Pascale Petit, poète de langue anglaise née d'une mère galloise et d'un père français, a grandi entre Paris et le Pays de Galles. Quatre de ses sept recueils de poésie ont été sélectionnés pour le Prix de poésie T.S. Eliot. Un choix de poèmes de son recueil Fauverie lui a valu le Prix de poésie de la ville de Manchester en 2013 ainsi que le Cholmondeley Award, remis par la Société des auteurs de Grande-Bretagne, en 2015. Elle est membre du jury de nombreux prix prestigieux. Son œuvre est traduite en espagnol, chinois, français et serbe. Pascale vit en Cornouailles et se rend régulièrement en France. Son site internet est : www.pascalepetit.co.uk
Alice Hiller, poète et critique littéraire, est titulaire d'un doctorat en écriture transatlantique du University College de Londres. Elle a suivi l'enseignement de Pascale Petit dans le cadre du projet Jerwood Arvon, qui offre à de jeunes auteurs talentueux une année de tutorat sous l'égide d'un auteur confirmé. Critique pour le Times Literary Supplement et la Poetry Review (revue trimestrielle de la Poetry Society), elle est l'auteur de The T-Shirt Book et a été sélectionnée pour le Bridport Prize en 2017. Alice partage son temps entre Londres et Oxford.
Nadine Gassie, qui a bien voulu traduire l'entretien ci-dessous, et sa fille Océane Bies, étaient nos linguistes du mois d'avril 2017. Ces deux traductrices littéraires très douées ont traduit, entre autres, un grand nombre des livres de Stephen King, le mythe vivant de la littérature américaine. Elles passent pour être « sa nouvelle voix française ». Nous remercions infiniment Nadine d'avoir accepté de traduire cet entretien alors qu'elle était en plein baroud en Australie avec ses deux filles.
Alice évoque ici avec Pascale le fait de grandir entre deux langues, les raisons pour lesquelles Pascale écrit en anglais sur la France et l'Amazonie, et Mama Amazonica, son recueil le plus récent, publié par Bloodaxe en 2017.
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Pascale : Je suis sur le point de devenir citoyenne britannique à cause du Brexit mais j'ai effectivement la nationalité française depuis toujours. Je suis née à Paris en 1953, puis on m'a envoyée vivre avec ma grand-mère au Pays de Galles. J'ai vécu à Paris de l'âge de deux ans et demi à l'âge de sept ans, j'y ai donc passé la majeure partie de ma petite enfance. Jusqu'à ce que mon père reprenne contact parce qu'il était mourant, je n'y étais jamais retournée. Je suis allée le voir dans le Quartier latin et au cours des deux années où je lui ai rendu visite, j'ai appris à connaître Paris, que j'avais détesté enfant. Après la mort de mon père, j'y suis revenue en solitaire, pour écrire, et je suis vraiment tombée amoureuse de la ville, du Quartier latin, des musées, de Notre-Dame.
Alice: : Parliez-vous aussi bien le français que l'anglais en grandissant ?
Pascale : Je ne suis pas certaine de savoir quelle a été ma langue maternelle. Je pense que ce qui s'est passé, c'est que j'ai régulièrement oublié l'une ou l'autre. On apprend les langues tellement vite quand on est enfant. Lorsqu'à sept ans on m'a envoyée chez ma grand-mère au Pays de Galles, je ne connaissais pas un mot d'anglais. Juste avant notre départ, ma mère et mon père ont essayé de nous inculquer quelques mots, à mon frère et moi. Je me souviens de nous, à notre arrivée, assis sur le canapé de ma grand-mère, et de ma pauvre tante, alors âgée de seize ans, essayant de nous parler en français. Mon frère et moi n'avons cessé d'oublier une langue pour la réapprendre ensuite.
Alice : Vous écrivez toujours en anglais mais vos poèmes ont souvent pour cadre les paysages de l'Amérique du Sud et de la France. Est-ce là que votre imagination se rend instinctivement ?
Pascale : Oui. J'ai passé presque toute ma vie d'adulte à Londres mais je n'ai pas écrit un seul poème sur Londres que je songerais à faire figurer dans un recueil. J'adore Paris en tant que ville, mais pas Londres. Mais pour quelqu'un comme moi – qui cherchais à devenir poète, ou sculpteur – Londres a été un lieu de vie formidable quand j'étais jeune. Et j'adore le multiculturalisme de Londres.
Alice : Dans The Zoo Father (Le père du zoo), le recueil de vos débuts en 2001, figurent, outre vos poèmes amazoniens sur la rencontre avec votre père à Paris, des poèmes sur le Midi de la France. Cette région est-elle importante pour vous ?
Pascale : Le Languedoc, les causses en particulier, et les murs de pierre sèche, ont été ma première Amazonie.
