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Le Britannique Joe Salisbury et l’Américaine Desirae Krawczyk ont remporté la finale du double mixte du tournoi de tennis de Roland-Garros, jeudi à Paris. Salisbury est le premier Britannique à decrocher une victoire au tournoi Roland Garros depuis 39 ans. Nous rappelons la connexion franco-britannique qui existe autour de ce sport.
Histoire et étymologie
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le tennis et autres jeux de balle sans jamais savoir où le trouver
livre de Gil Kressmann
Artena (1 juin 2012)
Lorsque le tournoi de Roland Garros s'est achevé à Paris, à quelques jours de la finale de Wimbledon, le contexte est propice pour revenir sur l’origine du mot « tennis » et sur l’histoire de ce sport né entre la France et l’Angleterre.
En anglais, les premières traces du mot tennis étaient les formes tenets, teneys et tenes. Ces termes dérivaient probablement de « tenez », du verbe français « tenir » à la deuxième personne pluriel de l’impératif. Il s’agissait sans doute de ce que le serveur criait à son adversaire au début d’un échange. En anglais, « tenez » se traduit parfois par take heed ou take this (« prenez ça »).
Si les Égyptiens, les Grecs et les Romains jouaient probablement déjà une forme primitive de tennis, la plupart des historiens estiment que l’ancêtre de ce sport est né en France au XIIe siècle. Le jeu se pratiquait alors avec une balle que l’on se renvoyait à main nue, sans raquette, d’où son nom : le jeu de paume (également appelé courte-paume par la suite).
Ce n’est qu’au XVIe siècle que les raquettes ont fait leur apparition et que le jeu s’est pratiqué dans un espace clos. On utilisait alors une raquette en bois, avec des cordes en boyaux de mouton, ainsi que des balles en liège. Les premiers terrains étaient aussi bien différents des courts actuels. Malgré l’apparition des battes, puis des raquettes, le sport a gardé son nom de jeu de paume en France et de tennis outre-Manche.
Le jeu de paume se répand alors dans toute l’Europe, à commencer par la France et l’Angleterre, bien que le Pape et Louis IV aient essayé de l’interdire. Henri VIII d’Angleterre était quant à lui un grand amateur de ce sport que les historiens appellent real tennis (« vrai tennis »). On raconte d’ailleurs que sa seconde femme, Anne Boleyn, assistait à une partie lorsqu’elle fut arrêtée, et qu’Henri lui-même était en plein match lorsqu’on lui annonça l’exécution de son épouse.
De l’autre côté de la Manche, François Ier était un joueur passionné qui apporta beaucoup au jeu de paume, en faisant notamment construire des courts pour ses courtisans, mais aussi pour les roturiers.
L’ancêtre du tennis a également joué un rôle majeur dans la Révolution française, lorsque les députés du Tiers état signèrent le serment du Jeu de paume, dans la salle du même nom à Versailles.
Esquisse de Jacques-Louis David du Serment du jeu de paume.
En 1972, David fut élu député de la Convention nationale.
Jeu de paume au XVIIème siècle
Sous le règne de la Reine Victoria, le « vrai tennis » connut un certain renouveau en Angleterre. Mais c'est la nouvelle pratique de ce sport en extérieur et sur gazon qui devint de plus en plus populaire, jusqu'à devenir le sport le plus populaire, un sport que les femmes se mirent alors également à pratiquer. Neanmoins, le jeu de paume existe toujours jusqua'aux nos jours.
Le tennis moderne - la connexion franco-britannique
Les joueurs français les plus célèbres :
Suzanne Rachel Flore Lenglen (1899–1938) remporta 31 titres entre 1914 et 1926.
Jean Robert Borotra (1898–1994) était l'un des « Quatre Mousquetaires » français qui dominèrent le tennis à la fin des années 1920 et au début des années 1930. Les autres Mousquetaires étaient Jacques Brugnon (1895–1978), Henri Cochet (1901–1987) et René Lacoste (1904–1996).
