Durant quasiment toute l’existence de ce blog (plus de 10 ans), nous avons publié une chronique mensuelle intitulée “Linguiste du mois” (parfois appelée “Traducteur/trice du mois”).
Ce processus, dont la première étape consiste à sélectionner des invités et des chroniqueurs de premier plan, est bien plus difficile et chronophage qu’il n’y paraît.
Ces entretiens sont généralement menés en deux étapes. Dans un premier temps, l'intervieweur échange avec le linguiste du mois lors d’une discussion qui lui permet d'apprendre des faits intéressants sur ce dernier, faits qui auraient pu lui échapper durant la préparation de l'entretien. Puis, sur la base de cette conversation, une liste de questions plus précises est envoyée à la personne interrogée.
Les délais pour chacune de ces parties sont déterminés à la convenance de l’interviewé(e). Si ce dernier ou cette dernière demande une prolongation, la rédaction du blog est toujours prête à reporter les dates convenues à condition qu’il reste suffisamment de temps pour remplacer le duo en question par une autre équipe.
Parmi les traducteurs anglo-saxons qui ont été interviewés sur ce blog se trouvent de grandes figures littéraires comme Anthea Bell, David Bellos, David Chrystal, Frank Wynne [1], Ros Schapiro [2], Adriana Hunter, Mark Polizzotti et Marjolijn de Jager, pour ne citer qu’eux. Parmi les linguistes français figurent notamment Michel Rochard, Nadine Gassie, Nicolas Froeliger, Anthony Bulger, René Meertens [3] et Joël Dicker [4]
Au fils des années les personnes interrogées ont généreusement donné de leur temps et se sont montrées très réactives et coopératives. Elles ont également respecté les délais prévus pour que l'interview puisse être publiée dans les temps.
Mais chaque règle a son exception. Notre invité pour l’entretien du mois de juin 2022 était le traducteur et poète français, André Markowicz.
Markowicz a accepté notre invitation, ainsi que la date proposée pour la conversation et le délai de remise des réponses écrites. La conversation a bien eu lieu, puis six questions lui ont été transmises par écrit. Face à l’absence de réponse de la part de M. Markowicz, un rappel urgent lui a été envoyé, auquel il a répondu : « je n'ai pas le temps, surtout dans le contexte actuel, où toute mon énergie est concentrée sur l'Ukraine... ». À croire que M. Markowicz gère la guerre contre la Russie à lui tout seul, ou peut-être avec l'aide de Volodymyr Zelenskyy.
À la suite de cela, une prolongation de trois mois lui a été proposée. Le message reçu en retour était tellement irrespectueux et hors de propos, que nous préférons ne pas l'honorer en le publiant ici.
Nous laissons à nos lecteurs le soin de se faire leur propre opinion de la personne concernée. Nous nous excusons de ne pouvoir publier notre entretien mensuel, que nombre de nos lecteurs ont souvent hâte de lire.
[1] qui vient d'être nommé Président du jury d'International Booker Prize, 2022
[2] Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres
[3] l'auteur du Guide anglais-francais de la traduction
[4] prix Goncourt des lycéens 2015
Oui, André Markowicz, il n'est pas toujours facile de lui parler, même en dehors du contexte de la guerre en Ukraine. Mais c'est un grand traducteur, qui forme une belle équipe avec sa compagne Françoise Morvan. Je suppose que son accord pour l'entretien et les délais remonte à une date antérieure au 24 février. Depuis, il consacre effectivement tous les deux jours un long billet à ses chroniques de guerre, sur sa page Facebook.
Rédigé par : Christine Pagnoulle | 09/07/2022 à 01:56