Le mot hurricane dériverait de huracan (ou uracan), terme employé par les autochtones des Grandes Antilles qui connaissaient particulièrement bien ce phénomène météorologique. Complètement anéantis en quelques décennies, ces premiers habitants des Antilles n'en ont pas moins eu le temps de transmettre le vocable aux Espagnols, lequel a donné hurracán en espagnol, hurricane en anglais, et ouragan en français.
Pas traduit, pas prévenus...
D'après Bell Terena, The Atlantic, 08/09/17.
Au cours des trois dernières semaines, les moyens dont disposent les services de gestion des situations d'urgence ont été durement mis à l'épreuve, notamment en ce qui concerne la fourniture d'informations essentielles aux non-anglophones.
Par exemple, dans le comté de Miami-Dade (Floride), 2,6 millions d'habitants se sont trouvés sur l'itinéraire de l'ouragan Irma. Or, selon le plus récent recensement, 72,8% de la population de ce secteur parle à la maison une langue autre que l'anglais – l'espagnol, dans 64% des cas. Lorsqu'un groupe linguistique atteint de telles dimensions, la réponse la plus simple à la question « Comment recevront-ils les informations salvatrices dans une langue qu'ils comprennent ?» est : « par la bouche à oreille ». Mais, si l'espagnol est peut-être la langue préférée à Miami, ce n'est pas le cas à Washington où se trouvent la Croix-Rouge américaine, l'Office fédéral de gestion des situations d'urgence et d'autres organisations d'aide et de premier secours.
Ces organisations fonctionnent essentiellement en anglais, ce qui peut être un obstacle de plus à la transmission de l'information.
Pour communiquer dans le secteur de Miami-Dade, la Croix-Rouge américaine s'est associée à Translators without Borders, une ONG basée à Danbury (Connecticut).
Selon Amy Rose McGovern, directrice des affaires extérieures de TWB, 200 bénévoles du monde entier ont traduit des tweets et des messages Facebook d'anglais en espagnol, créole haïtien, français et portugais (du Portugal et du Brésil). TWB est présent dans la région depuis 1993, aussi l'organisation est-elle bien préparée à aider en cas de crise. Mais, elle est actuellement sollicitée à l'extrême, vu qu'elle s'emploie, aux côtés de la Croix-Rouge britannique à venir en aide aux victimes d'Irma dans les Caraïbes, de la Croix-Rouge mexicaine à aider les sinistrés du séisme de la semaine dernière, et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge pour tout le reste.
Ces récentes catastrophes ont également réduit la disponibilité des traducteurs et interprètes. Melissa Gillespie, porte-parole du bureau de recherches sur le marché de la traduction Common Sense Advisory, relève que 6 à 10% des traducteurs américains habitent des zones frappées par l'ouragan Irma. Sans oublier à peu près tous les traducteurs et interprètes sur l'itinéraire de l'ouragan Harvey qui possèdent non seulement l'espagnol, mais aussi le créole haïtien et le portugais brésilien. « Le problème, c'est que les traducteurs et interprètes locaux sont tout aussi touchés que les autres habitants,» dit Bill Rivers, directeur exécutif du Comité national commun pour les langues. « Lors des grandes catastrophes, les organismes d'aide doivent trouver davantage de bras pour aider », ajoute Rivers.
Avec moins de traducteurs et d'interprètes disponibles, ce qui avait été prévu avant une crise ne correspond pas toujours à la réalité lorsque la crise se produit - et cela, quelle que soit l'ardeur au travail des traducteurs, des interprètes et des autres secouristes.
The Atlantic, 7 September, 2017
"Le vent redouble ses efforts
et fait si bien qu'il déracine
celui de qui la tête au ciel était voisine
et dont les pieds touchaient à l'empires des morts"
(aussi La Fontaine; Le Chêne et le Roseau)
Rédigé par : Elsa Wack | 13/09/2017 à 23:52