L'article qui suit a été traduit par notre contributrice, Audrey Pouligny, à partir d'un article qui est paru recemment dans Wall Street Journal. Audrey est une juriste qui traduit de l’anglais vers le français en mettant au service de ses clients sa connaissance approfondie du droit civil et de la common law. Elle est admise au Barreau de Paris et bénéficie d’une expérience en contentieux, tant en France qu’aux Etats-Unis, dans des domaines de droit variés. Audrey est membre de la Northern California Translators Association (NCTA) et de la American Translators Association (ATA). Quand Audrey ne traduit pas, on peut la trouver dans un studio de danse en train de prendre un cours.
À l'heure où le Royaume-Uni négocie dans la perspective de quitter l'Union Européenne au printemps prochain, le Président français Emmanuel Macron suggère de faire du français la lingua franca de l'UE en lieu et place de l'anglais.
Cependant, remplacer l'anglais ne sera pas chose aisée pour le futur bloc des 27 pays de l'UE. De ses 24 langues officielles, il en résulte 552 combinaisons de traduction, aboutissant ainsi à un nombre très élevé et très peu commode, exigeant de fait un raccourci. Selon les statistiques officielles, l'anglais est de loin la première langue enseignée dans les pays appartenant à l'UE. Pour plus de 80 % des élèves du primaire et plus de 95 % des élèves du secondaire, l'apprentissage de l'anglais devance toute autre langue. Et pourtant, le Brexit est synonyme de rétrogradation pour l'anglais. Aujourd'hui, l'anglais est la langue officielle de 12,8% des 511 millions d'habitants de l'Union. Après le départ de la Grande-Bretagne, l'anglais ne sera plus que la langue officielle de deux pays au sein de l'Union : l'Irlande et Malte.
La Présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a déclaré que toute décision concernant le régime linguistique de l'Union ne saurait être « dissociée » de la réalité. « L'anglais est la langue la plus usitée afin de communiquer au sein de l’Union et les gens continueront à l'utiliser, d'autant plus qu'il s'agit de l’une des langues officielles de l'Irlande et de Malte. »
Un défi somme toute plus modeste, mais peut-être pas moins colossal pour autant, consisterait en l'amélioration de l'utilisation de l'anglais au sein de l'UE. Le principal organisme de traduction de l'Union Européenne déclare que 81 % des documents de l'Union sont rédigés en anglais, 5 % en français, 2 % en allemand, et le reste dans les 21 autres langues. Pourtant, seulement 2,8% du personnel de l'UE est britannique. Ce déséquilibre a incité le traducteur anglais Jeremy Gardner à rédiger un guide de mots et de phrases fréquemment utilisés à mauvais escient. Ce dernier explique que beaucoup de formulations étranges sont le résultat de traductions du français faites à moitié.
Le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker, originaire du Luxembourg, s'exprime fréquemment en public tant en français qu'en allemand. Ce dernier s'avère être un allié du Président Macron dans sa bataille pour la restauration de la place de la France. « Pourquoi la langue de Shakespeare devrait-elle être supérieure à celle de Voltaire ? » s'interrogeait-il récemment sur la télévision française. « C'est à tort que nous nous sommes tant anglicisés. »
BREXIT - perspective linguistique
21/-6/2016
Brexit and standard English
Irish Legal News
1/7/2016
Brexit : le français peut-il redevenir la langue de travail de l'Union européenne ?
TV Monde, 11 aout 2018
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