...et en inventent d'autres
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Lecture supplementaire :
New Words We Created Because Of Coronavirus
Dictionary.com
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passeports immunitaires
Le Monde, 23.4.2020 : « L’OMS met en garde contre les « passeports immunitaires », faute de données suffisantes sur les risques de réinfection. »
Le journal explique « Certains gouvernements ont émis l’idée de délivrer des documents attestant l’immunité des personnes sur la base de tests sérologiques révélant la présence d’anticorps dans le sang, de façon à deconfiner et à permettre peu à peu leur retour au travail et la reprise de l’activité économique. »
(Il convient de noter que l'anglais n'emploie pas le verbe to confine dans ce contexte (même si l'expression confined to home est usitée), et l'anglais n'offre pas non plus de terme équivalant à déconfiner ou à déconfinement, dans le sens d'un antonyme de confiner ou de confinement, dans le contexte de la pandémie actuelle.)
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télé-travail
Le journal Le Monde, dans son édition du 23 avril, 2020, fait allusion au “télé-travail”. Ce terme est à la mode suite au confinement, mais il n'est pas nouveau. Selon Wikipedia : « Promu dès les années 1970 (via le téléphone et surtout le fax), dont en France par les pouvoirs publics français qui y voyaient un mode d'aménagement du territoire
, c'est en 1972 que le terme « telework » apparaît pour la première fois dans un article du Washington Post signé par le journaliste Jack Schiff et, à la même époque, Jack Nilles, considéré comme le père du télétravail lance ses premiers travaux sur ce qu’il baptisa, en 1975, le « telecommuting ».»
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debtphobia
New York Times - le 5 mai 2020 :
« Pour la première fois en 169 ans d’existence, le mot "debtphobia" a été publié dans notre édition d’hier ».
On nous a proposé « phobie de l’endettement » pour "debtphobia". »
La pandémie favorise les « coups d’État du coronavirus » ["Coronavirus coups"]
[L'article complet :‘Coronavirus coup’? As outbreak grows, authoritarians around the world seize the moment]
Los Angeles Times, 1er avril 2020
Traduction : Jean-Paul Deshayes
Invoquant la nécessité d’enrayer la pandémie, certains gouvernants autoritaires sont en train d’accroître leur pouvoir sans rencontrer de véritable résistance.
Pour lutter contre la propagation du coronavirus, les démocraties ont recours à des mesures comme l’état d’urgence, l’instauration soudaine du confinement et une surveillance accrue des citoyens. Or, les autocrates actuels tirent profit de ces mesures : selon les analystes, la crise sanitaire qui sévit à l’échelle mondiale sert de prétexte à certaines prises de pouvoir audacieuses.
Des observateurs inquiets ont désigné ce phénomène par l’appellation caustique de « coups d’État du coronavirus. »
Lecture supplementaire :
Un coup d'état aux États-Unis ? Des réflexions linguistiques
La pandémie, un prétexte pour généraliser la surveillance numérique
VoxEuropa
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Infodémie (Wikipedia)
Des campagnes de désinformation sur la pandémie de Covid-19 font suite au déclenchement de l’épidémie de coronavirus en 2019 (Covid-19).
De nombreuses théories du complot, infox et cas de désinformation ont éclos sur internet à propos de l'origine de cette maladie, son étendue, sa prévention, son traitement, ainsi que divers autres aspects.
Les fake news et la désinformation ont été diffusées par les réseaux sociaux, les messageries, et par des médias officiels russes et chinois. Certaines fausses informations et désinformations qui ont été diffusées ont affirmé que le virus était une arme biologique pour laquelle il y aurait un vaccin breveté, ou encore un programme de contrôle de la population ou le résultat d'une opération d’espionnage.
D'autres désinformations concernant l'utilisation de médicaments et de traitements. C'est le cas pour la chloroquine, médicament présenté comme une solution possible, mais qui n'a pas fait l'objet de tests aboutis suivant la méthode scientifique. De nombreuses fausses informations sont diffusées concernant l'efficacité, la diffusion et les effets de ce médicament, tant par des personnalités politiques (dont Donald Trump) que médiatiques.
La désinformation médicale sur les moyens de prévention, de traitement et d’autodiagnostic de la maladie du coronavirus a aussi circulé massivement sur les réseaux sociaux. L’organisation mondiale de la santé a parlé d'une infodémie d'informations erronées concernant ce virus, présentant des risques pour la santé mondiale.
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Regain d'intérêt pour les dictionnaires en ligne ?
The Economist, 25 mars 2020. Traduction : Jean Leclercq
EN TEMPS DE GRANDE FRAYEUR, les gens cherchent désespérément des sources sérieuses d’information : les scientifiques et les pouvoirs publics. La pandémie de covid-19 en est un exemple.La pandémie de covid-19 en est un exemple. Mais, ils se fient aussi à une source autorisée moins évidente. Traditionnellement, un bloc de papier d’une robustesse rassurante, le dictionnaire, a été un sérieux instrument d’arbitrage des paris. De nos jours, les dictionnaires sont de plus en plus en ligne. Les meilleurs d’entre eux, non seulement valent mieux que le meilleur des anciennes versions papier, mais ils permettent aux lexicographes de sonder l’esprit des gens.
