Le 24 juin 2016 - un nouveau mot anglais est né - REGREXIT
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À titre comparatif, lorsqu'en 1995 les Québécois ont voté sur la possibilité de faire du Québec un pays indépendant et de quitter la Confédération canadienne, ce sont 50,4 % d'entre eux qui ont voté contre la souveraineté. L’enjeu était alors similaire à celui du vote britannique, les résultats presque au coude-à-coude étaient semblables dans les deux cas, mais le résultat a été tout le contraire.
Note : Les « Je ne sais pas » ne figurent pas.
Notes linguistiques :
2. coude-à-coude (français) = neck and neck (expression idiomatique anglaise qui dérive de courses de chevaux)
Note sportive :
Note culturelle :
HUIS CLOS – en anglais NO EXIT
Dans une pièce célèbre de Jean-Paul Sartre, trois personnages se trouvent enfermés en un lieu joliment meublé qui se révèle être l'Enfer. Bon gré, mal gré, ils se sentent incapables de le quitter ; leur tourment éternel, nous le découvrons peu à peu, est d'une autre nature. Dans les milieux généralement bien informés, on chuchote que la pièce, initialement représentée à Paris au Théâtre du Vieux-Colombier, en 1944, serait bientôt reprise sur la même scène, transposée à l'époque contemporaine, avec dans les trois rôles : Angela Merkel, Nigel Farage et un syndicaliste communiste français aux moustaches très staliniennes et au phrasé inimitable. Inutile de dire que ces rumeurs ont été vigoureusement démenties.
S'agissant d'un personnage de théâtre, le mot exit (du verbe latin exire : sortir) veut dire "il sort". C'est une indication scénique longtemps confinée à l'univers théâtral et, dernièrement, mise à toutes les sauces. Notons que, lorsqu'il s'applique à plusieurs personnages sortant de scène en même temps, on dira exeunt : ils sortent. Dans le cas qui nous occupe, on dira exit le Royaume-Uni et exeunt les onze joueurs anglais. Mais, en anglais, le nom exit et le verbe to exit sont d'un emploi général dans le sens de "sortie" et de "sortir", ce qui n'est pas (encore) le cas en français !
we wander alone
as we reluctantly bid farewell to our familial home
in a line we trudge as if to our demise
no light nor sound will grant us reprieve
and what was once so bright, so hopeful
will be sentenced only to memory
the path we once walked, is now askew
and our hopes for the future, will not come true
as we stand in a darkness now renewed
there will be those who remember the days before
the twenty-fourth of june
but lo, on this day the sun blazes in all its glory
to illuminate the consequences of our decisions
and amongst the dark and despair
and amongst the hate and fear
and despite our struggle and attempts to prepare
nature will remind us that there is more to life
and that we must continue to battle and to strive
and though we now walk alone, away once more
away from the comfort of yore
there is still a resounding, underlying tone
that one day, we'll return, to our ancestral home
Aaron Carpenter
Lecture supplémentaire :
Le Monde 25.06.2016
How to mimimise the damage of Britain's senseless, self-inflicted blow
The Economist, 24 June 2016
Why Brexit Might Not Happen at All
New Yorker, 27 June 2016
Des avis de nos contributeurs :
Jean-Paul Deshayes :
La possible sortie du Royaume-Uni avait été annoncée comme un cataclysme. La sortie réelle a été perçue par certains Britanniques comme l’apocalypse : on se rue vers d’autres nationalités dans un mouvement d’affolement et de panique à court terme. Au fond d’eux-mêmes, les Anglais restent profondément insulaires … et britanniques. Tous les « Brits » - sans exception - à qui j’ai parlé n’ont invoqué que la chute (minime et provisoire, à mon avis) de la livre sterling et de l’effet que cela aurait sur leurs retraites, de l’incommodité de la situation pour les touristes, etc.. bref, rien d’autre que des considérations purement pratiques et matérielles. Pas une seule fois, je ne les ai entendus dire : « Nous sommes européens de cœur, désormais, nous sommes orphelins, etc. » On ne cesse de nous rebattre les oreilles du « Regrexit » … en vérité, à titre dissuasif, pour les autres nations qui souhaiteraient, elles aussi, quitter l’Europe. La machine à laver les cerveaux tourne à fond… Quant aux Britanniques, je connais bien leurs capacités de récupération. Gageons, qu’à terme, on parlera de « No-regrexit » ! Et puis, n'est-ce pas la vox populi qui a parlé ?
