Traduction par Nadine Gassie d'un article du blog d'Oxford Dictionaries. Nadine a traduit le livre "Fly Away Peter", de David Malouf (entre beaucoup d'autres traductions). L'édition française est intitulée « L'infinie patience des oiseaux » (Editions Albin Michel). [1]
Le quotidien anglais The Guardian a braqué à nouveau les projecteurs récemment sur une pratique criminelle en progression alarmante, et sur la métaphore colorée qui désigne ses adeptes. On appelle en effet « cuckoos » (« coucous » en français), au Royaume-Uni, des membres de gang sévissant le plus souvent en zone rurale où ils se lient d'amitié avec des personnes vulnérables (personnes âgées, handicapés mentaux) afin d'utiliser leur domicile comme lieu de recel d'armes ou de vente de drogue.
Ce terme d'argot moderne est emprunté à l'oiseau bien connu pour pratiquer le « parasitisme de couvée », c'est-à-dire pondre ses œufs dans les nids des autres. Jonathon Green, lexicographe spécialiste de l'argot, a recensé cette acception dès mai 2010, et un article du magazine The Observer a révélé le phénomène un peu plus tard la même année. Celui-ci porte le nom de « cuckooing » en anglais, soit littéralement « parasitisme de coucou », ce qui pourrait se traduire en français par « usurpation de domicile », et ses victimes sont dites « cuckooed », soit littéralement « parasités par des coucous », ce qui pourrait se traduire en français par « victimes d'usurpation de domicile ».
Le célèbre oiseau a déjà laissé son empreinte dans le lexique anglais. Depuis au moins le milieu des années 1200, le terme « cuckold », dérivé du français « cocu », désigne un mari cocufié, par comparaison avec l'infidélité supposée de la femelle coucou. Dans les années 2010, « cuckold » s'est vu abrégé sur Internet en « cuck », terme d'argot péjoratif utilisé par la droite radicale et connectée pour désigner un individu considéré comme servile, conservateur trop modéré ou « libéral » (de gauche) en politique. Cette acception pourrait sembler complètement « cuckoo », autrement dit « folle », acception argotique du terme depuis le 19e siècle (cf. Vol au-dessus d'un nid de coucous, où le « nid de coucous » désigne un asile d'aliénés), laquelle a succédé à celle d’« idiot » qui avait cours depuis le 16e siècle.
[1] « L’infinie patience des oiseaux » – David Malouf – Albin Michel/Les grandes traductions, traduit par Nadine Gassie
Intéressant!
Rédigé par : Emmie Visser | 06/09/2018 à 03:37
Le coucou occupe une place de choix dans la culture japonaise. C'est l'oiseau du bonheur. Un haïkou dit : Le coucou chante là où l'on n'est pas. Merci à Nadine. Jean Leclercq
Rédigé par : Jean Leclercq | 07/09/2018 à 09:12