L'article qui suit fut rédigé par Joëlle Vuille, Ph. D., notre collaboratrice dévouée et auteure de plusieurs traductions d'articles rédigés en anglais au fil des années. Joëlle est juriste et criminologue et habite en Suisse. Toutes les contributions de Prof. Vuille sur ce blogue se trouvent a https://www.le-mot-juste-en-anglais.com/joelle-vuille/
A l’occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars, un groupe d’activistes a publié une lettre ouverte demandant à Oxford University Press (OUP) que soient supprimés du Oxford English Dictionary certains synonymes du mot « woman » jugés sexistes.[1].
Il est vrai que certaines entrées laissent songeuse. Par exemple, le OED donne comme synonyme de « woman » les mots « bitch », « maid », « chick », « filly », « biddy », « bint », « wench », ou encore « matron ». Si tous ces mots ne sont pas insultants ou rabaissants, ils véhiculent toute de même une image de la femme stéréotypée.
Pour l’usage du mot « woman », l’OED propose notamment les exemples suivants :
« God, woman. Will you just listen? »
« Ms September will embody the professional, intelligent yet sexy career woman »
« I told you to be home when I get home, little woman »
Le lecteur conviendra que ces exemples peignent une image caricaturale du rôle de la femme dans la société moderne.
En comparaison, du côté de chez Merriam-Webster[2], les synonymes sont similaires, mais les exemples sont plus neutres :
« She grew up to become a confident and beautiful woman. »
« The store sells shoes for both men and women. »
Mais que dire des définitions et exemples donnés par le OED pour les hommes ? Les auteurs de la lettre ouverte (j’utilise le masculin dans l’espoir qu’un certain nombre de signataires sont du genre mâle) relèvent tout d’abord que les exemples sont beaucoup plus nombreux et variés pour les hommes, et donc moins stéréotypés. Toutefois, nous sommes d’avis que la manière de définir ce qu’est un « homme » ne va pas sans poser problème, aussi. Ainsi, « man » est défini notamment comme « a person with the qualities associated with males, such as bravery, spirit, or toughness ». Or, ce type de représentations, classiques, véhicule une image toxique de la masculinité qui fait du tort aux femmes (en favorisant des comportements de contrôle et violents), et qui emprisonne les hommes dans un registre pouvant causer de grandes souffrances psychiques au fil de la vie (en empêchant une saine expression des émotions). N’en déplaise au OED, un homme est toujours un homme lorsqu’il a peur, pleure, ou demande de l’aide en cas de difficultés.
Oxford University Press, de son côté, a répondu que le dictionnaire ne fait que refléter l’usage que les gens font de la langue, et n’a pas l’ambition de prescrire aux locuteurs comment ils doivent parler. Pour ma part, je suis sensible à la nécessité de documenter les usages, y compris les usages historiques, d’un mot. Toutefois, il ne faut pas oublier que des centaines de millions de gens apprennent l’anglais dans le monde comme deuxième ou n-ième langue, et que le OED est le dictionnaire de référence de bon nombre d’entre eux, car il est repris par les grands moteurs de recherche que sont Google et Yahoo à qui il fournit leurs définitions. L’impact qu’a le OED sur les locuteurs du monde entier ne doit donc pas être sous-estimé, et la moindre des choses seraient que les termes dérogatoires soient mentionnés comme tels (à l’heure où j’écris, seul « bitch » est signalé comme étant offensant).
Après avoir lu cela, ma curiosité a été piquée et j’ai décidé de consulter le site du dictionnaire de référence en français, à savoir le Larousse [3]. Résultat : rien de dérangeant à signaler du côté des définitions [4]. On y lit par exemple qu’une femme est:
Un être humain du sexe féminin.
Un adulte de sexe féminin, par opposition à fille, jeune fille : La voilà une femme maintenant.
Une épouse : Il nous a présenté sa femme.
Un adulte de sexe féminin, considéré par rapport à ses qualités, à ses défauts, à son activité, à son origine, etc. : Femme du monde. Femme de lettres
Les citations historiques, quant à elles, contiennent quelques perles qu’il vaut la peine de reproduire ici :
J'ai toujours été étonné qu'on laissât les femmes entrer dans les églises. Quelle conversation peuvent-elles tenir avec Dieu ? (C. Baudelaire, 1821-1867)
Il y a mille inventions pour faire parler les femmes, mais pas une seule pour les faire taire. (G. Bouchet, 1513-1594)
Une femme qui a un amant est un ange, une femme qui a deux amants est un monstre, une femme qui a trois amants est une femme. (V. Hugo, 1802-1885)
Adressez-vous plutôt aux passions qu'aux vertus quand vous voudrez persuader une femme. (Marquis de Sade, 1740-1815)
La femme chaste est celle que nul n'a sollicitée. (Ovide, 43 av. JC-17 après JC)
En guise de conclusion, je souhaiterais citer Irina Dunn : « A woman without a man is like a fish without a bicycle ». A méditer…
Francisco et Merav, nos linguistes invités du mois, habitent à San Francisco. Je les connais depuis longtemps et je les ai vus exercer leurs talents de traducteurs professionnels (espagnol-hébreu-- anglais) de même que j’ai pu juger des aptitudes trilingues de leur fils Adriel. J’ai pu voir Francisco à l’œuvre à l’occasion d’un colloque d’interprétation auquel nous deux assistions, à Los Angeles. Dans le métro, en cours de route, nous avons commenté les annonces faites en espagnol anglicisé, diffusées par le haut-parleur. (Ex.: emploi de plataforma au lieu d’andén).
