L'article qui suit a été rédigé par notre fidèle contributrice, Cynthia Hazelton [*]. La version française a été réalisée par notre infatigable traducteur, Jean Leclercq.
Ernest Hemingway et Marlène Dietrich étaient deux icônes des sociétés française et américaine du XXe siècle. Celle-ci est morte le 6 mai 1992. On sait beaucoup de choses de leurs vies professionnelles. Mais, jusqu'à ces derniers temps, ils partageaient un secret quant à leurs vies intimes. Comment ces deux êtres, nés dans des continents différents, célèbres dans des domaines divergents, en sont-ils venus à exercer une telle influence des deux côtés de l'Atlantique ? Et quel est donc leur secret ?
Revenons un peu en arrière :
Marlène Dietrich est née à Berlin en 1901. Manifestant un intérêt précoce pour la musique et le théâtre, elle commence par être choriste et tient de petits rôles dans des films. Elle perce à l'écran dans un film de 1930, L'Ange bleu, où elle incarne une séduisante chanteuse de cabaret qui cause la chute d'un enseignant respecté.
Une fois lancée, Dietrich gagne Hollywood où elle tourne dans six films. Dès lors le personnage de la «femme fatale mystérieuse» lui colle à la peau. Bien qu'elle soit l'actrice la mieux payée d'Hollywood, sa popularité décline en Amérique.
Marlène Dietrich s'installe à Londres, espérant relancer sa carrière en Europe. Le parti nazi la pressent pour tourner des films de propagande allemands. Elle décline de juteux contrats, refuse de travailler pour le parti nazi et renonce à la citoyenneté allemande. En 1937, elle sollicite la citoyenneté américaine qu'elle obtiendra deux ans plus tard.
Pendant la Deuxième Guere mondiale, elle se produit dans des spectacles de l'USO dans toute l'Europe, prestations pour lesquelles elle reçoit la Médaille de la Liberté en 1947. La France lui décerne la Légion d'honneur pour son action pendant la guerre.
Des années cinquante aux années soixante-dix, Dietrich chante dans des cabarets en Europe. Elle est connue pour ses nombreuses liaisons célèbres, son défi des normes sexuelles et son rôle d'icône de la mode. Elle marche à l'alcool et aux pilules.
Marlène Dietrich passe à Paris les onze dernière années de sa vie. Elle meurt en 1992, à 90 ans. Quelque 1.500 personnes assistent à ses funérailles en l'église de la Madeleine.
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Ernest Hemingway naît dans une famille de la classe moyennne chicagolaise en 1899. Pendant toute sa vie, il a la passion de l'écriture, du sport et de l'aventure en plein air. Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, il s'engage comme ambulancier et, affecté sur le front italien, il est sérieusement blessé en 1918. Il retourne aux États-Unis pour se rétablir.
Après la guerre, il se marie, travaille comme journaliste d'une petite ville et, par la suite, collabore au Toronto Star, le grand quotidien canadien. Lorsque le couple s'installe à Paris en 1921, Hemingway est correspondant à l'étranger du Star et fréquente un groupe d'écrivains américains expatriés qui s'y trouvent à l'époque. Cette expérience modifiera à jamais sa vie. En effet, c'est pendant ces années qu'il rencontre Gertrude Stein, Alice B.Toklas, Henry Miller, Sylvia Beach, John Dos Passos, Ezra Pound et F. Scott Fitzgerald. Ils encouragent le jeune auteur et guident ses débuts. Ses correspondances de la guerre civile espagnole ont été à la base de son plus grand roman, Pour qui sonne le glas (1940).
Hemingway, sa femme, Sylvia Beach et Adrienne Monnier
devant la librairie "Shakespeare & Company", Paris
Mais, si le succès littéraire lui sourit, sa vie privée vacille. Au cours des vingt ans qui suivent, Hemingway sombre dans l'alcoolisme et se remarie trois fois.
L'un des oeuvres d'Hemingway qui reçut l'accueil le plus élogieux, A Movable Feast (Paris est une fête) est un rappel des années passées à Paris comme écrivain en lutte. Il fut publié en 1964, trois ans après sa mort. L'aventure amoureuse vécue entre Hemingway et Paris se résume dans cette phrase : «Si vous avez eu la chance d'avoir vécu à Paris dans votre jeunesse, où que vous alliez pour le restant de vos jours, cela vous accompagne, car Paris est une fête.»
