Comme nous l'avons déjà vu dans un article de ce blog qui rendait compte des résultats du championnat d'orthographe des États-Unis, des mots anglais obéissent à très peu de règles et leur orthographe paraît souvent arbitraire. Ainsi, les trois vocables ci-dessus s'écrivent différemment.
Le dramaturge irlandais George Bernard Shaw aurait dit, par boutade, que le mot "fish" pourrait s'écrire "ghoti" si l'on utilise les lettres "gh" telles qu'elle sont prononcée dans le mot "enough", la lettre "o" telle qu'elle est prononcée dans le mot "women" et les lettres "ti" telles qu'elles sont prononcées dans le mot "action".
(Les choses se compliquent encore lorsque l'orthographe n'est pas la même de part et d'autre de l'Atlantique, comme c'est le cas pour le prétérit et le passé composé de to spell qui s'écrivent spelt au Royaume-Uni et spelled aux États-Unis).
Freebie est une version modernisée de freeby, terme apparu en 1928 et signifiant gratuit. Cette orthographe est maintenant désuète.
Le dictionnaire numérique OxfordDictionaries.com définit freebie en ces termes : "(informal) A thing that is provided or given free of charge." Le site www.Freebies.com se présente ainsi : " Le meilleur endroit pour avoir quelque chose pour rien."
Mais il convient de distinguer ce mot de ses deux synonymes, gift et present, non seulement parce qu'il se situe à un registre inférieur (d'où le qualificatif d'informel), mais aussi parce qu'on ne l'utilise pas pour désigner des dons ordinaires, mais habituellement pour une prime que l'on ne s'attend pas à recevoir.
En Californie, c'est un terme de métier dans l'interprétation dans le domaine juridique. L'intervention d'un interprète est habituellement tarifée à la journée ou à la demi-journée. Dans les tribunaux de l'État de Californie, l'État fournit des interprètes à tout plaideur d'un procès pénal qui sollicite leur concours. (Dans les affaires pénales quand les audiences sont de longue durée, deux interprètes se relayent toutes les vingt minutes, reconnaissant ainsi la pénibilité du travail d'interprète). Au civil, les avocats doivent requérir et rétribuer les services d'un interprète chaque fois que cela est nécessaire et quelle que soit la langue étrangère. Si les clients entendent se passer des services d'un interprète, ils doivent en faire part au moins 24 heures à l'avance. Si ce préavis n'est pas respecté ou si l'intervenant non anglophone pour lequel les services d'un interprète ont été retenus ne se présente pas à l'audience ou lors d'une déposition, l'interprète doit être payé en totalité. Lorsqu'un interprète reçoit un préavis de moins de 24 heures ou se fait "poser un lapin" [1] et qu'il est finalement payé pour des services qu'il n'a pas rendus, ce paiement est ce qu'on appelle une freebie. [2] Pour employer une expression idiomatique anglaise, l'émolument versé en pareil cas est dit money for jam (de l'argent gagné sans peine).
Le mot frisbee (comme frigidaire, kleenex, scotch ou rustine) est une marque déposée, propriété d'une entreprise (Wham-O Inc., en l'occurrence) qui est utilisée dans un sens générique pour désigner n'importe quel disque de plastique que l'on peut lancer à un partenaire (ou à un chien) pour jouer.
La Frisbie Baking Company(1871-1958) de Bridgeport (Connecticut), fabriquait des tartes qui étaient vendues dans de nombreux collèges d'enseignement supérieur de Nouvelle-Angleterre. Les étudiants qui les consommaient ne furent pas longs à découvrir que les moules de fer blanc vides pouvaient être lancés et rattrapés, procurant des heures de distraction. En 1948, un inspecteur des bâtiments de Los Angeles dénommé Walter Frederick Morrisson et son associé Warren Franscioni inventèrent une version en plastique du Frisbie qui pouvait voler plus loin et de façon plus précise qu'un moule en fer blanc. Par la suite, la société Wham-O modifia l'orthographe et commercialisa le jeu. Dans les années 1960, le Frisbee, de même que le Hula Hoop, tous deux fabriqués par la même société, ont suscité un grand engouement qui dure encore de nos jours. Plus de cent millions de ces objets ont été vendus.
En 1967, des élèves du secondaire du New Jersey ont inventé l'Ultimate Frisbee qui est un sport reconnu combinant le football américain, le football Association et le basketball. Dix ans plus tard, une sorte de Frisbee golf a été lancée, avec des cours de pratique professionnelle et des associations. (Source: The First Flight of the Frisbee®)
Le mot anglais Phoebe (epelé aussi Phoibe), dont la prononciation rime avec Frisbee et freebie, est utilisé dans toutes sortes de contextes.
Dans la mythologie grecque, le "brillant, rayonnant et prophétique" Phébus était l'un des premiers titans qui étaient fils et filles d'Ouranos et de Gaia. Les noms de Phébé (ou Phoibé), la titanide, et de Phébus, le titan, en vinrent à désigner respectivement Artémis et Apollon (ou encore Séléné et Hélios).
Elle fut la troisième déesse à détenir l'oracle de Delphes qu'elle offrit à son petit-fils Apollon en cadeau d'anniversaire. [3]
En anglais et dans un autre sens, phoebe (en français Sayornis), désigne un petit groupe d'oiseaux insectivores de taille moyenne, appartenant à la famille des tyrans.
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[1] En anglais - "to stand [somebody] up"
[2] Les interprètes savent bien mieux se défendre que leurs collègues traducteurs. En effet, le traducteur indépendant à qui on annonce l'arrivée imminente d'un document prétendument urgent, et que l'on fait ensuite lanterner pendant plusieurs jours, ne pourra prétendre à aucune indemnité !
[3] …un des noms d'Apollon, dieu du soleil et des arts, phébus, s'est dit au XVIIe siècle d'une langue recherchée et précieuse, d'un style obscur et ampoulé. L'expression parler phébus se trouve déjà chez Mathurin Régnier, au début du XVIIe siècle et, à la fin du XVIIe siècle, La Bruyère se moque des « diseurs de phébus ».
Jean L. & Jonathan G.
Bravo pour les tribunaux californiens, soucieux de leurs interprètes. A Genève, nous sommes toujours à interpréter seuls, et ceci pendant des heures. Cela m'est arrivée de travailler 8 heures d'affilée. Voilà qui mérite réflexion quant au rôle assigné à notre profession ici. Bien à vous,
Magdalena
Rédigé par : M. Chrusciel | 06/03/2015 à 00:32