Il y a quelques jours, je vous ai annoncé (« Actualités sportives et humanitaires ») que je serais interprète de français aux épreuves de judo des Jeux olympiques spéciaux de 2015, organisés à Los Angeles.
Depuis lors, la cérémonie d'ouverture a eu lieu en présence de Michelle Obama, Première dame des États-Unis, de Stevie Wonder et d'autres artistes assurant l'accompagnement musical.
6 500 concurrents et 2 000 entraïneurs venant de 165 pays parlant 71 langues, ainsi que presque 10 000 bénévoles sont prêts à participer aux épreuves.
J'interviendrai à partir d'aujourd'hui, le premier jour des épreuves. Certes, j'ai déjà interprété dans toutes sortes de situations, mais celle-ci risque bien d'être la plus intimidante de toutes. En effet, il faudra non seulement m'adapter aux accents des sportifs de cinq délégations francophones, mais aussi maîtriser la terminologie japonaise de base utilisée dans cette discipline.
Mon chef est Kenji Osugi, le professeur de judo de la Université de Californie à Los Angeles (où se tient la compétition). Que me fera-t-il si je déraille ? Me neutralisera-t-il par plaquage au sol ou étranglement (shimewaza) ?
Jusqu'ici, plusieurs de mes missions d’interprétation ont été des défis redoutables. Parmi mes clients, j'ai eu un juge d’instruction français venu à Los Angeles, dans le cadre d'une commission rogatoire, pour enquêter sur des accusations de proxénétisme visant Saïf al-Islam Kadhafi [1], le fils de Mouammar Kadhafi dans le sillage des festivités de son 40ème anniversaire, célébrées en grande pompe à l’Hôtel Ritz de Cannes et auxquelles avaient été invitées une centaine de top-modèles du monde entier ;
Alain Juppé, l’ex-premier ministre de la France, reçu à Los Angeles à la tête d’une délégation d’experts du domaine de l'environnement ; un Français qui avait fui la justice américaine et que le FBI avait piégé aux Îles Vierges américaines où il avait été arrêté et rendu à la justice californienne ; et le père d'Hugues de la Plaza, un ingénieur français assassiné à San Francisco, à l'occasion d'une reconstitution in situ du crime pour les besoins de l'émission de télévision « 48 hours ». Évidemment, chacune de ces missions s'est soldée par des nuits blanches, mais aucune d’entre elles ne m'a fait craindre d'être l'objet d’une mae sutemi waza (sacrifice dans l’axe) ou d'un eyoko sutemi waza (sacrifice sur le côté), une réponse que l'entraïneur Kenji Osugi n’aura pas de difficulté à me livrer.
Restez à l'écoute.
Jonathan G.
Mis à jour, 28/7/2015
Los Angeles Times, July 26, 2015
The New York Times, July 27, 2015
Nous tenons les pouces pour toi et je suis certaine que la vivacité ton intelligence vaudra celle des mouvements de Kenji Osugi :-)
Cinq accents français différents ?
J'espère pour toi qu'il n'y a pas un Flamand qui essaye de parler en français...
En attendant la suite de cette petite chronique qui sera certainement amusante et instructive, je te dis courage sans trop de nuits blanches.
Beila
Rédigé par : Beila Goldberg | 27/07/2015 à 03:49