"Napoleon has humbugged me, by God".
The Duke of Wellington, 18 June 1815
(« Bon sang, Napoléon m'a berné ».
Le duc de Wellington, 18 juin 1815)
Cette année marque l'anniversaire de deux batailles importantes : celle de Marignan, en 1515, où les troupes du roi de France François 1er défirent les forces de la Confédération suisse (les fameux Colins-Tampons) [1] et celle de la bataille de Waterloo, en 1815 (époque à laquelle la Belgique actuelle faisait partie du Royaume-Uni des Pays-Bas), où l'action conjuguée des forces du duc Arthur Wellesley de Wellington et du général prussien Gebhard Blücher von Wahlstatt battent Napoléon près de la commune de Waterloo.[2]
Les sanglantes batailles du passé ont récemment cédé la place à des conflits qui ont pour théâtre le monde plus feutré de la numismatique. Un peu plus tôt cette année, la France et l'Italie ont opposé leur veto à un projet belge de frapper une pièce de deux euros célébrant la bataille de Waterloo. La Belgique tourna la difficulté en émettant sa propre pièce de 2,5€, n'ayant valeur légale qu'en Belgique, comme la législation monétaire de l'Union européenne l'y autorise. La pièce représente le lion belge figurant dans les armoiries du pays.
La Leo Belgicus va-t-elle être un casus belli entre la France et la Belgique? Certains spectateurs contemplent ces événements avec le sourire. Ceux qui jugent infantile cette bataille des pièces de monnaie trouveront peut-être opportune cette bataille de Waterloo version Lego :
À ceux de nos lecteurs qui préfèrent aborder plus sérieusement les événements de 1815, nous offrons une excellente étude historique de la bataille de Waterloo. Ils y trouveront un vaste panorama couvrant non seulement la bataille elle-même, mais aussi ce qui l'a précédée et ce qui en a découlé (56 minutes). (Avertissement au spectateur : il s'agit d'une analyse présentée du côté britannique).
Mais, revenons à nos moutons et à l'année 2015. La question qui reste à poser est la suivante : l'Italie doit-elle frapper sa propre pièce (ou peut-être son billet de 99,50€) à usage interne, pour célébrer la bataille de Marignan qui eut lieu les 13 et 14 septembre 1515 ? Les autorités italiennes ont encore trois mois pour réfléchir à ce grave problème.
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[1] La victoire de Marignan remportée sur les Suisses, réputés invincibles, engendra l'expression se moquer d'une chose comme de Colin-Tampon, c'est-à-dire comme d'une guigne, n'en faire aucun cas, n'y attacher aucune importance. Par allusion à la marche des tambours suisses, baptisée par dérision le Colin-Tampon. Par la suite, l'expression les Colins-Tampons en vint à désigner les Suisses eux-mêmes.
C'est à cet endroit que les Britanniques et leurs alliés prusso-néerlandais affrontèrent l'armée de Napoléon à la bataille dite de Waterloo, le 18 juin 1815. En fait, la bataille eut lieu à Mont-Saint-Jean et c'est sous ce nom qu'on la connut d'abord en France. Cependant, le duc de Wellington s'étant installé dans une auberge de la localité voisine de Waterloo et y ayant signé son bulletin de victoire, c'est ce nom que l'histoire a retenu. Détail piquant, lors de la reconstitution du bicentenaire organisée cette année dans la “morne plaine” : le plus fort contingent de reconstitueurs a été fourni par la Napoleonic Association de Londres qui a envoyé 800 de ses membres, tous en uniformes français !
Jonathan G.
Notes linguistiques :
1. Expressions idiomatiques anglaises inspirées de faits militaires
To meet one's Waterloo - tomber sur un bec, essuyer un revers fatal
- comme ce fut le cas pour Napoléon à Waterloo.
To cross the Rubicon Franchir le Rubicon, sauter le pas décisif
- comme César à la conquête de Rome
Pyhrric victory Une victoire à la Pyrrhus
- une victoire qui coûte plus cher qu'une défaite
Trojan horse Un cheval de Troie - un leurre qui permet de tromper l'ennemi, tel le cheval géant
- utilisé par les Grecs pour forcer l'entrée de la ville de Troie.
2. Définitions :
Beef Wellington : c'est un rôti en croûte.
L’origine du nom de la recette n’est pas claire. Certaines hypothèses suggèrent qu’elle doit son nom au premier duc de Wellington, Arthur Wellesley, qui aurait raffolé d’un plat de bœuf agrémenté de truffes, de champignons, de Madere et de pâté cuit en croûte. D’autres évoquent une volonté d’angliciser le nom du filet de bœuf en croûte pendant les guerres napoléoniennes. (Wikipedia)
Wellington boot :
La botte Wellington est une chaussure inspirée des bottes de cuir hessienne. Arthur Wellesley, premier duc de Wellington, en lança la mode. Au début du 19ème siècle, la botte "Wellington" devint un élément constitutif de la tenue de chasse et de plein air des aristocrates britanniques. On la connaît également sous les noms de : rubber boots, wellies, wellingtons, topboots, billy-boots, gumboots, gumbies, rainboots, Alaskan Sneakers, kboots.