Alice : J'ai aussi connu les Causses quand j'étais enfant. Il y a vraiment quelque chose d'extraordinaire dans la lumière et la solitude du paysage.
Pascale : Quand j'avais douze ans, ma mère a acheté un vignoble où nous campions dans des cabanes en pierre. Il était situé sur un flanc de montagne très escarpé, juste en dessous du Larzac et du plateau de Grézac. Il était envahi par la végétation et quand nous arrivions au début des grandes vacances, il nous fallait prendre la faux pour nous tailler un chemin entre les deux « mazets ». Il y avait le mazet pour dormir et l'autre pour la cuisine, tout en haut, dans le sous-bois. On marchait sur le chemin et on voyait des serpents ramper devant nous. Il y avait aussi des lézards et des insectes énormes. J'y suis retournée plusieurs fois depuis. Ce n'est plus une vigne, rien qu'un bout de terre revenu à l'état sauvage, et les insectes ne me paraissent plus aussi gros que quand j'avais douze ans. À l'époque, ils me semblaient absolument énormes.
Alice : Je trouve qu'il y a une sorte d'hyperréalisme dans votre façon de voir les choses à l'adolescence. Dans The Huntress (La chasseresse), votre recueil suivant publié en 2005, vous vous livrez à l'exploration de votre mère galloise comme à celle du système de grottes du Languedoc et à l'excavation de souvenirs douloureux grâce à la métaphore de magnifiques cristaux de roche.
Pascale : J'ai été hantée par ma mère. Et fascinée par la Grotte des Demoiselles : les formes suggérées par les stalactites et les stalagmites, les formations de
cristaux de roche au plafond. Je ne peux m'empêcher de penser à l'intérieur d'une montagne comme à l'intérieur de ma mère. Je vivais avec ma grand-mère quand ma mère a acheté le vignoble du Larzac. Je me souviens de vacances d'été plutôt exaltantes et amusantes là-bas, et de ma mère qui allait bien. Enfant, elle avait souffert de troubles mentaux mais c'est seulement quand je suis allée vivre avec elle au Pays de Galles, à l'âge de treize ans, qu'elle a été rattrapée par la folie. J'avais peur d'elle, mais sans être terrifiée – il faut dire aussi que le Larzac était un éden. Mon prochain recueil y reviendra.
Alice : La langue française aussi peut agir comme lieu de mémoire pour vous. Je pense au poème « The Dragonfly Daughter » (La fille de la libellule) où vous écrivez : « Je la connais par son nom français : libellule. »
Pascale : Cela vient du compagnonnage avec ma mère dans les vignes. Elle parlait parfaitement le français. Elle était complètement bilingue. Elle a dû me dire comment cet animal s'appelait en français. Elle essayait de maintenir notre niveau de langue. Pendant les repas, au Pays de Galles, nous devions parler français. Et à treize ans, quand je suis allée vivre avec elle, elle a continué à me désigner les choses par leurs deux noms, anglais et français. Mon souvenir est ancré dans le mot français.
Alice : Il y a un poème terrifiant dans The Huntress intitulé « Lunettes » où vous décrivez la vision des lunettes de votre père lorsqu'il se glissait dans votre chambre de petite fille à Paris. Ce mot déverrouille une boîte de Pandore du souvenir. Ce poème – qui traite du viol d'une enfant – se matérialise progressivement par le biais des définitions du mot trouvées dans le dictionnaire.
Pascale : Ce poème est presque entièrement un « objet trouvé », au sens que peut avoir le « ready-made » en art. Évidemment, je l'ai réarrangé et retravaillé.
Alice : Évoquons maintenant un élément plus positif de votre héritage français : en tant que sculpteur de formation, pensez-vous que le Midi a joué un rôle clé
dans l'éveil de votre sensibilité visuelle ? Je pense au poème « My Larzac Childhood » (Mon enfance au Larzac) dans le recueil The Treekeeper's Tale (Le dit du gardien d'arbres) de 2008 où vous vous souvenez « l'abdomen-musée des libellules ». Vous décrivez les ailes de libellule comme des verrières laissant filtrer la lumière dans un musée.
Pascale : J'ai une obsession pour le verre. Je pense que c'est d'avoir été placée en couveuse à la naissance. Je pense à ma mère comme à une mère de verre parce qu'elle était fragile et cassante, et comme transparente. Elle était étrange à nos yeux. Je pense que cette obsession pour le verre a fécondé mon regard sur les ailes de verre de la libellule. Je suis venue aux arts visuels par le dessin. Quand j'étais petite à Paris, j'étais profondément malheureuse à la maison, et on me laissait tard le soir à l'école. C'était une école horrible. Je crois que je n'étais pas douée en classe à cause de la langue. Alors je dessinais, et c'est comme ça que j'ai découvert que je pouvais m'échapper. Avec une totale facilité. Je dessinais des sous-marins dans l'océan. C'était ma façon de me créer mon monde alternatif à moi. Plus tard, au Pays de Galles, je suis devenue très bonne en classe, et j'ai subi beaucoup de pression pour aller à l'université, mais j'ai préféré entrer aux Beaux-Arts.