Jacques Brugnon et Henri Cochet, partenaires de doubles (en haut), Jean Borotra, « le Basque bondissant » (en bas à gauche), René Lacoste (en bas à droite).
Roland Garros, aviateur français
1888-1918
Les joueurs britanniques les plus célèbres :
William "Willie" Charles Renshaw (1861–1904) est l'un des plus grands joueurs de tennis britanniques de tous les temps, et l'un des meilleurs joueurs de l'histoire du tennis. Il a remporté le tournoi de Wimbledon à douze reprises, dont six victoires consécutives.
Fred Perry est considéré comme le meilleur joueur britannique de l'histoire. Il fut trois fois vainqueur de l'US Open et de Wimbledon et remporta une fois l'Open d'Australie ainsi que Roland Garros.
William Renshaw (avec son frère jumeau, Ernest)
était l'un des "pères fondateurs" du tournoi de Wimbledon
Fred Perry
Le court Suzanne Lenglen du stade Roland Garros
Le court central du stade Wimbledon |
Jonathan G. |
Note linguistque.
Le jeu de paume a laissé nombre d'expressions dans la langue française :
- « Épater la galerie » qui se disait alors lorsqu'un joueur réussissait un beau coup qui épatait les spectateurs regroupés dans la galerie couverte en surplomb entourant en partie la salle de jeu.
- « Qui va à la chasse... perd sa place » vient de la notion de chasse (forme de gagne-terrain) pratiquée en courte paume aussi bien qu'en longue paume. À la fin de cette phase de jeu, les joueurs changent de côtés de terrain et le serveur perd sa place favorable (bien que la source la plus probable de cette expression soit biblique ou religieuse).
- « Les enfants de la balle » À l'origine, on nommait ainsi les enfants des paumiers (fabricants des balles), réputés pour leur pratique du jeu depuis leur plus jeune âge. Les comédiens jouant parfois leurs pièces dans les salles de paume, leurs enfants qui exerçaient le même métier furent ainsi surnommés. Cette expression a donc eu les deux sens : celui d'une personne exerçant la même profession que ses parents et celui de comédien ou, plus généralement, artiste.
- « Jeu de main, jeu de vilain » vient du fait qu'à l'époque, les pauvres ne pouvaient avoir de raquette. Ils jouaient donc avec les mains, d'où l'expression.
- « Prendre la balle au bond » synonyme d'opportunisme. Tient son origine de l'équivalent de la reprise de volée en tennis. Un paumiste réussissant cette figure était remarqué pour son adresse à saisir l'occasion.
- « Tomber à pic » Si la balle tombe au pied du mur du fond, côté dedans, elle marque une "chasse pic". Avoir la possibilité de réaliser ce point à un moment décisif de la partie, assure un avantage non négligeable au bon moment.
- « Rester sur le carreau » Le sol d'un jeu de paume était autrefois constitué de carreaux, qui donnèrent ensuite le nom au sol même du jeu. L'expression vient donc de la chute d'un joueur ou de sa défaite.
- « Chassé-croisé » « Deux chasses posées, traversez !» crie le marqueur ou le commissaire.
- Peloter, c'était jouer sans enjeu en attendant une partie, simplement pour le plaisir.
- Tripot, salle de jeu de paume, a progressivement eu une autre acception, celle de lieu de jeu d'argent. Ainsi on lit dès 1726, chez Lesage comme définition de tripot « maison particulière dont les maîtres reçoivent des joueurs à des fins lucratives ; maison de jeu, cabaret où l'on joue ». La fréquentation et les mœurs de ces maisons clandestines ont ensuite donné à tripotle sens de lieu de débauche, d'endroit mal famé.
- Bisque, avantage de quinze points qu'un joueur accorde à un autre en lui laissant la faculté de placer cet avantage à son choix dans la partie.
Lecture supplémentaire :
Roger Federer joue avec la bande dessinée
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