Ce mois-ci, nous accueillons Monsieur David Jemielity, chef des services de traduction de la Banque Cantonale Vaudoise (BCV), et chargé d’enseignement à la Faculté de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Genève, qui a bien voulu nous recevoir au siège de la banque, à Lausanne (Suisse).
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LMJ : Monsieur Jemielity, vous êtes né et vous avez grandi dans les plaines de l'Indiana. Après de brillantes études à Amherst et à Oxford, vous vous êtes orienté vers la traduction, d'abord en freelance puis en entrant à la BCV en 2002. Vous êtes maintenant traducteur en chef de cette grande banque régionale suisse. En plus, vous jouez un rôle important dans la communication en langue française de la BCV, étant le responsable de sa campagne de communication institutionnelle 2015-2018, projet dont vous avez également assuré la direction éditoriale. Avouez que ce parcours n'est pas banal ! Comment êtes-vous arrivé à ces importantes responsabilités qui concernent maintenant aussi bien la création de contenus que leur traduction ?
Banque Cantonale Vaudoise, Lausanne
DCJ : Figurez-vous que tout a commencé avec trois écrivains du 18ème siècle, David Hume, Jonathan Swift et Laurence Sterne. J'étais fasciné dès mes études de licence par la philosophie « empirico-sceptique » de Hume, la satire « pyrotechnique » de Swift et le mélange des deux qu'on retrouve chez Sterne. Puis j'ai eu envie, vers la fin de mes études post-grades, de mieux connaître leur proche cousin francophone, Diderot, pour consacrer une partie d'une thèse de doctorat aux rapports entre son œuvre et celle de Sterne. Seulement, je ne parlais que peu le français. (Bien que j'aie suivi quelques cours de français à l'université, mes études portaient sur la littérature anglaise et la philosophie.)
Un séjour en terre francophone s'imposait donc. J'ai intégré successivement les universités de Paris, Lausanne, Genève et Neuchâtel, en tant que Lecteur ou Assistant, en enseignant principalement la littérature anglaise, surtout celle du XVIIIème. Et c'est comme ça que j'ai eu l'occasion de mieux apprendre le français et de m'intéresser à la traduction.
Quant au fait de m'être vu confier des responsabilités dans la création de contenus en langue française, à mon avis il s'agit finalement presque d'un corollaire logique de l'approche de la traduction qui est la mienne, où tout tourne autour des objectifs et enjeux de communication des contenus à traduire. D'ailleurs, dans l'équipe on est plusieurs à créer des contenus pour la BCV en plus d'en traduire : ma collègue anglophone Rosie Wells à conçu et écrit toute une section de notre site web à l'attention des nouveaux arrivants dans le Canton de Vaud, et notre traductrice francophone Belen Tartaglia crée très régulièrement des textes en langue française pour la banque. Nos traducteurs allemands, dirigés par Marek Boudny, font aussi du copywriting. Notre approche brouille donc très volontiers donc la frontière entre traduire des contenus et les créer.
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