On chuchote que les arpenteurs qui, au XVIIIe siècle, délimitèrent la frontière entre l'État américain du Vermont et ce qui était alors le Bas-Canada étaient ivres car leur tracé titube de part et d'autre du 45ème parallèle, s'en écartant parfois d'un mile. Mais les résidents des localités frontalières ne s'en inquiétèrent pas, essentiellement parce qu'ils n'en tinrent pas compte.
(Photo: Jeffrey M Frank/Shutterstock.com)
Pendant près de 200 ans, Derby Line (Vermont) et Stanstead (Québec) ne firent qu'une seule et même ville. Leurs habitants buvaient la même eau, travaillaient à la même fabrique d'outils, pratiquaient les mêmes sports (principalement le curling), combattaient dans les mêmes guerres mondiales et venaient au monde dans le même hôpital, celui de Newport (Vermont). Ils partageaient aussi le même centre culturel, la Haskell Free Library and Opera House, un édifice victorien richement orné, construit en 1901, volontairement à cheval sur la frontière internationale, par l'épouse canadienne d'un riche négociant américain.
La zone entourant la grande et vénérable bibliothèque est devenue de plus en plus étroitement surveillée par la Sécurité intérieure américaine et par la Gendarmerie royale du Canada. Les rues adjacentes sont truffées de caméras et il y a toujours un garde-frontière posté juste en face, dans un SUV (utilitaire sport).
Pour les Américains, il est facile d'entrer dans l'édifice, ils n'ont qu'à passer par la porte de devant. Mais, pour les Canadiens, c'est un peu plus compliqué, parce qu'il leur faut techniquement traverser la frontière qui est marquée par un obélisque en ciment et une rangée de pots de fleurs. « On a un peu l'impression de traverser une zone démilitarisée » observe Nancy Rumery, la directrice de la bibliothèque.
Si les Canadiens sont assurés du libre passage jusqu'à la bibliothèque, ce n'est pas pour autant une promenade de santé. Il leur faut d'abord passer devant une série de caméras, sur la rue de l'Église, puis devant le garde-frontière américain posté devant le bâtiment. Tant qu'ils prennent leurs livres et s'en retournent par où ils sont venus, tout va bien. Mais, s'ils sortent et continuent leur chemin aux États-Unis, ils se font épingler pour pénétration illégale sur le territoire des États-Unis. « Nous soutenons que personne n'a quitté le Canada » ajoute Mme Rumery.
Source : Atlas Obscura, Sarah Yahm, 07.07.2016
Traduction: Jean Leclercq
Mise a jour, le 1 février 2018 :
Trafic d’armes via la bibliothèque Haskell
Le Soleil
Le vent méconnaît la frontière ?
La Rivière Saint-Clair relie le Lac Huron au Lac Saint-Clair, et forme la frontière entre l'état américain du Michigan et la province canadienne de l'Ontario. Chaque année, une fête nautique (appelée Port Huron Float Down) se déroule le long de la rive américaine, entre le phare de Port Huron et Chrysler Beach (Marysville). Elle consiste à descendre la rivière à bord d'embarcations pour la plupart improvisées et montées par des canotiers amateurs. Radeaux, canots gonflables, esquifs de tous genres, se laissent aller au fil du courant pour le plus grand plaisir des acteurs et des spectateurs.
Jean Leclercq
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