Comme nous le verrons dans cet entretien, l’espagnol a fortement influencé ce couple. Et cela, bien que Francisco soit né aux États-Unis, et Merav, en Israël. S’étant engagés dans des professions linguistiques, ils ont eu à cœur de faire en sorte que leur fils soit trilingue. Son père lui a toujours parlé espagnol et, sa mère, hébreu. À 13 ans, Adriel est maintenant scolarisé en anglais et en espagnol.
Jonathan G., Traduction Jean LECLERCQ
Questions posées à Merav:
Q: Quels facteurs familiaux ont pu influer sur votre intérêt pour les langues ?
R: Bien qu’aucun de mes parents ne soit linguiste, ils grandirent dans la communauté juive de Buenos Aires et, dès l’enfance, parlèrent couramment l’yiddish, en plus de l’espagnol et, plus tard, de l’hébreu également. Une des cousines de ma mère et son mari, tous deux aujourd’hui décédés, se retrouvèrent à Los Angeles dans les années soixante-dix, et s’employèrent en qualité d’interprètes judiciaires (d’espagnol et d’allemand, en anglais).
Q: Comment êtes-vous parvenue à maîtriser l’espagnol et l’anglais parlés tout en ayant grandi en Israël ?
R: J’ai grandi en Israël, dans une petite communauté, rigide (un kibboutz [1] ) d’immigrants originaires d’Argentine. Les adultes ne nous parlaient jamais espagnol, à nous les enfants – c’était contraire aux normes et à l’idéologie de l’époque – mais ils le parlaient entre eux. À l’âge de quatre ans, ma grand-mère bien-aimée vint nous voir d’Argentine et passa quelques mois avec nous. Elle ne pouvait me parler qu’espagnol et, à la surprise générale, je lui répondais et, très vite, je suis devenue très bonne. Comme tous les écoliers israéliens, j’ai commencé à étudier l’anglais en troisième année. J’ai toujours aimé, et j’étais bonne en anglais.
Q: Comment avez-vous utilisé vos connaissances de base en espagnol et en anglais dans vos études supérieures ?
R: J’ai obtenu un BA en littérature espagnole et anglaise de l’Université hébraïque de Jérusalem, perfectionnant encore ma maîtrise des deux langues. En fait, c’était la première fois que j’étudiais l’espagnol dans un cadre scolaire. J’ai étudié à l’Université Complutense de Madrid (Espagne) pendant un an et, à mon retour en Israël, j’ai décidé de devenir traductrice. Cette année-là, l’école de traduction et d’interprétation de l’Université Bar Ilan a décidé de ne pas offrir de programme espagnol-hébreu, si bien qu’une occasion exceptionnelle de suivre un programme anglais-hébreu s’offrit à moi. Trois ans plus tard, je décrochais un certificat de traduction/interprétation summa cum laude pour les deux programmes, ainsi qu’un Master en littérature anglaise.
Q: Comment avez-vous pu conserver votre maîtrise de l’hébreu à des fins professionnelles ?
R: J’ai suivi une formation d’enseignante d’hébreu seconde langue, en me disant que cela pourrait être un bon emploi d’été. Près de trente ans plus tard, je l’enseigne toujours. Je considère toujours l’hébreu comme ma première langue. Je lis surtout en hébreu, je ne traduis qu’en hébreu et j’essaie de m’immerger dans tous les médias hébreux.
Q.: Comme traductrice et interprète contractuelle du Département d’État, vous avez traduit et/ou interprété pour plus d’une haute personnalité gouvernementale.
R. J’ai moi-même interprété le président Obama à trois reprises, je crois : le discours qu’il a prononcé à Jérusalem devant des étudiants, lors de sa visite de 2013; à la Maison blanche lorsqu’il a reçu à dîner le Président Abbas, le Président Moubarak, le Roi Abdullah et le Premier Ministre Netanyahou en 2010; et au Département d’État, en 2011.
J’ai fait partie de l’équipe de traduction du discours d’Obama, au Caire en 2009, et des discours de Trump à Riyad et Jérusalem, en 2017. J’ai aussi interprété à la Conférence de paix d’Annapolis, en 2007, et à certaines auditions notoires, dans des tribunaux fédéraux, pendant l’année qui a suivi l’adoption du Patriot Act.
Q: Est-ce un problème pour vous de traduire le Président Trump, vu l’opinion personnelle que vous avez de lui ?
R : Vu mes principes, je préférerais traduire un président qui n’offensât point la moitié environ du peuple américain. Mais, quand je travaille, cela ne doit pas entrer en ligne de compte.
Q: Pouvez-vous conter à nos lecteurs une anecdote qui vous a marquée dans votre carrière d’interprète ?
