Sous l'effet du géant Google, il semble que le mot doodle ait pénétré dans la langue française. Et cela, par suite de la popularité de ces petits sujets sautillants qui ornent les pages de Google. [1]
C'est ainsi qu'un journal français de la Toile a annoncé (le 12 de ce mois) que « le célèbre conteur Charles Perrault est fêté via un doodle ».
Si l'on se réfère au Webster's New Collegiate Dictionary, le mot doodle désigne « an aimless, more or less automatical, scribble ».
Le Grand dictionnaire d'américanismes des époux Deak en donne la définition suivante : « Griffonnage nerveux d'une personne qui pense à autre chose ».
Cela colle exactement à la définition de griffonnage dans le Petit Robert :
« dessin informe, barbouillage, gribouillage, gribouillis ». Mais aussi, ce qu'on rédige hâtivement, avec maladresse. (p.1174)
Il s'avère que doodle n'est pas plus correct en français qu'en anglais, vu qu'en anglais, il s'agit aussi d'un dessin tracé ou d'un texte rédigé sans aucun soin. Or, les doodles de Google, qui servent en général à fêter des anniversaires d'illustres personnages, des événements particuliers tels que les fêtes nationales, ou d'autres événements comme les Jeux olympiques, sont loin d'être griffonnés. Bien au contraire, ils sont très finement dessinés par les graphistes peut-être les mieux payés du monde.
Charles Perrault
Mais, quelle est cette histoire de la pantoufle de verre ou de la citrouille qui se transforme en carrosse ? Et celle de la princesse qui sombre dans un profond sommeil lorsqu'elle se pique le doigt avec un fuseau [ spindle ] ? C'est à Charles Perrault (1628-1703), haut fonctionnaire, académicien et auteur de contes de fée que nous devons les personnages de Cendrillon, de la Belle au Bois dormant ou du Petit Poucet qui ont enchanté notre enfance. Né à Paris, il y a 388 ans hier, il a passé le plus clair de son temps à la cour du Roi Soleil [ Louis XIV ]. Grand commis de l'État, il fut aussi le collaborateur de son frère, l'architecte Claude Perrault, à qui l'on doit la grande façade (dite Colonnade) du Louvre. C'est dans la soixantaine bien sonnée, alors à la retraite, que Charles Perrault écrivit les Contes de ma mère l'Oye (1697), « le livre le plus célèbre de notre littérature », selon Marc Soriano.
Pour le doodle d'aujourd'hui, l'artiste Sophie Diao a créé des tableaux , les Contes de ma mère l'Oye : Cendrillon, la Belle au Bois dormant et le Chat botté. Les contes de Perrault fixent les règles du conte de fée moderne. Perrault emprunte les thèmes et l'entrée en matière de ses récits (Il était une fois...) aux contes traditionnels jusque-là récités à haute voix, tout en les modernisant par des embellissements à la mode de son temps et par l'usage de la forme écrite (la publication des contes coïncide avec l'apparition du roman moderne : ils font suite au Don Quichotte et à La Princesse de Clèves, mais précèdent Robinson Crusoe et Tom Jones). L'élément central de ces contes de fée subsiste dans des romans et des films contemporains, ce qui fait que lire ou aller au cinéma devient un acte fondamentalement optimiste : lorsque nous entendons « il était une fois, » nous espérons – et nous nous attendons à un « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. » (Source : Google)
[1] Selon Wikipedia, un Google Doodle, ou tout simplement Doodle (de l’anglais doodle, désignant un gribouillage et permettant une paronomase avec « Google »), est une altération particulière et temporaire du logo de Google présentée pendant une journée sur la page d’accueil du moteur de recherche de l'entreprise.
Jean L. & Jonathan G.
Lecture supplémentaire :
Charles Perrault: the modern fairytale's fairy godfather
The Guardian, 12 January 2016
(6:10 minutes)
Bonjour Jean et Jonathan, merci pour ce sujet si joyeux. Et si on essayait de traduire le joli "doodle" - griffon a déjà un autre sens, mais me plairait bien. D'autres idées chez les blogolecteurs ? Cordialement Magdalena
Rédigé par : Magda Chrusciel | 15/01/2016 à 00:50
Cela me fait penser aux dessins (parfois assez élaborés) que l'on fait (ou faisait) au téléphone. Mais je ne sais pas s'il y a un mot pour ça. L'anglais est décidément plus riche en vocabulaire! Gribouillis-diversion? Griboudiversion? Divagrifouillis?
Rédigé par : Elsa Wack | 15/01/2016 à 01:09
Des dessins au téléphone, je veux dire de ceux que je fais parfois quand je suis au téléphone avec une personne qui parle beaucoup. Des sortes de divagations picturales.
Doodle, n'est-ce pas aussi le nom le nom d'une plateforme Internet qui permet d'organiser des rendez-vous? Je me demande pourquoi ils ont choisi ce nom. Peut-être justement parce qu'ils évitent aux gens de devoir griffonner longuement au téléphone avec leurs interlocuteurs avant de réussir de convenir d'une date et d'une heure? (pure spéculation de ma part)
Rédigé par : Elsa Wack | 15/01/2016 à 05:34
Le GDT propose "arabesque calligraphique". Bien qu'il ait le mérite d'être poétique, le sens est limité aux jolies feuilles et roses des doodles des contes de fées par exemple. Mais pour l'illustration complète et si soignée des pages Google, je parlerais plutôt d'une "illustration animée" ou d'un "croquis (animé/humoristique)"?
Rédigé par : Lemotdubonjour | 26/01/2016 à 13:55
Elsa/Magda, pour le gribouillage au téléphone: "gribouimage" (gribouillage un peu plus soigné) est un autre idée farfelue :)J'aime bien "griboudiversion"!
Rédigé par : Lemotdubonjour | 26/01/2016 à 14:01