e n t r e t i e n e x c l u s i f
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Anthony Bulger l'intervieweur |
Joe Johnson |
Né en Angleterre mais résidant en France depuis 40 ans, Anthony Bulger, est auteur, journaliste et enseignant. Il a aussi travaillé comme directeur pédagogique en Californie. Anthony a été notre linguiste du mois de septembre 2020. |
Paroles de l'intervieweur : J’ai le privilège de m’entretenir avec Joe Johnson, professeur titulaire de français et d’espagnol à l’université d’État de Clayton située à Morrow, en Géorgie, près de la ville d’Atlanta. Je suis aussi un tantinet jaloux car il lui a été confié la mission de mes rêves : traduire les albums d’Astérix pour le public américain.[1] |
Nous remercions infiniment Valérie François, qui a bien voulu traduire l'entretien ci-dessous. Valérie, traductrice très chevronnée, est née en France mais reside en Espagne. Elle a été notre linguiste du mois de septembre 2017. Son site se trouve ici. Voir aussi : Deux enfants, trois langues - Maeli et Aeon Poirat François - linguistes du mois d'avril 2019
Qu’est-ce qui vous a initialement attiré vers la langue et la culture française ?
Comme beaucoup d’enfants qui finissent par choisir une direction particulière dans la vie, j’avais un bon professeur dans mon petit lycée de Floride, qui m’a donné envie d’apprendre le français, une langue qui m’avait toujours intrigué aimant lire des livres tels que Les Trois Mousquetaires, L’Île mystérieuse et Le Tour du monde en 80 jours, ou regarder leurs adaptations cinématographiques. J’ai suivi deux années de cours de français avec ce professeur et, lorsque je suis allé à l’Université Citadel à Charleston, en Caroline du Sud, j’ai choisi de me spécialiser en français, puis également en espagnol.
C’est en tant qu’étudiant de premier cycle que j’ai eu mes premières expériences d’études à l’étranger, une semaine à La Rochelle, une autre à Limoges et un mois à Paris. Ces premiers contacts avec la France m’ont donné envie d’y retourner, et au début de ma maîtrise de français à l’Université de Caroline du Sud, j’ai eu la chance de partir deux ans à l’étranger dans le cadre d’un échange d’enseignants, en tant que lecteur d’anglais à l’Université de Haute-Alsace à Mulhouse. Parmi les différents cours qui m’ont été confiés, j’ai enseigné le « thème », un exercice consistant pour les étudiants français à traduire des textes français en anglais. Cela a été ma première expérience dans la traduction professionnelle !
De retour aux États-Unis, après avoir obtenu ma maîtrise universitaire et commencé ma thèse de doctorat à l’Université de Floride, l’un des professeurs de mon département m’a donné l’opportunité de traduire les légendes d’un petit livre du sociologue Pierre Bourdieu. Cette première expérience m’a valu d’autres propositions de traduction, jusqu’à ce qu’un lettreur de bandes dessinées de Gainesville, en Floride, me persuade de traduire plusieurs romans graphiques de François Schuiten et Benoît Peeters et de soumettre ces traductions spontanément à NBM Publishing. Bien que je n’aie pas rencontré un succès immédiat, peu de temps après, le fondateur et rédacteur en chef de NBM, Terry Nantier, m’a demandé de terminer une traduction alors en cours, ce qui a conduit à mes premières traductions de bandes dessinées en 1997.
Vous êtes un universitaire renommé [2], connu d’abord pour vos travaux d’érudition, notamment vos traductions de Bourdieu. Comment avez-vous été choisi pour traduire Astérix ? Aviez-vous lu l’un des albums auparavant ?
Vous êtes très aimable de dire que je suis « connu » pour mes travaux d’érudition, mais cela dépend toujours de son cercle de connaissances, n’est-ce pas ? Oui, je suis connu de mes collègues effectuant des études sur le XVIIIe siècle, mais probablement davantage en tant que réviseur et conférencier pour des conférences savantes, notamment celles de la Southeastern American Society for Eighteenth-Century Studies. Ma plus grande contribution aux lettres s’est toutefois avérée être dans le domaine de la traduction. Depuis 1997, j’ai publié des centaines de traductions de bandes dessinées et de romans graphiques français en anglais américain chez NBM Publishing, Papercutz, Super Genius, Bamboo, First Second et Dead Reckoning. Je traduis des bandes dessinées pour Papercutz depuis 2007, ils connaissent donc très bien mon travail et se tournent vers moi pour leurs besoins de traductions. Avant cela, j’avoue n’avoir lu qu’un seul tome d’Astérix, dont je me suis servi dans le cadre d’un cours sur des sujets annexes que j’ai donné un semestre sur un éventail de bandes dessinées et de romans graphiques français.
On vous a déjà entendu dire que, quand vous étiez enfant, les comics avaient été votre voie vers la lecture. Le terme anglais « comics » est généralement traduit par « bande dessinée ». Mais les deux concepts sont différents à bien des égards, ne serait-ce que par le public visé. Serait-ce l’une des raisons pour lesquelles Astérix n’a jamais vraiment décollé aux Etats-Unis ?
