Nous avons choisi notre linguiste du mois suite à une rencontre fortuite avec lui lors d'un récent séjour à Barcelone. Àlvaro travaille comme guide touristique au Gran Teatre del Liceu (Opéra de Barcelone), situé sur la Rambla, haut-lieu culturel de la ville depuis 1847, et centre d'arts. L'Opéra propose aux groupes et particuliers d'excellentes visites guidées en catalan, espagnol, anglais et français de ses magnifiques bâtiments. Lorsque je suis allé réserver une visite pour moi et mon épouse, c'est Àlvaro qui m'a accueilli, et j'ai été immédiatement impressionné par le haut niveau de son anglais oral. En conversant avec lui, j'ai appris que son amour des langues remontait à un très jeune âge, et que dans son CV impressionnant figurait une année d'études à l'Université Lumière Lyon 2.
À l'âge de 21 ans seulement, Àlvaro Mira possède déjà (en plus de sa langue maternelle le catalan), une solide connaissance de l'espagnol, de l'anglais et du français, et je pense pouvoir lui prédire une brillante carrière dans le domaine linguistique qu'il choisira.
Jonathan G.
ORIGINAL ENGLISH TEXT. TRADUCTION: Nadine Gassie
J.G.: Où êtes-vous né et quelle langue parliez-vous à la maison ?
A.M. : Je suis né à Barcelone. Enfant, je parlais catalan avec mes parents et espagnol avec mes grands-parents et ma grand-tante.
J.G. : À quel âge avez-vous été exposé à une autre langue ?
A.M. : À 3 ans, à l'école maternelle : on nous enseignait des rudiments d'anglais. Mais l'enseignement véritable n'a commencé qu'à l'âge de 12 ans. J'ai aussi pris des cours particuliers.
J.G.: Qu'est-ce qui vous motivait, à cet âge, pour apprendre l'anglais ?
A.M. : Au départ, l'anglais m'intéressait beaucoup parce que j'étais fan de Bruno Mars, de Joe Jonas et d'autres artistes américains. Ensuite, je suis passé à autre chose, mais mon amour pour l'anglais est resté.
J.G.: Avez-vous pu aller à l'étranger pratiquer votre anglais ?
A.M. : Oui. Après avoir reçu un étudiant suédois à Barcelone, j'ai moi-même été accueilli deux fois en Suède, à Forsheda, en 2013 et 2014, une semaine entière à chaque fois. Je communiquais en anglais avec mon correspondant suédois et avec ses parents. Entre les deux séjours, j'ai obtenu le Cambridge English First, attestant que mon niveau d'anglais est suffisant pour vivre dans un pays anglophone. J'ai aussi fait deux séjours linguistiques en immersion en Californie avec Cultural Homestay International. Nous avions cours le matin et participions à des activités l'après-midi. Je pouvais aussi dialoguer en anglais avec ma famille d'accueil américaine. C'est tellement plus facile d'apprendre une langue quand on s'amuse. Ensuite, j'ai donné des cours d'anglais à des élèves de 12 à 18 ans.
J.G.: D'où vous vient votre aisance en français ?
A.M. : J'ai trouvé le français relativement facile quand j'ai commencé à l'étudier au lycée. Cela tient en partie à ses racines communes avec le catalan, qui rendent français et catalan plus proches, sur certains plans, que français et espagnol. Pour approfondir mes connaissances de base, j'ai candidaté pour une bourse Erasmus, que j'ai obtenue, pour aller étudier la traduction français-espagnol en France, avec un cours spécial de Grammaire contrastive pour hispanophones. J'étudie actuellement la traduction et l'interprétariat vers l'anglais et le français.
J.G. : Quel est votre niveau d'études et qu'avez-vous prévu pour la suite ?
A.M. : J'ai intégré le cursus de licence en traduction et interprétariat vers l'anglais et le français à l'Universitat Pompeu Fabra de Barcelone en 2015. Après ma licence, j'ai l'intention de poursuivre avec un Master, mais je n'ai pas encore choisi la spécialité. Je trouve la traduction juridique et la traduction multimédia particulièrement intéressantes, mais l'interprétariat est aussi une activité dans laquelle je me sens très à l'aise.
J.G. : Que pensez-vous de la traduction automatique ?
A.M. : Je ne crois pas qu'elle remplacera jamais les humains, compte tenu des subtilités et des nuances propres à chaque langue et de la nécessité de réduire leurs écarts. D'un point de vue professionnel, il est certain qu'un logiciel de traduction automatique peut être considéré comme un outil de travail. Mais on ne devrait jamais considérer la traduction automatique comme l'unique moyen de traduire.
J.G.: Dans un numéro récent de The Economist, un article sur la Catalogne se termine par ces mots : « Ce qui apparaît plus clairement, c'est que la société catalane reste fracturée par le milieu. » Croyez-vous que la composante linguistique joue ? La situation serait-elle pire si la langue catalane ne jouait pas un rôle unificateur entre les deux camps ?
A.M. : Des études récentes ont montré que les citoyens dont le Catalan est la langue maternelle sont plus enclins à souhaiter l'indépendance de la Catalogne. Pour ma part, j'aimerais que la langue catalane soit un outil pour tout le monde, et pas seulement pour quelques-uns. Je pense que tout un chacun devrait pouvoir utiliser les deux langues quelles que soit ses origines ou son orientation politique.
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