Depuis des années, Merriam-Webster, l’un des noms les plus connus parmi les éditeurs américains de dictionnaires, nous a renseignés sur les pointes de recherches de mots coïncidant avec les périodes de grands événements sociaux. La présente pandémie n’y échappe pas. Les pointes les plus évidentes concernent des termes comme le coronavirus lui-même – en augmentation de 1.100.000% (voir graphique). Mais, d’autres termes permettent à l’observateur de constater une aggravation de la crise : les gens ont commencé à chercher de plus en plus les mots epidemic, à la mi-janvier, et pandemic, au début de février. Les termes liés à la prévention ont également bondi : quarantine et self-isolation, à la mi-mars, par exemple. (Note à l’adresse des puristes : si vous êtes du genre à vouloir que « décimer » ("to decimate" en anglais) signifie uniquement détruire d’environ un dixième, votre quarantaine doit durer 40 jours. [1] ) Lorsque les pouvoirs publics ont commencé à agir, les gens ont cherché à comprendre ce qui allait se passer : draconian, lockdown et triage ont alors pointé le nez, en février. Martial law, aussi, mais pour une raison bien précise : le 16 mars, un sénateur américain, Marco Rubio, a tweeté une allusion soléciste à la loi martiale, ce qui a provoqué une pointe de recherches.
Les gens ont poussé les recherches au-delà des seuls termes relativement raréfiés. Ces derniers temps, ils ont aussi recherché des termes comme to cancel , se demandant peut-être si des dérivés comme cancelling ont un ou deux l. (Réponse : un seul aux États-Unis, et deux en Grande-Bretagne, au Canada et dans beaucoup d’autres pays.) Peut-être plus étonnant encore, on a enregistré des hausses – difficile de les appeler autrement que des sursauts, mais néanmoins visibles dans les données – pour des mots comme trust et stress. Peter Sokolowski, de chez Merriam-Webster, estime qu’il est difficile de savoir pourquoi. Mais, il reconnaît que lorsque les gens s’inquiètent, il peut leur paraître plus urgent de donner un sens plus spécifique et plus concret à un terme abstrait. Comme de faire des provisions de denrées alimentaires et de papier hygiénique, c’est comme si l’on tentait de stocker autant d’informations compréhensibles que possible.
À temps d’urgence, moyens exceptionnels.
Note du blogue :
[1] Le terme anglais quarantine est associé au français « quarantaine », mais son origine remonte plus loin. En latin, le chiffre quarante se disait quadraginta, origine du vieil anglais quarentyne désignant "le désert où le Christ jeûna pendant quarante jours ». Dans les années 1520, le mot prit sa forme actuelle, mais pour désigner cette fois la période de quarante jours pendant laquelle la veuve avait le droit de demeurer dans la maison de son époux défunt. Cette règle fut édictée dans la Grande Charte (Magna Carta) de 1215 et consacrée par le droit coutumier afin de donner à la veuve la possibilité de faire le deuil de son mari en toute sérénité et d'écarter d'éventuels héritiers un peu trop pressés de la chasser de son domicile.
La racine latine quadraginta a donné quaranta en italien mais, si quarantina signifie « quarantaine » (environ quarante), le mot quarantena désigne la période de 40 jours pendant laquelle un navire soupçonné de transporter une maladie était tenu en isolement. Les navires arrivant à Venise en provenance de ports infectés étaient obligés de rester au mouillage pendant 40 jours avant d'accoster. En effet, Venise risquait d'être une proie facile pour la peste car c'était un port d'escale et de transit pour toutes les voies maritimes reliant l'Europe à l'Orient, un vrai carrefour qui accueillait des navires et des gens de partout. La Sérénissime république se dota donc de moyens de prévention modernes, créant des zones de quarantaine sur quelques îles éloignées de la ville, les lazzaretti , imitée en cela par d'autres ports italiens et européens. En France, la plupart des ports méditerranéens (dont Sète et Toulon) disposaient d'un lazaret.
Le délai de quarante jours n'avait pas été fixé au hasard. Il correspondait à la durée maximale d'incubation des maladies infectieuses contagieuses, d'après l'état des connaissances à l'époque. Il a été ramené à 14 jours et même moins, selon les maladies. Les mesures et les délais de surveillance des maladies soumises à surveillance sont désormais définis par le Règlement sanitaire international.
Lectures supplémentaires :
LANGUAGE in a Time of CORONA
Etymonline March 25, 2020
A Guide to Coronavirus-Related Words
Deciphering the terminology you're likely to hear - Merriam Webster, 18 March 2010
Know the terms: A complete COVID-19 pandemic glossary - AccuWeather March 25, 2020
How ‘the rona’ — ahem, coronavirus — is changing our everyday vocabulary - The San Diego Union-Tribune, March 25, 2020
10 Best Online English Dictionaries - Slash Digit
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