Au cours des ans, nous avons traité de divers sujets liés aux langues, à la littérature et à l'histoire, notamment :
Nous vous présentons maintenant un article qui aborde tous ces éléments. Il s'agit de l'histoire de Maurice Maeterlinck (1862-1949), dramaturge, poète et essayiste belge francophone, qui a remporté le prix Nobel de littérature en 1911. Maeterlinck parlait aussi le flamand et a traduit plusieurs ouvrages du français vers le flamand et du flamand vers le français.
L'afrikaans, langue issue du néerlandais en raison de l'établissement en Afrique du Sud en 1652 de la première implantation européenne par Jan van Riebeeck, est près du flamand. Les scientifiques belges de l'époque de Maeterlinck (et peut-être plus récemment) lisaient des revues scientifiques publiées en afrikaans. L'une de ces revues, Huisgenoot, comportait une série d'articles intitulée The Soul of the White Ant (L'Âme du termite), écrite par un poète et scientifique sud-africain appelé Eugene Marais (1871-1946). Ces articles étaient le fruit de dix années de recherches menées dans le veld sud-africain. Maeterlinck, qui n'aurait jamais mis les pieds en Afrique ni vu les espèces de termites étudiées par Marais, a publié en 1926 un essai intitulé La Vie des termites (traduit en anglais sous le titre The Life of Termites ou The Life of White Ants). (Il a écrit par la suite des essais sur les fourmis, les araignées et les abeilles, ainsi que sur de nombreux autres sujets. Parmi ses traductions, on compte Macbeth de Shakespeare.) Marais a accusé Maeterlinck d'avoir copié des pages entières de son essai sur les termites et a lancé une poursuite internationale pour plagiat, mais l'a abandonnée avant l'étape du procès.
Maurice Maeterlinck a aussi été accusé d'avoir plagié Luria, du célèbre poète britannique Robert Browning, pour sa pièce Monna Vanna.
Ces attaques à la réputation de Maeterlinck ne l'ont pas empêché de gagner le prix Nobel et ses pièces ont été jugées comme étant un rouage important du symbolisme, un mouvement littéraire. Albert 1er, roi des Belges, lui a accordé le titre de comte. Il a été président de l'association internationale des écrivains PEN et l'Académie française lui a décerné le Prix de la langue française. Il est décédé dans son château qu'il avait acheté à Nice, appelé Orlamonde.
Qu'est devenu Eugene Marais? Il s'est suicidé. Certains ont cru que le plagiat de son travail par Maeterlick a été un facteur de son suicide. Cependant, son biographe Leon Rousseau défendait l'hypothèse contraire, que Marais appréciait et profitait de l'attention suscitée par la controverse.
Jonathan Goldberg & Isabelle Pouliot
C'est assez scandaleux et ça ne passerait sans doute plus comme ça aujourd'hui.
Une autre histoire assez curieuse est celle de la chanson "My Sweet Lord" de George Harrison (ex-Beatles décédé), pour laquelle Harrison fut condamné pour plagiat involontaire. Quand on compare sa version à celle d'origine des Chiffons, on reconnaît bien les harmonies, mais Harrison a redonné à la chanson, par des paroles religieuses, toute la force d'un gospel (la version des Chiffons "He's so fine" est une chanson d'amour assez insignifiante) et a transcendé même les harmonies par la beauté de son interprétation avec l'aide de Clapton et autres illustres. Je crois à la possibilité d'un plagiat involontaire, ayant assisté à un cas de ce genre dans ma propre famille. Pour Maeterlinck, c'est manifestement autre chose. On était moins regardant à l'époque.
Rédigé par : Elsa Wack | 23/08/2016 à 00:54