Alice : L'art peut être un espace où se réaliser lorsqu'on vient d'un milieu qui ne nous a pas permis de nous affirmer. Nous nous affirmons dans l'art que nous créons puis emmenons ce nouveau moi plus loin.
Pascale : Enfant, j'étais profondément introvertie. Mais dans mon expression artistique, je ne l'étais pas. En art, j'étais extravertie.
Alice : Vos poèmes n'expriment aucune timidité.
Pascale : Les gens, quand ils me rencontrent, sont souvent surpris de découvrir que je suis timide et réservée alors que mes poèmes ne le sont pas.
Alice : Dans Fauverie, votre avant-dernier recueil, vous évoquez Paris avec beaucoup plus de détails. Cela vient-il du temps que vous avez passé à renouer avec cette ville ?
Pascale : J'ai commencé à découvrir Paris en touriste. Je suis tombée amoureuse de Notre-Dame. Je m'y rendais tous les jours. Il y avait aussi les moineaux dehors qui venaient manger dans ma main. Tout cela exerçait sur moi une attraction réellement merveilleuse.
Alice : Vous avez construit une relation vraiment vivante et enrichissante avec la ville.
Pascale : Je louais des meublés dans le Quartier latin, le plus près possible du Jardin des Plantes. Juste en face des grilles, en général. Et j'allais marcher dans les jardins tous les jours. Je découvrais des choses nouvelles sur Paris à chaque fois. C'était merveilleux.
Alice : Les poèmes de Fauverie sont très puissants. Se mesurer créativement avec un lieu où l'on a souffert, et produire une œuvre solide, même si elle est complexe ou explore des thèmes difficiles, confère à l'œuvre de profondes racines.
Pascale : J'ai fait à Paris toutes ces choses très agréables, mais je suis aussi retournée boulevard de Grenelle où nous habitions. Mon père m'avait donné
l'adresse. J'y suis allée, et on m'a laissée entrer deux fois dans la cave où j'avais été enfermée enfant. Cette cave a tellement hanté mes rêves de petite fille puis d'adolescente. J'ai fait une installation quand j'étais aux Beaux-Arts – sur le fait d'être enfermée dans cette cave. Dans mon souvenir, l'élément principal était une fenêtre. Par la suite, je me suis dit que j'avais dû l'imaginer parce que les caves n'ont pas de fenêtres. Mais quand j'y suis entrée, il y avait une fenêtre. Un soupirail, tout en haut des escaliers, donnant sur la cour. Une de ces petites cours dont j'ai gardé un souvenir intact. Il y avait les escaliers de la cave, on descendait les marches et il y avait le sol en terre battue. C'est la cave la plus terrifiante que j'aie jamais vue. La première fois, j'ai expliqué au concierge pourquoi j'étais là. Il m'a laissé entrer, et la lumière s'est éteinte ; ça m'a terrifiée. Tous les détails proviennent de cette visite.
Alice : Dans Mama Amazonica, votre tout dernier recueil paru chez Bloodaxe en septembre 2017, il y a un poème, « Square de la Place Dupleix », qui emmène le lecteur sur cette place parisienne peuplée de marronniers et de dieux pigeons, pour le laisser ensuite retomber dans « l'obscurité d'encercueillement » de votre enfance.
Pascale : Ce poème aurait dû figurer dans Fauverie. Bien que Mama Amazonica traite du viol et de la violence infligés à ma mère par mon père, son noyau est constitué par une suite de poèmes sur la façon dont ce traumatisme s'est propagé à ses enfants. Je voulais vraiment écrire sur le fait de retrouver ce square. J'ai essayé à plusieurs reprises de le retrouver, sans y parvenir. Rien ne correspondait à mon souvenir. Puis j'ai contourné notre immeuble, et il était là. C'était incroyable. Il y avait tout, l'église, l'école avec l'école maternelle à côté. Je devais aller à l'école et rentrer à la maison toute seule, et je me perdais toujours même si c'était juste à côté. Je me souviens de ma mère m'expédiant le matin avec un : « C'est juste au coin de la rue. » Comme je ne distingue pas ma gauche de ma droite, je partais toujours dans la mauvaise direction. J'allais jouer dans le sable du square – ce en quoi je vois également un prélude au métier de sculpteur – et le gendarme m'asseyait sur un tabouret dans sa petite guérite et téléphonait à ma mère : « Elle est ici. »
Alice : Dans Mama Amazonica, bien que la plupart des poèmes se fondent sur deux voyages récents que vous avez faits en Amazonie, avec des descriptions très vivantes de cette région et des animaux que vous y avez vus il y a aussi de nouveaux poèmes sur Paris. « Bestiarum » m'a tout particulièrement intéressée : il a pour origine l'exposition au Musée de la chasse et de la nature des aquarelles de Walton Ford inspirées par la Bête du Gévaudan. Il me semble qu'on y retrouve le mythe français du « loup-garou ».