A: Chaque fois que j’ai eu l’occasion d’interpréter le président Obama, j’ai toujours été assise dans une cabine, très loin de lui; souvent même, dans une autre pièce, d’où je le suivais sur un écran. Cette distanciation m’aidait certes à me concentrer sur mon travail. Toutefois, lorsque j’arrivai à la Maison Blanche pour interpréter les discours, après le dîner organisé pour les quatre dirigeants, j’entrai dans l’aile Ouest, conformément aux consignes, et j’attendis mon contact. Mais alors, qui décida de faire quelques pas dans le hall, sinon le Président lui-même ? J’entendis un des agents de sécurité dire : “Bonjour, Monsieur le Président”, et que vois-je ? Le Président Obama saluant deux dames qui se trouvaient dans la zone d’attente avec moi. Je me levai, car je compris qu’il était sur le point de me serrer la main. Je parvins à me présenter sans bégayer. Je ne me souviens plus de sa réponse. Mais, ce contact eut un effet bénéfique : toute la nervosité qui accompagne généralement les interprétations à ce niveau s’évapora immédiatement. Le reste de la soirée dans le salon Est de la Maison Blanche se déroula ensuite comme sur des roulettes !
Questions posées à Francisco:
Q: Né aux États-Unis, comment avez-vous acquis ces grandes compétences en traduction et interprétation espagnol-anglais ?
R: Mon père, Lloyd Kermit Hulse, est né dans l’Orégon rural pendant la grande crise économique, de parents anglophones. À douze ans, il commença à apprendre l’espagnol par lui-même, avec des livres. Il était attiré par l’histoire des conquistadors. Il étudia l’espagnol à l’école secondaire, puis à l’Université de Mexico. Après un premier mariage avec une Américano-Mexicaine, son niveau d’espagnol lui valut un emploi de représentant de commerce d’une société californienne en Amérique latine. Au cours de ses déplacements, il rencontra ma mère, originaire d’El Salvador.
Malgré des ascendants propriétaires terriens et donc (en principe) aristocrates, le décès prématuré de son père obligea sa mère à travailler hors de chez elle (comme couturière), situation convenant mal à une femme de son (ancien) rang. Aussi, pour aider sa famille, ma mère ne finit-elle pas son cycle secondaire et s’engagea, vers l’âge de seize ans, comme secrétaire et adjointe personnelle dans un journal local. Lorsqu’elle rencontra mon père, à 23 ans, son implication dans le journalisme local avait aiguisé son appétit du monde des lettres, et cela sans avoir beaucoup étudié l’anglais.
Mes parents s’installèrent bientôt à La Grande (Orégon) où ma mère apprit vite l’anglais alors que mon père enseignait l’espagnol à l’école secondaire locale. Il devint ensuite professeur associé au Lewis & Clark College. Suivirent une maîtrise et un doctorat de l’Université de Cincinnati. Le frais émoulu docteur ès lettres installa sa famille à Portland, tout en continuant à enseigner à Lewis & Clark, en tant que professeur titulaire, jusqu’à sa retraite.
Il dirigea plusieurs programmes d’échanges avec l’Amérique du Sud. Pendant l’année universitaire 1977-1978, il enseigna l’espagnol à l’Université d’Heidelberg (Allemagne). Cette année-là, j’appris l’allemand rapidement, mais l’oubliai tout aussi vite à mon retour au pays.
Hormis ces quelques années à l’étranger, j’ai été élevé presque exclusivement aux États-Unis. Sans camarades hispanophones à l’école primaire et avec une poignée d’entre eux dans le secondaire, l’immersion dans l’espagnol se réduisit presque exclusivement au milieu familial. Nos parents nous ont toujours parlé espagnol dès lors que la politesse ne les obligeait pas à passer à l’anglais pour faire participer des anglophones à la conversation.
Q: Vers quelles études vous êtes-vous orienté ?
R: J’ai étudié les mathématiques à Lewis & Clark. J’ai passé le test de langues étrangères et me suis classé en troisième année de français (grâce aux trois ans de français à l’école secondaire, où j’étais généralement le plus brillant élève, plus un mois de séjour dans une famille en France, juste avant le test). J’utilisai le reliquat d’heures de crédits pour prendre des cours d’arts et de musique.
Une année de “p’tits boulots” mal payés qui n’étouffa pas mon désir grandissant d’étudier la musique. Aussi m’en suis-je allé au Mills College d’Oakland pour un deuxième cycle. Ayant achevé mon cycle d’études et donné mon concert, tout ce qui me restait à faire pour obtenir mon diplôme était de rédiger ma thèse (sur les compositions de mon concert), mais une méningite me mit hors-jeu avant même que j’aie pu l’entreprendre.
Maintenant, il était temps de trouver un emploi. Je passai une année comme enseignant remplaçant, puis une autre comme prof. de maths et de sciences dans un centre de rescolarisation, et encore une année, toujours comme prof. de maths, dans une école intermédiaire. Cette dernière expérience fut décisive, et cela pour trois raisons : 1) je me suis dit que rester dans l’enseignement ferait de moi un ronchonneur bien avant l’âge ; 2) cette année-là, j’ai fait la moitié de mes cours en espagnol; et 3) je m’improvisais interprète lorsque mes collègues recevaient des parents d’élèves hispanophones.
À l’automne de cette année 1995, envisageant alors de me réorienter, les expériences acquises au cours de ma dernière année d’enseignement me donnèrent assez de confiance en moi pour offrir mes services d’interprète bénévole à l’Hôpital général de San Francisco.
