– dans les Centres de ressources pour le français (CRFK) au Kenya
Nous sommes heureux de retrouver notre contributrice fidèle, Magdalena Chrusciel, notre traductrice du mois de mars 2013. Voici son reportage à partir de Nairobi (Kenya), où Magdalena et son epoux habitent depuis quelques années.
Les pays africains restent partagés quant à leur héritage linguistique colonial, l’Afrique de l’est largement anglophone, celle de l'ouest francophone. Cependant, cette division n’est pas inflexible, comme nous l’avons vu au Rwanda qui a introduit l’anglais comme langue officielle de l’éducation et l'administration. Au cours de mes années au Kenya, j’ai pu constater le grand intérêt des Kenyans pour le français - son apprentissage fait certainement partie du bagage apprécié des universitaires, en plus de un « je ne sais quoi » de la culture française, leur offrant des emplois en lien avec l’Afrique francophone. De plus, la France est très présente au plan économique au Kenya, avec beaucoup d’expatriés actifs ici.
Par une chaude et ensoleillée journée – presque estivale - de fin d’octobre, à 30 km de Nairobi et une petite heure de route, je me suis rendue à Mitahato, premier et seul village francophone au Kenya, situé dans le comté de Kiambu. Mitahato la verte, riche de ses arbres immenses, se trouve en pleine zone de plantations de bananes, maïs et caféiers notamment. On est loin de la pollution et du trafic ahurissant de Nairobi, et il y fait plus chaud.
Comté de Kiambu, plantations de café.
J’ai été chaleureusement accueillie par Solène Fournier, qui y effectue son service civil d’une durée d’une année. Assistante sociale diplômée, Solène a saisi cette chance d’expérience africaine, dans des conditions parfois fort différentes de sa Savoie natale. Car s’il est vrai que la nature et le temps sont merveilleux, il faut savoir s’arranger avec les nombreuses coupures d’électricité et une vie de simplicité dans un village de peu de ressources – bref, retrouver une lenteur et patience peu occidentales.
Mitahato compte 3200 habitants, dont 370 sont apprenants du français ! Alors que le village compte 4 écoles, dont une privée, les principaux lecteurs de la bibliothèque proviennent de Mitahato Primary et Secondary School. Ainsi, à Gathirimu High school, 10% d’écoliers apprennent le français, tandis que la moitié des étudiants de l’école privée locale étudient le français. Le français n’est pas ici réservé aux mieux nantis.
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Les derniers bouquins remis à Solène.
Le Centre de ressources est né à l’initiative de Chris Mburu, Kenyan, qui a souhaité offrir aux habitants de son village d’origine la possibilité d’apprendre le français. La bibliothèque a été installée dans une maison familiale du fondateur. Créée en 2020, la bibliothèque soutenue par l’ambassade et le groupe des ambassadeurs francophones, fait partie d’un réseau de 20 centres de ressources pour le français (CRFK) au Kenya – allant d’Eldoret dans le Nord jusqu’à Mombasa sur la côte. Les CRFK ont été initiés en 2008 par l’ambassade de France et offrent leurs ressources à la fois aux étudiants et aux enseignants du français.
Tous les jours du lundi au samedi, une dizaine et plus d’enfants accourent, à la sortie d’école, pour suivre un cours donné par un professeur kenyan. Des étudiants plus âgés viennent en visite, et la bibliothèque est régulièrement approvisionnée en livres, magazines et publications diverses. Les plus jeunes apprécient particulièrement les programmes visionnés à la télévision et sur internet. En plus des livres que j’ai offerts, bouquins et revues ont été fournis par mes collègues du Club de lecture de Nairobi-Accueil.
Je remercie mes amies lectrices J et bonnes lectures aux petits et grands visiteurs de la bibliothèque.
Le Centre dans un environnement bucolique.
Lecture supplémentaire :
En Afrique, les langues empruntent les unes aux autres
MERCI pour ce voyage exotique
Rédigé par : Radfordka | 22/11/2021 à 06:41