Une nouvelle édition de A Moveable Feast a été publiée par son petit-fils, Sean Hemingway, en 2009. De par les modifications et les corrections apportées à l'original, cette réédition a été très controversée.
Après l'attentat terroriste de Paris du 13 novembre 2015, A Moveable Feast/Paris est une fête est devenu un livre à succès en France. Des exemplaires du roman font été déposés sur les lieux de mémoire, symbolisant la résistance et la fierté françaises
Une Parisienne âgée a été interrogée par une chaîne de télévision française, alors qu'elle apportait des fleurs sur le lieu de l'attentat du Bataclan. Ses propos sont devenus viraux : «Il est très important de voir des exemplaires de Paris est une fête dans les lieux de mémoire, parce que c'est un symbole d'optimisme. C'est un symbole de ce que Paris devrait être. C'est un symbole de la culture-café, de la culture littéraire. C'est un symbole des artistes bavardant aux terrasses. C'est tout ce à quoi, de diverses façons, on s'est attaqué dans la soirée de vendredi dernier.»
Hemingway a publié dix romans, cinq ouvrages documentaires et dix recueils de nouvelles. On lui a décerné le Prix Pulitzer pour les œuvres de fiction en 1953 et le Prix Nobel de littérature en 1954. Hélas, il se suicida à 61 ans, non sans avoir laissé un héritage durable à la littérature américaine et un message d'amour à la ville de Paris.
Quel est le rapport entre Hemingway et Dietrich?
En avril 2007, The Guardian a rendu public des lettres et des télégrammes, inédits jusqu'ici, échangés entre Hemingway et Dietrich. Ces documents étaient divulgués par la bibliothèque Kennedy de Boston, à la demande de la fille de Marlène Dietrich qui avait voulu qu'ils soient gardés confidentiels pendant 15 ans après la mort de sa mère.
Les lecteurs y découvrent une relation amoureuse de 27 ans entre les deux personnages qui s'étaient rencontrés à bord d'un paquebot français en 1934, alors qu'ils avaient, lui, 35 ans et, elle, 33 ans. D'après leur correspondance, ce fut le coup de foudre. Hemingway appelait Marlène «mon petit chou» et elle l'appelait «Papa». Curieusement, alors que l'un et l'autre multipliaient les aventures, ils ne consommèrent jamais leur liaison. Hemingway expliquait que c'était faute de synchronie – ils n'étaient jamais libres en même temps.
Leurs lettres allaient du badinage amoureux aux propos profondément sérieux, partageant souvent leurs craintes et leurs insécurités. Leur correspondance s'est poursuivie pendant 27 ans jusqu'à ce qu'Ernest se suicide en 1961.
Une de leurs lettres d'amour, en date du 12 août 1950, sera vendue aux enchères à New York le 4 mai prochain.
Lectures supplémentaires :
Hemingway fut-il, comme l'isthme de Panama, un pont entre ambos mundos? - Jean Leclercq
De quoi vivre à Paris - Marie Houzelle
Amours et tromperies chez les Hemingway - Naomi Wood
[*] Cynthia est titulaire d'un diplôme de droit et exerce la profession de traductrice juridique. Elle enseigne également la traduction juridique français/anglais à Kent State University (Ohio).
Bonjour,
Une lettre (ou plusieurs?) de Hemingway à Marlène Dietrich a été vendue aux enchères le 4 mai dernier.
Comment retrouver le contenu de cette lettre (adressée de Cuba?)
Connait-on aujourd'hui le montant de l'enchère ?
Cordialement, Michel Porcheron
Rédigé par : Michel Porcheron | 06/05/2017 à 06:03
Bonjour,
Une lettre (ou plusieurs?) de Hemingway à Marlène Dietrich a été vendue aux enchères le 4 mai dernier.
Comment retrouver le contenu de cette lettre (adressée de Cuba?)
Connait-on aujourd'hui le montant de l'enchère ?
Cordialement, Michel Porcheron
Rédigé par : Michel Porcheron | 06/05/2017 à 06:03