Inscrivant immédiatement ce bénévolat dans mon curriculum vitae, j’envoyai ce bien mince C.V. à toutes les agences de traduction/interprétation des Pages jaunes. Les vautours de la profession m’agrippèrent au passage. Toujours autodidacte, je m’améliorais et grimpais progressivement les échelons, jusqu’à m’attacher de meilleurs clients et figurer sur les tablettes des agences réputées. Finalement, à la fin de 2010, en grande partie grâce à l’insistance de mon épouse, je retroussai mes manches et préparai sérieusement l’examen d’interprète judiciaire que je réussis au début de 2011.
L’histoire serait incomplète si j’omettais de mentionner mon grand ami Omar, qui est le petit-cousin de ma femme et qui nous a fait nous rencontrer. J’ai fait la connaissance de cet Argentin convivial en 1993. Son amitié indéfectible, au fil de jours, de semaines, de mois et d’années de dialogues, de discussions, de désaccords et de débats didactiques, joints à la générosité avec laquelle il a corrigé mon orthographe espagnole calamiteuse lorsque je rédigeais des exercices pour le CBEST (un examen d’admission d’enseignants) ont arrondi les angles de mon illettrisme virtuel en espagnol.
Q: Dès la naissance d’Adriel, Meray lui a parlé hébreu, et vous lui avez parlé espagnol,. L’essentiel de son anglais lui est venu du monde extérieur. Quels autres efforts ont été faits pour le rendre authentiquement trilingue ?
R: Être le témoin de l’aisance à passer d’une langue à une autre est une des nombreuses joies que j’ai eues en qualité de père. Adriel a 13 ans et il lui faut encore surmonter la réaction rebelle, courante à cet âge, de vouloir répondre en anglais. Il est fier d’être trilingue. Jusqu’ici, tout va bien. Il a eu des camarades de classe hispanophones dès la maternelle, et il fréquente une école K-8 d’immersion bilingue.
Lors de ses débuts au jardin d’enfants, l’aptitude d’Adriel à lire et à écrire en espagnol progressa rapidement, suivie de près par l’anglais. Sa connaissance de l’hébreu (utilisant un alphabet différent et donc présumément d’accès plus difficile) est à la traîne jusqu’à présent. Toutefois, s’il est une activité extra-scolaire sur laquelle j’insiste beaucoup, c’est la lecture et l’écriture quotidiennes en hébreu.
Pendant ce temps-là, mon français a rouillé et mon hébreu avance aussi lentement que le processus de paix avec les Palestiniens. Ceci étant, j’ai réussi é faire mieux que mon père, en ce sens que mon fils parle et écrit trois langues.
Question posée à Adriel
Q: Ayant vécu dans une famille trilingue et ayant eu à parler à tes parents dans deux langues étrangères, tout en parlant anglais avec tes camarades d’école et tes amis, est-ce quelque chose que tu recommanderais à des parents plurilingues, dans l’intérêt de leurs enfants ?
R : Je crois que je recommanderais à des parents plurilingues d’apprendre plusieurs langues à leurs enfants. Même s’il peut être difficile à des gosses de rester bons dans les différentes langues qu’ils sont censés savoir, cela les aidera, à long terme, à acquérir des aptitudes linguistiques et à apprendre plus vite. Ou, par exemple, si les parents se rendent dans leur pays natal avec leurs enfants, non seulement ceux-ci pourront communiquer couramment avec les gens du cru, mais ils pourront aussi exercer leurs compétences linguistiques dans la langue parlée sur place (en supposant qu’on leur ait apprise). Lorsque je suis allé en vacances en Israël, on m’a pris pour un Israélien parce que je peux parler hébreu comme un locuteur natif. Et cela, je le dois à ma mère qui m’a enseigné cette langue dès le plus jeune âge.
[1] Un kibboutz (de l'hébreu : קיבוץ, au pluriel : קיבוצים : kibboutzim ; « assemblée » ou « ensemble ») est un type de village collectiviste sioniste créé au début du xxe siècle par des juifs russes adhérant au mouvement sioniste d'influence socialiste.
Nous sommes heureux de retrouver notre fidèle collaboratrice,Michèle Druon, Ph.D., qui a bien voulu rédiger l'article qui suit a notre intention. Mme. Druon est professeur émérite à la California State University, (Fullerton), où elle a enseigné la langue, la culture et la littérature françaises. Elle a fait ses études universitaires d'anglais (spécialisation : Littérature & Culture Américaine, Licence) à l'universsité d’Amiens, et en Lettres modernes, (Licence, mention très bien), à l'université d‘Aix-en-Provence. Elle a obtenu son Doctorat en Littérature française à l’univetsité of California at Los Angeles (spécialisations: le Nouveau roman; Théorie et critique littéraire contemporaine; philosophies post-modernes).
Pour le centenaire de la naissance de Boris Vian, le 10 mars 1920, une multitude d’évènements, parrainés par le Ministère de la Culture et la Ville de Paris (1), se tiendront cette année partout en France ainsi qu’en Belgique, en Suisse, au Canada et aux États-Unis : entretiens multiples à la radio, à la télévision et dans les librairies, concerts de jazz, expositions, films, théâtre … C’est dire le prestige et l'aura extraordinaire dont jouit aujourd’hui Boris Vian.