Pascale : La légende vient de la Lozère, juste au-dessus du Languedoc. J'ai découvert le Musée de la chasse assez tard. Le travail de conservation de ce musée est remarquable. Leurs collections permanentes comprennent des artistes contemporains. J'ai adoré les toiles de Walton Ford. Deux poèmes de Mama Amazonica sont fondés sur son œuvre. « Quand ma mère est devenue un boa » est directement inspiré d'un de ses tableaux.
Alice : Seine et Amazone semblent s'écouler l'une dans l'autre...
Pascale : Dans ce musée, par exemple, on peut voir des carcajous empaillés. Des lions. On peut faire à Paris des choses interdites au Royaume-Uni. L'imagination française est beaucoup plus ouverte à l'Amazonie. En Angleterre, si vous écrivez des poèmes sur l'Inde ou l'Afrique, des lieux qui ont connu les colonies, l'empathie est plus grande, alors que l'Amérique du Sud est trop éloignée. Avant l'époque des recherches sur Internet, j'ai découvert que je pouvais trouver à Paris tous les livres ethnographiques qu'il m'était impossible de me procurer au Royaume-Uni.
Alice : Le jaguar est un animal central dans Fauverie et dans Mama Amazonica, mais vos premières rencontres intimes avec des jaguars ont eu lieu à Paris.
Pascale : Quand je venais voir mon père, à la fin de sa vie, il vivait tout près du zoo du Jardin des Plantes. Il y avait là un jaguar noir mâle, et une femelle jaguar dorée. Ils étaient enfermés dans de très petites cages à l'époque.
Alice : Vous avez finalement aperçu un jaguar sauvage depuis un bateau sur l'Amazone, ce qui a conduit à cet extraordinaire poème de guérison, « Le Jaguar », qui clôture Mama Amazonica.
Pascale : Cette expérience a été l'un des points forts de ma vie. J'ai une vénération absolue pour ces bêtes . J'ai lu tout ce qui peut se lire sur les jaguars. Lorsque je séjournais à Paris, j'allais voir tous les jours le jaguar Aramis et sa jeune compagne Simara, peu avant la fermeture. On les nourrissait, puis le mâle se détendait d'un bond et entrait en action.
Alice : L'un des plaisirs pour le lecteur de Mama Amazonica est votre capacité à traduire l'expérience amazonienne en mots créateurs d'un environnement en cinq dimensions. Le fait que votre esprit ait dû naviguer entre différentes langues a-t-il été déterminant, selon vous, dans le fait que vous soyez ainsi capable de vous réaliser en tant que poète ?
Pascale : Je vous remercie de dire cela. C'est ce à quoi je tends, en effet. Je n'avais jamais pensé que cela puisse être lié au fait que j'ai dû passer d'une langue à une autre quand j'étais enfant. J'ai toujours pensé que c'était dû au fait que je suis une artiste, et que j'éprouve toujours le besoin de faire des sculptures dans mes livres, et des installations, et des environnements dans lesquels les gens puissent entrer et circuler. Je m'applique à rendre mes textes très physiques et très réels. C'est toujours un corps-à-corps avec la langue. Elle doit être assez forte pour reconstruire les images et les sons, et tous les détails sensoriels dont le lecteur doit être environné.
Alice : Pour finir, je sais que vous êtes très impliquée dans le [vous consacrez intensément au] jury de poésie. Vous venez de participer au jury du Prix de poésie de Manchester. Vous êtes également jurée pour le concours national de poésie. Mais au-delà de ça, quels sont vos projets de création personnelle pour 2018 ?
Pascale : J'ai un projet en cours. Tout ce que je peux en dire, à ce stade, c'est que l'un de ses thèmes principaux sera l'étranger, et le fait d'être étranger. Il m'a été inspiré en partie par le Brexit. Parce qu'il a fallu que j'obtienne la nationalité britannique. Mais il m'a aussi été inspiré par ma grand-mère galloise, qui m'a élevée. Elle est née en Inde. Elle était à moitié indienne mais c'était un secret de famille. Il m'est difficile d'obtenir des renseignements là-dessus parce que tout a été dissimulé. Voilà ce que sont mes projets pour cette année.
Alice : Et je suppose que nous aurons une traduction française de Fauverie en 2018 ?
Pascale : Oui, signée Valérie Rouzeau, une poétesse absolument merveilleuse, la traductrice idéale. Sa traduction de Fauverie est prête, le manuscrit va bientôt être envoyé à l'éditeur.
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