L'art d'être grand-père : un auteur, des chats et des petits-enfants
L'article a été rédigé en anglais et traduit en français par Jean Leclercq, dont la petite-fille Juliette pose ici avec son chat Rebus.
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James Augustine Aloysius Joyce, l'un des romanciers les plus influents du 20e siècle, est né à Dublin en 1882. Vingt ans plus tard, en 1902, il obtient son diplôme d'University College Dublin où il a étudié l'anglais, le français et l'italien. Il s'intalle à Paris pour faire sa médecine, mais rentre peu après au pays lorsque sa mère tombe malade et meurt. La vie est alors dure pour Joyce qui tente de gagner sa vie tout en écrivant sa première nouvelle, A Portrait of the Artist (Portrait de l'Artiste), inspiré de son enfance et de sa jeunesse à Dublin, et qui ne sera publiée qu'en 1916 sous le titre : A Portrait of the Artist as a Young Man (Portrait de l'Artiste Jeune).
71, bd. Gouvion St. Cyr, Paris 16e
En 1904, Joyce rencontre Nora Barnacle et ils partent en Europe où ils vont finalement passer le reste de leur vie. Ils habitent d'abord à Zurich, puis à Trieste (alors autrichienne) où ils passent dix ans et où naissent leurs deux anfants.
Pendant cette période, Joyce gagne sa vie en enseignant et en écrivant, et ce sont ceux qu'il rencontre alors qui inspireront bon nombre des personnages de ses futurs romans.
statue de Joyce à Trieste
L'année 1915 marque un tournant dans sa carrière puisqu'il regagne Zurich et fait la connaissance de l'éditrice anglaise Harriet Shaw Weaver. Elle le protégera pendant 25 ans, ce qui lui permettra de cesser d'enseigner et de se consacrer à l'écriture. Au cours des cinq années qui suivent, il écrit un drame Exiles (Les Exilés), publie A Portrait of the Artist as a Young Man et entreprend l'écriture de son roman novateur, Ulysses.
Ce qu'on sait peut-être moins, c'est que Joyce et sa famille ont vécu à Paris de 1920 à 1940. Pendant ces vingt ans, Joyce achève Ulysses, mais éprouve des difficultés à le publier par suite des accusations d'obscénité portées contre lui aux États-Unis. Finalement, le livre est publié à Paris en 1922 [1], au 12, rue de l'Odéon, par Sylvia Beach , la propriétaire de Shakespeare & Co, la librairie bien connue, aujourd'hui installée au 37, rue de la Bûcherie, près de Notre-Dame. [2]
Joyce avec Sylvia Beach et Adrienne
Monnier, les deux editrices de "Ulysses"
Plus tard cette année-là, la bienfaitrice de Joyce, Harriet Shaw Weaver, publie le roman à Londres. Mais, aux États-Unis, l'ouvrage ne paraîtra qu'en 1933.
Ulysses contient environ 265.000 mots et un lexique de 30.030 termes. Depuis sa parution, ce livre alimente une controverse, sans parler des accusations initiales d'obscénité dont il fut l'objet.
La technique littéraire du courant de conscience utilisée dans Ulysses, de même que la structure adoptée et la prose expérimentale, fourmillant de jeux de mots, de parodies et d'allusions, joints à de riches évocations de la nature humaine et à un humour grivois, font de ce livre l'un des plus importants ouvrages de la littérature moderniste, sinon l'un des plus difficiles à lire.
Après la publication d'Ulysses, Joyce écrit et publie Finnegan's Wake (La Veillée de Finnegan) en 1939. Il meurt à Zurich en 1941, laissant sa veuve, Nora, son fils Giorgio et sa fille Lucia.
Parution récente d'un conte pour enfants
En août 1936, Joyce envoie un "petit chat rempli de friandises" à son petit-fils de quatre ans, Stephen, James Joyce qui habite à Paris. Le 5 septembre suivant, il lui adresse une lettre contenant un poème qu'il a intitulé The Cats of Copenhagen. (Quelques semaines plus tard, Joyce écrit un second conte intitulé : The Cat and the Devil, le seul autre exemple connu de conte pour enfants que l'auteur ait écrit).
Par la suite, le demi-frère de Stephen Joyce fait don de la lettre (et du poème) à la Fondation James Joyce de Zurich. Toutefois, le poème n'a été publié qu'en 2012, par suite d'un différend avec la Fondation Joyce qui soutenait que le poème avait été copié sans sa permission.
En Europe, les œuvres publiées de Joyce sont tombées dans le domaine public le 1er janvier 2012, et le délicieux petit livre The Cats of Copenhagen a finalement été publié en Angleterre par Ithys Press et, aux États-Unis, chez Scribner. Traduit et préfacé par Charles Dantzig, Les Chats de Copenhague est paru en France chez Grasset & Fasquelle, en 2013.
Le livre de 32 pages est illustré par l'artisre américain Casey Sorrow. Le poème de Joyce peut être lu à deux niveaux : celui d'un conte pour enfants et celui d'une description cynique des détenteurs de l'autorité (dépeints comme des "gros chats") dans la capitale danoise.
Cynthia Hazelton traduction Jean Leclercq
Note de la Rédaction
Fondation James Joyce de Zurich
[1] Extrait du site Web de l'éditeur
Lecture supplementaire :
In the Footsteps of James Joyce Paris
The New York Times, January 17, 1982
Deux icones littéraires ont disparu : George Whitman (98 ans) et Christopherf Hitchins (62 ans)
James Joyce Quarterly
The University of Tulsa
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