La légende de ce personnage prodigieux s’amplifie en même temps que la redécouverte de son œuvre, mine inépuisable et multiforme dont on continue d’exhumer les trésors. Génie polyvalent dont l’arc éblouissant traverse aussi bien les sciences et techniques que les arts, la musique et la littérature, Boris Vian semble avoir condensé plusieurs vies dans sa brève existence : il fut à la fois ingénieur, écrivain, poète, parolier, scénariste, critique et musicien de jazz, chanteur, acteur, peintre (2), et enfin traducteur (de l’anglais au français). Ses œuvres écrites comprennent plus de 50 volumes et abordent à peu près tous les genres littéraires : poésie, chroniques, nouvelles, pièces de théâtre, romans surréalistes, policiers, de science-fiction se succèdent, sans compter les scenarios écrits pour le cinéma, les livrets d’opéra, les traductions de romans américains, et plus de 500 chansons !
1.De l’enfance à l’âge adulte :
Boris Vian avait grandi à Ville-d’Avray, dans une région qui était alors La Seine-et-Oise (aujourd’hui les Hautes-de-Seine ). Cadet de trois autres enfants, il passe une enfance choyée dans une famille aisée et cultivée. Le père et la mère, Paul et Yvonne Vian, ont l’esprit ouvert, aiment la liberté, la musique et la littérature. Ils ont le goût de la langue et pratiquent avec leurs enfants nombre de jeux de mots et jeux d’esprit dont Boris restera toujours particulièrement friand dans ses écrits.
Ruinée dans la Grande Dépression de 1929, la famille se trouve forcée de s’accommoder d’un train de vie beaucoup plus modeste. La santé de Boris, fragile dès la tendre enfance, l’oblige à suivre la plupart de sa scolarité à la maison. A l’âge de 12 ans, une grave maladie lui laisse une insuffisance cardiaque qui l’affectera toute sa vie. Cela ne l’empêche pas de faire des études secondaires brillantes au lycée, tout en s’adonnant à ce qui restera toujours ses plus grandes passions, la littérature (française et américaine) et la musique : fasciné par le jazz américain, il apprend la trompette. Il entre en terminale au prestigieux lycée Condorcet, à Paris, où il obtient son second baccalauréat en 1937, à l’âge de 17 ans.
Quand la guerre est déclarée en 1939, Vian est conscrit mais jugé inapte au service militaire en raison de sa santé. La même année, il passe le concours d’entrée de L’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, puis rejoint l’Ecole, repliée à Angoulême au début de la guerre. Peu de temps après, à Cap-Breton où sa famille s‘est installée, Boris Vian rencontre et tombe amoureux de Michelle Léglise, qu’il épouse en 1941. (Ils auront deux enfants, Patrick et Carole en 1942 et 1948).
En 1942, Vian obtient son diplôme d’ingénieur en métallurgie, et trouve alors un poste à l'AFNOR (Association française de normalisation), où il travaillera jusqu’en 1946. Son expérience du travail de bureau, qu’il perçoit comme absurde, lui laisse néanmoins le temps de faire de la musique et d’écrire, et c’est à cette époque qu’il produit ses premiers textes : Les cent sonnets (1941), Troubles dans les Andains (1942), et un roman satirique : Vercoquin et le plancton (1943), qui ne seront publiés que beaucoup plus tard.
2. Saint-Germain-des-Prés, et l’esprit « jazz » :
C’est surtout après la guerre que Boris Vian commence à devenir une figure célèbre dans les cercles parisiens où il est reconnu en tant qu’écrivain, artiste et musicien. Tout Paris vibre alors d’une incroyable effervescence artistique et intellectuelle : dans les cafés de Montparnasse comme Les Deux Magots ou Le Café de Flore, on côtoie musiciens de jazz, philosophes et écrivains existentialistes, peintres et postes surréalistes ou post-surréalistes, héritiers d’un sens de l’absurde qui laissera une marque profonde dans l’œuvre de Boris Vian (3). C’est l’époque des zazous, du be-bop, des caves et cabarets de Saint-Germain-des Prés où chantait Juliette Gréco, et des clubs de jazz (dont le fameux Tabou où Boris Vian joua lui-même) où toute une génération « swingue » et fait la fête après les sombres années d’occupation.
A bien des égards, le personnage de Boris Vian, au centre de ce tourbillon parisien, incarne pour nous l’esprit de cette époque. L’esprit «jazz» d’abord, car cette musique qui vient de l’Amérique le passionne depuis l’adolescence par sa modernité et sa liberté. Ainsi, dès 1937, à l’âge de 17 ans, Boris Vian s'était inscrit au Hot Club de France, alors présidé par Louis Armstrong et Hugues Panassié. Plus tard, après la Libération, il rejoindra comme trompettiste l'orchestre de Claude Abadie, alors considéré comme l'un des meilleurs orchestres de jazz amateur de l'époque. Vian jouera par ailleurs un rôle important dans la diffusion du jazz en France en servant de liaison à de grands musiciens comme Duke Ellington (son idole), Charlie Parker et Miles Davis. Il est aussi critique de jazz, une activité qui deviendra plus importante pour lui quand sa santé l’obligera à abandonner la trompette. Il écrit de nombreux articles, dont certains seront publiés aux Etats-Unis, dans des revues de jazz comme Le Jazz Hot et Jazz News(4).