Jean Leclercq :
Entièrement d'accord avec vous, cher Jean-Paul, à propos du Brexit. Les Britanniques n'ont jamais été européens et ne le seront jamais. Il n'y eut aucun Britannique parmi les pères de l'Europe : Jean Monet, Robert Schuman, Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi et Paul-Henri Spaak. Ce que les Britanniques ont vu dans la CE, c'est le libre-échange, la vieille idée d'Adam Smith et de David Ricardo. Rien d'autre, et surtout pas de supranationalité. Comment imaginer qu'un vrai Britannique puisse accepter une autorité européenne supérieure au Parlement de Westminster ? C'est impensable ! D'ailleurs, hors de l'espace Schengen et hors de la zone Euro, ils avaient déjà un pied dehors. Ils sauront négocier un accord du genre de celui qui lie la Suisse ou la Norvège à la CE et s'en tireront très bien. Tant pis pour les médias qui s'emploient à toujours vouloir nous faire peur, comme si l'actualité n'y suffisait pas !
Jonathan Goldberg :
Although Winston Churchill is not usually regarded as a founding father of the European Union, the website of the European Union lists him as one of its 11 founding fathers (The Founding Fathers of the EU) : "Winston Churchill, a former army officer, war reporter and British Prime Minister (1940-45 and 1951-55), was one of the first to call for the creation of a 'United States of Europe'. Following the Second World War, he was convinced that only a united Europe could guarantee peace. His aim was to eliminate the European ills of nationalism and war-mongering once and for all."
Nevertheless, I agree with our very knowledgeable contributors, Jean and Jean-Paul, that since the establishment of the Common Market (now the European Union) the British have wanted to have their cake and eat it. To use another idiomatic expression, someone should have told them that it is not possible to be half-pregnant.
Des milliers d'Anglais aux origines irlandaises s'empressent de demander le passeport de leurs ancêtres (6 millions seraient éligibles). Un client anglais vient de me dire qu'il allait demander la nationalité française de son épouse, ce qu'il n'avait jamais envisagé auparavant. Merci pour ce beau poème d'A. Carpenter, sombre comme l'événement.
Rédigé par : Magda Chrusciel | 26/06/2016 à 23:57
La possible sortie du Royaume-Uni avait été annoncée comme un cataclysme. La sortie réelle a été perçue par certains Britanniques comme l’apocalypse : on se rue vers d’autres nationalités dans un mouvement d’affolement et de panique à court terme. Au fond d’eux-mêmes, les Anglais restent profondément insulaires … et britanniques. Tous les « Brits » - sans exception - à qui j’ai parlé n’ont invoqué que la chute (minime et provisoire, à mon avis) de la livre sterling et de l’effet que cela aurait sur leurs retraites, de l’incommodité de la situation pour les touristes, etc.. bref, rien d’autre que des considérations purement pratiques et matérielles. Pas une seule fois, je ne les ai entendus dire : « Nous sommes Européens de cœur, désormais, nous sommes orphelins, etc. » On ne cesse de nous rebattre les oreilles du « Regrexit » … en vérité, à titre dissuasif, pour les autres nations qui souhaiteraient, elles aussi, quitter l’Europe. La machine à laver les cerveaux tourne à fond… Quant aux Britanniques, je connais bien leurs capacités de récupération. Gageons, qu’à terme, on parlera de « No-regrexit » ! Et puis, n'est-ce pas la vox populi qui a parlé ?
http://www.rtl.fr/actu/international/brexit-ces-8-pays-qui-comme-le-royaume-uni-pourraient-quitter-l-union-europeenne-7783836619
Rédigé par : jean-paul | 27/07/2016 à 08:43
Merci pour votre commentaire, Jean.
Tout à fait d'accord!
Rédigé par : Catherine Pizani | 03/08/2016 à 17:36