L'article qui suit a paru sur le site EUobservor. Son auteur, Josh Holzer, professeur adjoint à Westminister College, à Fulton, dans l'Etat de Missouri, nous a donné son accord pour traduire l'article et le publier sur ce blog. Voici l'article original en anglais : https://bit.ly/3qa58EC
Nous sommes heureux de retrouver notre contributrice, Nathalie Généreux. Nathalie, qui a bien voulu traduire l'article suivant est traductrice agréée de l'anglais et de l’espagnol vers le français de l'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ). Elle travaille à son compte depuis plus de vingt ans. Passionnée de littérature et de langues étrangères, cette mère de deux enfants et grand-mère depuis peu partage son temps entre sa résidence de Laval et sa Mauricie d’adoption, où elle aime faire de longues marches dans la nature.
Selon l’article 3 du Traité sur l’Union européenne, l’un des objectifs de l’UE est de promouvoir la « diversité linguistique ». De même, l’article 22 de la Charte des droits fondamentaux établit que l’UE doit respecter la « diversité linguistique ».
Pourtant, bien que l’Union européenne compte 24 langues officielles, la Commission européenne mène la majorité de ses activités en anglais, en français ou en allemand.
Certaines institutions de l’UE sont encore plus restrictives. Par exemple, la Banque centrale européenne travaille principalement en anglais, tandis que la Cour des comptes et la Cour de justice exercent leurs activités surtout en français.
Si l’Union européenne est réellement censée promouvoir et respecter la « diversité linguistique », pourquoi trois langues officielles sont-elles mieux considérées que les 21 autres ?
Probablement parce que ça coûte moins cher. Une véritable prise en charge égale des 24 langues entraînerait des coûts bien plus élevés que ce que l’Union européenne dépense déjà pour le soutien linguistique... ce qui est déjà beaucoup.
Cependant, si l’argent représente une préoccupation, l’UE devrait peut-être utiliser moins de langues. En 2005, François Grin, un économiste suisse, estimait que l’UE pourrait économiser 25 milliards d’euros par année en adoptant une seule langue de travail.
Cette proposition peut sembler contraire au prétendu attachement de l’UE au pluralisme linguistique, mais il n’en reste pas moins que parmi les 24 langues officielles (plus de nombreuses autres langues européennes qui n’ont pas de statut officiel), seules trois sont couramment utilisées au sein des institutions européennes. Ce qui laisse à penser que tous les discours sur la « diversité linguistique » sonnent un peu creux.
Maintenant que le Royaume-Uni a quitté l’UE, la France fait un effort pour promouvoir la langue française au nom du « multiculturalisme ». Mais pour quelqu’un qui ne maîtrise ni le français ni l’anglais, en quoi le français est-il plus multiculturel que l’anglais ?
Bien que cela puisse être difficile à accepter pour certains, la réalité est la suivante : le français ne sera jamais la lingua franca dominante. Pour l’instant, c’est l’anglais qui prime, et cela restera probablement ainsi jusqu’à ce qu’un jour, peut-être, le chinois devienne plus répandu.
Le Brexit, un argument en faveur de l’anglais?
Il y a désormais moins de locuteurs natifs de l’anglais dans l’UE en raison du Brexit, ce qui donne plus de poids aux arguments en faveur de l’anglais, car l’utilisation de cette langue au sein de l’UE exige que la plupart des gens l’apprennent comme deuxième langue, ce qui place presque tout le monde sur un pied d’égalité en matière linguistique.
Le fait que la France s’accroche à ce qu’elle considère comme une exception au sein de l’UE n’arrêtera pas les tendances linguistiques qui se dessinent déjà. Promouvoir le français au-dessus des autres langues de travail ne sert réellement qu’à privilégier ceux qui sont compétents en français au détriment de tous les autres. Cela crée également un étrange précédent, car il faut changer la langue de travail de l’UE tous les six mois, avec la rotation de la présidence du Conseil de l’Union européenne.
Les pratiques linguistiques de l’UE sont déjà injustes. Mais le fait d’avoir plusieurs langues de travail qui deviennent plus ou moins importantes en fonction du pays qui préside le Conseil est inutilement coûteux et n’apporte pas plus de « diversité » aux personnes dont la langue maternelle n’est pas l’anglais, le français ou l’allemand.
Au lieu d’affronter les entreprises technologiques américaines uniquement sur le terrain judiciaire, pourquoi ne pas créer et soutenir des solutions de rechange locales pour les langues locales?
Par exemple, pourquoi n’existe-t-il pas un Facebook finlandais ou un Google gaélique ? Il en va de même pour la guerre contre la diffusion en continu, ou streaming : au lieu de se contenter d’exiger que Netflix, Disney+ et les autres plateformes offrent un minimum de contenus européens, pourquoi ne pas promouvoir activement la création de ce type de contenu ?
Investir dans le cinéma espagnol, produire plus de films d’époque polonais et de drames danois. Britbox, qui diffuse en continu aux États-Unis, appartient en partie à la BBC, le radiodiffuseur national du Royaume-Uni. Pourquoi n’existe-t-il pas un service comparable à Britbox, soutenu par l’UE, qui diffuse exclusivement des contenus européens dans des langues européennes ?
Si, dans un souci de stabilité et de prévisibilité, toutes les institutions de l’UE adoptaient une seule langue de travail, les sommes considérables économisées sur les services de traduction pourraient être utilisées à bon escient, par exemple protéger et préserver les nombreuses langues en danger en Europe. Ainsi, l’Union européenne respecterait vraiment la « diversité linguistique » et en ferait véritablement la promotion.
Lecture supplémentaire :
Pourquoi l'ANGLAIS domine le MONDE ?
poder-se-ia adotar o Esperanto como lingua neutra e universal
Rédigé par : joao batista da silva | 18/03/2022 à 06:30