Un courtisan ou une courtisane est étymologiquement une personne qui demeure à la cour du souverain. La signification de ces deux termes a cependant évolué de façon bien différente : un courtisan désigne généralement un homme de cour soucieux de plaire jusqu'à l'obséquiosité, alors qu'une courtisane désigne en général une prostituée de luxe ou une demi-mondaine [1].
Si on regarde les mots équivalents en anglais, et ceux qui contiennent « court », les choses deviennent plus compliquées.
français |
anglais |
courtisane |
courtesan |
courtisan |
courtier * |
courtier */courtage [3] |
broker/brokerage |
cour, tribunal [2] |
court (judicial) |
palais de justice |
courthouse |
cour (royale) |
court (royal) |
courtiser, faire la cour |
(to) court |
cour |
courtship |
courtois ** |
courteous |
* Il en ressort que courtier (français) et courtier (anglais) sont des faux amis.
** De l’ancien français cortois « qui appartient à la cour ». Dérivé de l’ancien français cort, lieu où résidaient le souverain et son entourage. La forme initiale de cet adjectif dans la Chanson de Roland était curteis c. 1100), puis devient au XIIe siècle corteis. Au XIIIe siècle, cet adjectif a été refait en courtois, conformément à la graphie court du substantif. (Wiktionary)
Aperçu historique :
Un courtisan (« courtier » en anglais) est une personne qui fréquentait souvent la cour d'un monarque ou autre personnage royal. Les premiers exemples historiques de courtisans faisaient partie de la suite des chefs d'État. Historiquement, la cour était le centre du gouvernement ainsi que la résidence du monarque, et la vie sociale se mélangeait souvent complètement à la vie politique. Dans la société féodale, la cour était le centre du gouvernement ainsi que la résidence du monarque.
Une courtisane (« courtesan » en anglais), dans l'usage moderne, est un euphémisme signifiant une escorte, une maîtresse ou une prostituée, pour qui l'art de l'étiquette digne est le moyen d'attirer des clients riches, puissants ou influents. Mais selon Histoire pour Tous : « Ces grandes courtisanes, horizontales, cocottes et autres lionnes ont incarné, entre modèle et contre modèle, le refus des hiérarchies et des préjugés, l'insolence, l'extravagance et l'autonomie financière. Loin de ne représenter qu'un érotisme débridé ou un féminisme collectif, elles ont, chacune à leur façon, inventé une autre façon d'être « quand même » au monde, au féminin, d'y rayonner et parfois aussi d'y renoncer. »
Selon « La petite histoire des courtisanes (Marc Lemonier, Éditions Jourdan, 2018) : « Ces femmes extraordinaires…furent favorites royales, muses, espionnes, actrices, poétesses, danseuses ou simplement, vedettes du demi-monde. » [4]
Avant la Renaissance, l'on recourait aux courtisanes pour transmettre des informations aux dignitaires en visite, lorsqu'on ne pouvait faire confiance aux serviteurs. Dans l'Europe de la Renaissance, les courtisans jouaient un rôle extrêmement important dans la société de la classe supérieure. Comme il était de coutume, à l'époque, que les couples royaux mènent des vies séparées - se mariant généralement simplement pour préserver les lignées et obtenir des alliances politiques - les hommes et les femmes recherchaient souvent la satisfaction et la compagnie des personnes vivant à la cour. En fait, le verbe anglais «to court » signifiait à l'origine « être ou résider à la cour », est devenu par la suite to behave as a courtier « se comporter comme un courtisan », puis « faire la cour », « courtiser » ou « porter une attention amoureuse à quelqu'un ». Le compagnon le plus intime d'un personnage royal s'appelait le « favori ». [5]
Dans l'usage de la Renaissance, le mot italien cortigiana, féminin de cortigiano ("courtisan") a désigné au fil des années une personne qui fréquente la cour, puis une femme bien éduquée et indépendante, éventuellement une artiste professionnelle, danseuse ou chanteuse, en particulier une femme associée à une société riche, puissante ou de la classe supérieure qui recevait luxe et statut en échange de divertissement et de camaraderie. Le mot fut emprunté par l'anglais à l'italien passant par la forme française courtisane au 16e siècle, particulièrement associé à la signification de donna di palazzo.
Une figure masculine comparable au courtisan était le cicisbeo italien, le chevalier serviteur français, le cortejo ou estrecho espagnol.
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[1] En France, au XIXe siècle, les demi-mondaines étaient des femmes entretenues par de riches Parisiens. Ce groupe social, jusque-là invisible, se manifesta bruyamment dans la presse, le théâtre, les réunions publiques et finalement dans toute la société parisienne à partir du Second Empire pour atteindre son apogée vers 1900 et disparaître à la première guerre mondiale. Ces cocottes de basse ou de haute condition sont appelées aussi « Grandes Horizontales ».
Voir : Alexandre Dumas fils, Le Demi-monde. (Wikipedia]
[2] Qu’est-ce qu’une cour royale a de commun avec la cour de justice ?
Succédant à une justice exercée par les seigneurs et le clergé dans chaque province sous la féodalité, apparaît sous la monarchie la justice royale.
Les Rois de France rendent désormais la justice et assoient progressivement leur autorité judiciaire. Lors des sacres, l'archevêque de Reims remet la " main de justice ", signe d'équité, et l'épée, glaive de justice. Ainsi, le Roi reçoit de Dieu le pouvoir spirit,uel et temporel de rendre justice.
Les rois successifs délèguent progressivement leur pouvoir judiciaire à des juges spécialement nommés, tout en gardant un droit de regard sur les affaires et en conservant le pouvoir de juger eux-mêmes une affaire déjà entamée ou de l'attribuer à une autre juridiction (droit d'évocation). Les magistrats, conseillers du roi, revêtent alors les habits royaux : l'écarlate étant la couleur de ces habits, les magistrats portent des robes de couleur pourpre et une coiffure appelée mortier, un chapeau de velours rond pour rappeler la couronne. Ainsi apparaît la Cour royale dans sa fonction judiciaire : le parlement royal ou curia regis in parliamento.
[3] En droit français, le courtier est un professionnel exerçant le rôle de courtage. Son action consiste à servir d'intermédiaire pour une transaction donnée entre un vendeur et un acheteur, dont il est à tout moment indépendant. La transaction peut porter sur toute opération d'achat ou de vente de marchandise ou de prestation de service.
Par extension, courtier désigne toute personne ayant un sens aigu du rôle diplomatique. À cet egard, notons que le titre en anglais de l'ambassadeur au Royaume-Uni est: Ambassador to the Court of St. James (René Meertens, Le Guide anglais/français de la Traduction).
[4] Voir aussi : The Book of the Courtesans: A Catalogue of Their Virtues, Susan Griffin, Broadway Books, 2002
[5] Un scanner vient de déchiffrer certains passages raturés - et enflammés - de la correspondance entre la reine Marie-Antoinette et son favori, le comte de Fersen
Le Figaro, 20 juillet 2020
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