Note historique : le 18 juin 1815
On épiloguera longtemps encore sur la bataille de Waterloo et sur les causes du désastre. Est-ce la météo épouvantable ou une malencontreuse crise d'hémorroïdes qui tourmenta l'Empereur au point d'annihiler son sens de la manœuvre ? Les chiffres sont là, et ils sont têtus. Du côté français, 59.000 fantassins, 12.600 cavaliers et 246 canons. En face, chez les Alliés (Britanniques, Néerlandais et Prussiens), 110.000 fantassins, 12.000 cavaliers et 156 canons. Ce devait être l'ultime combat, la mère des batailles. Depuis des semaines, Napoléon refoulait les Alliés vers le Nord. Quelques jours avant, il a battu les Prussiens à Ligny et laissé 30.000 hommes (dont beaucoup de cavaliers) au marquis de Grouchy pour achever la besogne. Celui-ci n'en fit rien et d'aucuns soutiennent qu'il traita même avec Blücher, lequel parvint à se reconstituer et à déboucher sur le flanc droit français au moment décisif de la bataille. Certes, Berthier, le metteur en scène de la stratégie impériale, s'était suicidé et faisait cruellement défaut. Surtout, le cœur n'y était plus. Les troupes françaises étaient exténuées et leurs chefs aspiraient au repos du guerrier. Comme me le disait un ami corse, pourtant grand admirateur de Napoléon : « Que voulez-vous, il fallait bien que cela finisse un jour ! ».
Lecture supplémentaire :
Le 18 juin d'une autre année : l'appel à la résistance du général de Gaulle
Britain beware - Brexit could be your Waterloo.
Le Monde, 18 juin 2015
Jean L.
Commentaire de Beila Goldberg de Bruxelles:
J’ai trouvé cet article très bien documenté avec sa pointe d’humour dont les plumes de Jonathan et Jean ne sont jamais dépourvues.
Je ne suis pas stratège et j'ignore tout des trahisons, mais, je penche pour l'importance du mauvais temps pour des soldats exténués, sachant ce que veulent dire pluie et vent dans cette morne plaine qui est celle de Mont-Saint-Jean et non de Waterloo, comme l'a chanté Victor Hugo.
Et un 18 juin peut même être froid en Belgique. Ce qu'il a été cette année.
Sur la chaîne Deux française, il y a eu ce commentaire : cette bataille aura marqué la fin d’une époque et le début d'une autre.
Et je pense que c’est plus cela qui est célébré même s’il y a les inconditionnels de la Bataille qui y jouent toujours que ce soit sur le terrain ou avec des soldats de plomb.
Une bataille qualifiée de véritable boucherie et qui aura changé le cours de l’Histoire.
Avec des si Napoléon avait gagné, on peut imaginer ce que l’on veut, mais je doute que la Belgique, pays complètement bâtard, existe dans son tracé actuel.
Waterloo à l'époque était encore séparé de Bruxelles par la Forêt de Soignes.
Victor Hugo a vécu 500 jours d'exil à Bruxelles, il a aussi séjourné à Waterloo.
C'est à Bruxelles qu'il a rédigé Les Misérables, c'est aussi à Bruxelles qu'ils ont été publiés.
J’ai trouvé cet article très bien documenté avec sa pointe d’humour dont les plumes de Jonathan et Jean ne sont jamais dépourvues.
Je ne suis pas stratège et j'ignore tout des trahisons, mais, je penche pour l'importance du mauvais temps pour des soldats exténués, sachant ce que veulent dire pluie et vent dans cette morne plaine qui est celle de Mont-Saint-Jean et non de Waterloo, comme l'a chanté Victor Hugo.
Et un 18 juin peut même être froid en Belgique. Ce qu'il a été cette année.
Sur la chaîne Deux française, il y a eu ce commentaire : cette bataille aura marqué la fin d’une époque et le début d'une autre.
Et je pense que c’est plus cela qui est célébré même s’il y a les inconditionnels de la Bataille qui y jouent toujours que ce soit sur le terrain ou avec des soldats de plomb.
Une bataille qualifiée de véritable boucherie et qui aura changé le cours de l’Histoire.
Avec des si Napoléon avait gagné, on peut imaginer ce que l’on veut, mais je doute que la Belgique, pays complètement bâtard, existe dans son tracé actuel.
Waterloo à l'époque était encore séparé de Bruxelles par la Forêt de Soignes.
Victor Hugo a vécu 500 jours d'exil à Bruxelles, il a aussi séjourné à Waterloo.
C'est à Bruxelles qu'il a rédigé Les Misérables, c'est aussi à Bruxelles qu'ils ont été publiés.
Rédigé par : Beila Goldberg | 20/06/2015 à 08:26