous connecter à la Toile sur votre portable?
Selon vos réponses, vous pouvez vous considérer accros au portable.
L'Américain David Greenfeld, Directeur du Centre d'Addiction à l'Internet et à la technologie, parle d'une épidémie en cours de formation. « Nous ne voyons que la partie visible de l'iceberg », dit-il.
Pour ceux qui, ne pouvant pas se débarrasser de cette maladie, n'en cherchent pas moins une solution, il existe un remède radical qui s'appelle digital detox (la désintoxication numérique).
L'Oxford Dictionnaires définit digital detox comme suite :
A period of time during which a person refrains from using electronic devices such as smartphones or computers, regarded as an opportunity to reduce stress or to focus on social interaction in the physical world. Example: Break free of your devices and go on a digital detox.
Une société dans la Californie, nommée Digital Detox, propose aux numérico-toxicomanes des séjours à la campagne de trois jours. Règlement de ces séjours : pas de téléphone, pas d'ordinateur ou de tablette, pas de montre. Défendu de parler de travail ou d'âge avec les autres participants dont les noms doivent rester secrets.
Maïté Baron, une Française fondatrice d'une société britannique, The Corporate Escape, offre les conseils suivants pour éviter le stress: "Take the TV out of your home. Read one newspaper a week. It's the same news, repeated every day. Check private email maximum twice a day, and never when you're at work."
Dans un article paru sous le titre « Digital Detox, a Tech-Free Retreat for Internet Addicts", le site businessweek.com raconte l'histoire d'une jeune femme qui n'a cessé de se chamailler avec sa douce moitié - au moyen de textos. C'est plus commode, explique-t-elle, d'être méchant de cette façon-là que face à face.
Dans un programme diffusé par la radio publique américaine, NPR, « Digital Detox » la première règle, parmi d'autres, du régime de Digital Detox est d'éloigner le portable.
Si vous nous permettez de mettre notre grain de sel, voici ce que nous voudrions ajouter : après de bonnes vacances, sans aucun contact avec le monde numérique, dès que vous serez de retour chez vous, ne manquez pas de consulter le blog www.Le-mot-juste-en-anglais.com pour vous tenir à jour de tous les événements importants que vous avez manqués pendant votre absence !
---------------------------------------------
Lectures supplémentaires :
Being glued to your cell is a problem, experts say
Chicago Tribune News, 18 January 2012
66% of the population suffer from Nomophobia, the fear of being without their phone
Securenvoy, 16 Februaury 2012
Digital detox, le jeune des hyperconnectés
Le Monde, 10.03.2015
Jean L. & Jonathan G.
Commentaires