Miles Davis
Charlie Parker
Duke Ellington
3. Le Chansonnier
Outre son investissement dans la musique de jazz, Boris Vian a aussi écrit un nombre prodigieux de chansons dont beaucoup ont connu un succès populaire, et dont certaines sont devenues «cultes». La plus célèbre, internationalement connue, est «Le Déserteur», mise en musique par le compositeur américain Harold Berg. Écrite en 1954 vers la fin de la Guerre d’Indochine, cette chanson antimilitariste adressée sous la forme d’une lettre à « Monsieur le Président » scandalise les patriotes de l’époque et est censurée à la radio, mais est vendue à des milliers de disques. Elle sera traduite en de multiples langues et chantée partout dans le monde, notamment par Joan Baez et Peter Paul and Mary dans les années soixante.
Joan BAEZ
Peter, Paul & Mary
Monsieur le Président Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir Monsieur le Président Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C'est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Ma décision est prise Je m'en vais déserter (…)
La renommée de ce texte ne doit pas faire oublier la richesse et la variété du répertoire de Boris Vian, qui met en scène dans ses chansons tout un univers de personnages et de situations qui sont autant d’images de la société de son époque, à travers une multitude de styles musicaux. Son premier « tube » en 1950 : « C’est le Be-Bop », est chanté et enregistré par Henri Salvador, ex-pianiste de jazz dont il partage le goût du rire, et avec qui il aura longtemps une collaboration fructueuse - qui donnera, entre autres, le célèbre « Faut rigoler » (ou « Mambo des Gaulois ») (1958).
Après l’échec de L’Arrache-Cœur, son dernier roman (5), en 1953, Boris Vian renonce à la littérature et accroit sa production de chansons avec de nouveaux collaborateurs comme le pianiste Michel Legrand, Philippe Weil et Eddie Barclay. Avec le pianiste Jimmy Walter, il compose les très populaires « J'suis snob » et « On n'est pas là pour se faire engueuler» (1954), puis (entre autres) « La Java des bombes atomiques » et « Je bois » (1955) avec le pianiste Alain Goraguer. En 1955-56, l’hilarante «Pan Pan Pan poireaux pomm’ de terre» sera chantée par Maurice Chevalier, et en 1956, inspiré par le rock n’ roll américain, Vian produit une série de pastiches désopilants, dont « Rock and roll mops » et « Va’t faire cuire un œuf, man ».
Le titre de ces chansons (comme aussi par exemple : « Les lésions dangereuses », « Le tango des balayeurs », « Les malédictions des balais », etc.) indique assez la veine humoristique qui les traverse et qui est une dominante dans toute l’œuvre de Boris Vian. Tantôt loufoque, acide, noir, cru, décapant, cet humour déploie dans une langue simple, populaire, à la Prévert, et souvent argotique, une série de vignettes satiriques où s’affirment les positions fondamentalement anti-bourgeoises de leur auteur, telle par exemple :
(…) J'suis snob... J'suis snob J'm'appelle Patrick, mais on dit Bob Je fais du ch'val tous les matins Car j'ador' l'odeur du crottin Je ne fréquente que des baronnes Aux noms comme des trombones (…) J'suis snob... J'suis snob J'suis ravagé par ce microbe J'ai des accidents en Jaguar Je passe le mois d'août au plumard C'est dans les p'tits détails comme ça Que l'on est snob ou pas J'suis snob... Encor plus snob que tout à l'heure Et quand je serai mort J'veux un suaire de chez Dior!
En 1955, Boris Vian enregistre, dans les studios Phillips, un premier album intitulé Chansons impossibles et Chansons possibles, mais le disque ne se vend guère, malgré l’attention des connaisseurs et l’hommage de George Brassens, qui lui reconnait un talent unique. Cette période voit pourtant l’efflorescence des grandes « chansons à texte » de Prévert, Aragon, Queneau, et des grands interprètes comme Mouloudji, les Frères Jacques, Yves Montand, Serge Reggiani…, qui interpréteront beaucoup des chansons de Vian.
Vernon Sullivan et le roman noir :
Ce n’est pas seulement la musique populaire américaine comme le jazz et le rock n’roll, mais aussi la littérature populaire américaine qui attirent Boris Vian depuis toujours. Grand amateur de romans noirs américains, il en traduit plusieurs en anglais (qu’il avait appris par lui-même adolescent, pendant son temps libre), dont ceux de Raymond Chandler et James Mc Cain, qui seront publiés dans la « Série Noire » de la grande maison d’édition Gallimard.
Cette fascination pour le roman noir américain donnera lieu à une des plus énigmatiques facettes de l’œuvre de Boris Vian, et jouera aussi, ironiquement, un rôle dans sa mort.
Sous le pseudonyme de Vernon Sullivan (parmi ses multiples pseudonymes : Bison Ravi, délicieux anagramme de son nom), Boris Vian publie une série de «romans américains» - dont il prétend n’être que le traducteur - et qui, contrairement aux romans signés sous son nom, connaitront un grand succès dans le public. Le premier et le plus célèbre : J’irai cracher sur vos tombes » (1947), écrit en deux semaines, est à l’origine un canular de Vian, un pastiche de roman noir dont il avait parié de faire un bestseller. Dès sa parution, le livre fait scandale, et Vian est attaqué en justice pour le contenu « immoral et pornographique » de son texte; Le scandale rebondit peu après, à la suite d’un fait divers rapporté par la presse : un homme a assassiné sa maîtresse en laissant un exemplaire du roman près du cadavre. Accusé d’être « un assassin par procuration », Vian retraduit alors en anglais son propre texte, en prétendant qu’il s’agit de la version originale de Vernon Sullivan. Toute cette publicité profite au livre qui est un best-seller en 1947, et se vend à plus de 100000 exemplaires (6).
