Le texte qui suit a été traduit à partir d’un article paru sur la revue Newsweek, et est basé sur un texte scientifique paru sur le site de la Royal Society Open Science. Un grand merci a notre traductrice fidèle, Nathalie Généraux.
Des champignons ont été enregistrés alors qu’ils conversaient, et un scientifique a découvert que ceux-ci pouvaient communiquer à l’aide d’un langage qui rappelle celui des humains.
Au cours des dix dernières années, des chercheurs ont trouvé des preuves que les plantes étaient capables de communiquer.
Une recherche publiée en 2019 suggère que les plantes « crient » lorsqu'on les coupe. Les champignons ne sont ni des plantes ni des animaux; ils appartiennent plutôt à leur propre royaume, qui comprend également les levures et les moisissures.
Andrew Adamatzky, du Unconventional Computing Laboratory à l'Université West England, à Bristol, explique qu'il a commencé à effectuer des recherches sur le langage chez les champignons par pure curiosité.
Ayant constaté que les moisissures visqueuses présentaient des capacités cognitives apparentes grâce à des pics d'activité électrique, le chercheur a voulu savoir si c’était la même chose pour les champignons.
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Une espèce de champignon avec des électrodes enregistrant des pics d'activité. Andy Adamatzky a découvert que les champignons communiquaient à l’aide d’un langage pouvant rappeler celui des humains. |
Dans le cadre de son travail, Andy Adamatzky crée des prototypes au moyen de substrats biologiques, chimiques et physiques.
Afin de fabriquer un dispositif permettant d’étudier les signaux électriques émis par les champignons, le chercheur doit comprendre comment ceux-ci procèdent à l’échange d’information.
Il doit également créer des structures à partir de substrats colonisés par des champignons : « Certaines parties du substrat renferment du mycélium vivant chargé de détecter les indices environnementaux et de prendre des décisions concernant l'environnement, a-t-il déclaré à Newsweek, ce qui se fait par le biais de l'activité électrique ».
Dans sa dernière étude, Adamatzky a recueilli quatre espèces de champignons différentes, soit le fantôme, l’enoki, la branchie fendue et la chenille, puis a piqué les spécimens au moyen d’électrodes et enregistré les changements d'activité électrique.
Les résultats du chercheur, publiés dans la revue Royal Society Open Science, ont montré de grands trains d’activité électrique comparables aux neurones.
Adamatzky a ensuite comparé ces pics à ceux observés dans le langage humain et a trouvé des similitudes. « J'ai reconstruit la syntaxe potentielle du langage fongique », a-t-il précisé.
Macrolepiota procera, le champignon parasol. Andrew Adamatzky a découvert que les champignons avaient des vocabulaires d'environ 50 mots. |
L'étude a démontré que les pics présentaient des similitudes avec des vocabulaires d'environ 50 mots, la longueur de ceux-ci étant semblable aux mots du langage humain.
Des différences ont été notées en matière de complexité du langage entre les espèces, les champignons fantômes et les champignons à branchies fendues étant ceux dont le lexique est le plus élaboré.
Adamatzky affirme que les champignons pourraient dire plusieurs choses; peut-être s’informent-ils mutuellement de leur présence de la même manière que le font les loups lorsqu’ils hurlent, ou transmettent de l’information à d'autres parties du mycélium - la structure en forme de racine d'un champignon - sur la présence de substances attractives ou répulsives.
« Il y a aussi une autre option : lorsque les champignons ne disent rien, a poursuivi le chercheur. Les pointes de mycélium en propagation sont chargées en électricité; lorsqu’elles passent dans une paire d'électrodes différentielles, un pic dans la différence de potentiel est enregistré. »
Cordyceps militaris. Ce champignon, également connu sous le nom de champignon chenille, est l'une des espèces utilisées dans les expériences d'Adamatzky. |
Dans son étude, Adamatzky a précisé que la recherche pourrait emprunter différentes directions.
Les différences de langage entre les espèces pourraient être examinées, ainsi que la possibilité d'un système de grammaire fongique. Il a ajouté que d'autres espèces de champignons devront être examinées pour comprendre les variations du langage.
« Établir une classification complète et détaillée des mots fongiques, tirée du train de pointes, est probablement la voie la plus prometteuse pour la recherche future », a écrit Adamatzky.
« Pour l'instant, nous avons classé le mot en nous fondant uniquement sur un nombre de pics dans les trains correspondants. Il s'agit en effet d'une classification assez primitive qui s'apparente à l'interprétation des mots binaires uniquement par les sommes de leurs bits et non par les configurations exactes de 1 et de 0. »
« Cela dit, il ne faut pas s'attendre à des résultats rapides : nous n'avons pas encore déchiffré le langage des chats et des chiens, alors que nous vivons avec eux depuis des siècles, et la recherche sur la communication électrique des champignons n'en est qu'à ses débuts. »
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