Même aujourd’hui, le livre produit encore un effet de choc : l’histoire se situe dans le Sud des Etats-Unis et a pour héros Lee Anderson, un jeune métis Afro-Américain qui, pour venger le lynchage de son jeune frère, se livre à une orgie croissante de viols et de meurtres. Si la dénonciation du racisme aux Etats-Unis anime tout le livre, la forme qu’elle prend ici dérange par sa rage, sa violence, et, il faut bien le dire, par la misogynie qui affleure souvent dans ses passages pornographiques. Sans doute faut-il lire ces passages au « second degré » de l’humour noir qu’y déploie son auteur, mais ce roman ambigu et controversé, et qui lui causa tant d’ennuis, est difficile à réconcilier avec le ton et la délicatesse d’un autre roman, pourtant écrit quelques mois plus tôt par Vian sous son vrai nom – et qui est considéré comme son chef-d’œuvre : L’Ecume des Jours.
L’Ecume des Jours
Car Boris Vian, bien sûr, ce n’est pas seulement le jazzman, le chanteur-compositeur des cabarets Rive-Gauche, l’humoriste et le satiriste, le traducteur et le pasticheur de romans noirs, c’est aussi et surtout peut-être, l’auteur de ce roman devenu quasi-mythique dans la culture française (7).
On se rappelle ce conte moderne situé pendant l’après-guerre, où deux amoureux idylliques, Colin et Chloé, évoluent dans un Paris surréel et à demi-rêvé, déjà nostalgique. Leurs aventures sont cocasses, absurdes, fantaisistes : une souris parle, des anguilles vivantes sortent du robinet, et on y croise en chemin des personnages tels Jean-Sol Partre (Jean-Paul Sartre), auteur du Vomi (La Nausée), et la duchesse de Bovuard (Simone de Beauvoir). Le texte regorge d’images burlesques, de trouvailles poétiques et de machines imaginaires telles le fameux «pianocktail» (un piano qui fabrique des cocktails en musique). A chaque page cascadent les jeux de mots et les métaphores pétillantes de charme et d’humour – telles, entre mille autres :
« Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots ».
L’Ecume des Jours est un roman de jeunesse (Boris Vian a 26 ans quand il l’écrit) mais c'est aussi, à bien des égards, le roman de la jeunesse par son énergie, son romantisme, ses délires et son désir de subvertir les conventions établies : la génération contestataire des années soixante ne s'y est pas trompée quand elle redécouvre le roman, longtemps ignoré par le public et les critiques, et en fait ce qui sera désormais un livre-culte.
Mais comme son titre l’indique, L’Ecume des Jours est aussi un roman sur l’évanescence et la fragilité du bonheur, et sur les ravages du temps qui passe. Dans sa seconde partie, quand Chloé tombe malade, lentement étouffée par le «nénuphar» qui lui mange les poumons, tout le texte s’assombrit et plonge dans une mélancolie profonde où s’imposent peu à peu les images de la mort.
Derrière leur humour, la mort n’est jamais loin dans les textes de Vian (8), prémonition peut-être pour celui dont la vie fut marquée si tôt par la maladie, ce qui lui inspira sans doute cette rage de vivre et de créer si intense, multiple et surabondante qu’elle semble contenir plusieurs vies parallèles (8).
La mort :
Cette frénésie d’activités s’accélère encore pour Vian dans les années cinquante, quand des problèmes financiers l’obligent à augmenter ses multiples productions; outre les nombreuses chansons qu’il continue d’écrire, il compose des spectacles de cabarets (il se produira lui-même au Trois Baudets), des pièces de théâtre, des traductions, des livrets d’opéra, des scénarios de cinéma; il joue lui-même dans plusieurs films, dont Les Liaisons Dangereuses, de Roger Vadim (1958), et travaille comme directeur artistique chez Philips, où il gère la carrière de nombreux musiciens. C’est aussi pendant ces années qu’il se sépare de sa première femme et en 1954 épouse Ursula Kubler, une danseuse suisse.
Ce rythme ahurissant mène Boris Vian à un épuisement nerveux qui contribue à affaiblir sa santé, toujours fragile. Le 23 juin 1959, lors de la première cinématographique de J’irai cracher sur vos tombes, adaptation médiocre où Vian ne reconnait pas son texte, il est frappé d’une crise cardiaque, et meurt à l’âge de trente-neuf ans.
Le mot de la fin :
Figure complexe, aux mille visages, Boris Vian a laissé dans la culture française et internationale des traces multiples, qui semblent s’étendre et s’approfondir avec le temps. Depuis le début du XXIème siècle, une nouvelle effervescence artistique et intellectuelle s’est créée autour de son œuvre, qui se traduit par une abondance de documentaires, biographies, émissions radiophoniques et télévisées, et la publication, en 2010, de ses œuvres complètes dans la prestigieuse collection de La Pléiade (10).
On rejoue ses pièces de théâtre, et au cinéma, en 2013, le film de Michel Gondry, L’écume des Jours (Mood Indigo) rend un magnifique hommage au roman et à son auteur.
Laissons le dernier mot – toujours humoristique - à Boris Vian lui-même :
« Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements à priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington ». (Préface de L’Ecume des Jours)
3. Ces articles ont été rassemblés en 1982 dans Écrits sur le jazz .
4. Également influencé par la tradition ubuesque de l’absurde, Boris Vian sera induit en 1952 au Collège de Pataphysique, association littéraire fondée à la mémoire d‘Alfred Jarry, et où figurent, entre autres, Raymond Queneau, Jacques Prévert et Eugène Ionesco.
5. Les deux romans qui suivent l’Ecume des Jours : L’Automne à Pékin en 1947, et L’herbe Rouge en 1950, n’ont pas connu non plus de succès populaire.
6) Les deux romans suivants publiés sous le nom de Sullivan : Les morts ont tous la même peau (1947) et Et On tuera tous les affreux (1948), ont aussi un succès controversé. En 1948, Boris Vian reconnaît officiellement être l'auteur de J'irai cracher sur vos tombes, mais le livre est interdit en 1949.
7) En anglais: Froth on the Daydream, traduit par Stanley Chapman.
8) Cette présence de la mort dans L'Ecume des Jours surprend moins quand on sait que le père de Boris Vian avait été assassiné chez lui en 1944, peu avant la rédaction du livre.
9) Voir, parmi les multiples biographies de Boris Vian: Boris Vian: La Poursuite de la vie Totale, par H. Baudin (1966); ; Les Vies parallèles de Boris Vian, par N. Arnaud (1970)
10) En janvier 2020, La Pléiade a publié une nouvelle édition des Œuvres Complètes de Boris Vian sous la direction de Marc Lapprand.
Les paroles de la chanson “Feker Libi” seront interprétées en amharique, arabe, anglais et hébreu, par Eden Alene, le candidat israélien à l’Eurovision 2020.
(photo credit: RONEN AKERMAN)
Pour la première fois, une Israélienne d’origine éthiopienne représentera Israël au Concours Eurovision de la chanson.
Eden Alene, 19, est devenue le choix pour le concours de mai qui se tiendra aux Pays-Bas après avoir remporté le concours de réalité de la chaîne 12 “HaKochav HaBa” ou “La prochaine Étoile”, mardi soir.
Elle était le choix du jury et des téléspectateurs israéliens qui ont envoyé leurs votes.
« C’est un honneur incroyable de représenter mon pays, a-t-elle dit après l’annonce de sa victoire. C’est incroyable qu’un Éthiopien le fasse pour la première fois ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a félicitée sur Twitter, en écrivant : « Eden, tu es une championne ! Nous te faisons confiance pour rapporter l’Eurovision à la maison. Bonne chance ! ».
Eden est née et a grandi à Jérusalem. Ses parents ont divorcé quand elle avait quatre ans, et elle n’a eu aucun contact avec son père depuis. Elle a étudié la danse classique pendant dix ans avant de quitter une école religieuse pour aller vers un établissement laïc afin de suivre des cours de théâtre et de chant.
La chanteuse israélienne Netta Barzilai a remporté l’Eurovision en 2018, ce qui a fait d’Israël le pays hôte du concours l’année suivante.
Eartha Mae Kitt, (1927-2008), danseuse, chanteuse de variétés, de comédies musicales et de jazz, actrice de théâtre et cinéma américaine
Je cherche un homme, un homme, un homme Un Pierre, un Paul, un Jacques ou Tom Peu m'importe comment il se nomme S'il est un homme, un homme, un homme.
Je n'exige pas un Apollon Qui sait briller dans les salons Ni un type fort comme un Samson Pourvu que j'aie un mate un bon.
Il n'a pas besoin d'être un milliardaire Qu'il soit beau, non, ça m'est égal. Il n'a pas besoin d'être une grande lumière Star du cinéma ni prince royal.
Je cherche un homme, un homme, un homme Qu'il s'appelle Pierre ou Paul ou Tom Pourvu qu'il donne son maximum Je cherche un homme, un homme, un homme
Doesn't have to be prince or movie star A Texas oil man or a French marquis Doesn't have to be handsome as a picture An ordinary guy's all right with me Je cherche un homme, un homme, un homme Un Pierre, un Paul, un Jacques ou Tom
Pourvu qu'il donne son maximum Je cherche un homme, un homme, un homme
Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit Tout's sort's de gueux se faufil'nt en cachette Et sont heureux de trouver une couchette Hôtel du courant d'air, où l'on ne paie pas cher L'parfum et l'eau c'est pour rien mon marquis Sous les ponts de Paris Sous les ponts de Paris Quel rendez-vous!
My darling why I sing this song Is easy to explain It tells what happens all along The bridges of the Seine
The vagabonds go there at night To sleep all their troubles away But when the moon is shining bright My heart wants to sing it this way.
How would you like to be Down by the Seine with me? Oh what I'd give for a moment or two Under the bridges of Paris with you
Darling I'd hold you tight Far from the eyes of night I’d make your dreams come true Oh chérie, je veux apporter mes bras Je veux apporter mon cœur Je veux apporter all my love Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit I’d make your dreams come true I’d make your dreams come true
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