En ce qui concerne les comics de ma génération, je dois dire que oui. Même si je me souviens avoir lu des comics comme Archie ou The Peanuts, je lisais surtout les comics de super-héros comme Green Lantern, Green Arrow, Batman, Superman, mon préféré, The Legion of Superheroes, ou dans le monde Marvel, The X-Men, Thor et The Avengers. Dans mon école primaire, nous avions tout un troc de bandes dessinées ! Même si j’ai adopté avec enthousiasme la lecture de « vrais » livres, tels que les adultes distinguaient alors les livres imprimés des bandes dessinées, j’ai continué à lire des comics jusqu’à l’âge adulte. Un de mes bons amis à l'université était abonné à des revues comme Captain America, donc j’ai continué à en profiter les week-ends quand je n’étais pas occupé à autre chose.
Ce n’est que lorsque j’ai vécu en France que j’ai vraiment commencé à découvrir la tradition française de la bande dessinée, et c’était un tout nouveau monde pour moi. Je me suis déjà demandé pourquoi une franchise beaucoup moins sophistiquée comme Les Schtroumpfs - que j’ai également traduite pour Papercutz - pouvait avoir beaucoup plus de succès aux États-Unis. J’en ai conclu que les histoires ont un attrait plus universel... elles ne sont pas liées à un lieu, une histoire, une culture populaire spécifiques, etc. Les histoires d’Astérix, en revanche, sont difficiles à comprendre pour les enfants américains parce qu’elles sont totalement liées à la culture et à l’histoire européennes. De plus, les albums sont écrits pour le plaisir des enfants et des adultes qui, s’ils sont parents, ont le plaisir d’expliquer les allusions à leurs enfants, qui sinon ne suivent l’histoire que pour les aventures vécues par les protagonistes. Quel enfant français ou américain comprendrait les blagues en latin de l’histoire ? Que peut signifier pour un public américain contemporain le fait qu’Astérix fasse allusion à Tino Rossi et à ses chansons, par exemple ? Les enfants américains auront-ils des stéréotypes sur les Suisses, les habitants du Sud de la France ou d’autres régions d’Europe, etc. ?
Avez-vous été intimidé par cette mission ?
Oui, beaucoup, comme vous pouvez le déduire de ce que j’ai dit jusqu’à présent. Il est rarement aisé de traduire des jeux de mots par exemple, et les quelque 20 premiers tomes d’Astérix en abondent. J’ai également été intimidé par le fait que les trois premiers tomes devaient être traduits assez rapidement, alors que le reste de mes activités professionnelles sollicitait déjà mon temps et mon attention. Tous les tomes d’Astérix, comme les ouvrages contemporains de Peyo, sont beaucoup, beaucoup plus verbeux que les BD de notre époque, comme ceux de Lewis Trondheim par exemple, un de mes auteurs préférés.
Peyo |
Lewis Trondheim |
Vous avez « hérité » des traductions en anglais britannique d’Anthea Bell et de Derek Hockridge. Cela vous a-t-il créé des problèmes ?
Pour le meilleur ou pour le pire, nous avons décidé conjointement avec les éditeurs que je ne lirais pas les traductions existantes, afin de ne pas en être influencé. L’une des idées de ce projet était que je traduise en anglais américain. De temps en temps, lorsque je suis bloqué sur un passage d’un album d’Astérix, je demande aux éditeurs de m’envoyer un extrait de cette page ou de l’image dans la traduction britannique afin que je puisse voir les choix de mes prédécesseurs. Cela m’a parfois surpris, car la traduction était plus éloignée de l’original que je n’aime généralement l’être ou que les éditeurs ne le souhaitent. D’ailleurs, une fois j’ai remarqué qu’ils avaient inséré une blague qui n’était pas dans l’original. Comprenez bien qu’il ne s’agit pas d’un jugement sur les mérites de la traduction antérieure. Ce qui constitue une bonne traduction diffère selon les époques et dépend grandement de ce que les éditeurs veulent dans la traduction et de ce que l’éditeur d’origine est prêt à accepter. Il est clair que la traduction Bell-Hockridge s’est avérée être un succès largement apprécié. Il est intéressant de noter que certaines appréciations sur Amazon que j’ai pu lire concernant les nouvelles traductions, comparent les deux traductions et accusent les nouvelles de changer la traduction simplement pour le plaisir de le faire.
Voici un petit exemple où une nouvelle traduction était nécessaire. J’ai récemment terminé la traduction du tome 22 d’Astérix : La Grande Traversée, [3] un volume dans lequel nos héros rencontrent des Amérindiens et des Vikings, l’un de ces derniers portant le nom de l’ancien premier ministre britannique Harold Wilson [4]. Alors que ce nom aurait été significatif pour les lecteurs britanniques en 1975, il est clair qu’il ne fonctionnera pas pour un public américain en 2021, alors je l’ai substitué par un nom de l’histoire américaine... J’attends toujours de voir ce que les éditeurs de Papercutz ont à dire concernant ma suggestion !
Et qu’en est-il des noms de personnages ? Utilisez-vous les traductions de Bell/Hockridge ? (Goscinny a admis un jour que la traduction de B&H pour Assurancetourix, le barde si peu musicien, par « Cacofonix », était meilleure que l’original).
Nous utilisons principalement les noms existants de B&H pour les personnages et les noms de lieux inventés, mais avec des changements occasionnels, dont celui auquel j’ai fait allusion précédemment. Nous sommes conscients du fait qu’il existe un « univers Astérix » composé de bandes dessinées, de films et d’un parc à thème. Si nous créons trop de noms, cela ajoute à la confusion, donc nous ne changeons généralement pas les noms des personnages principaux. Pour le personnage principal du druide, nous avons toutefois décidé de dire « Panoramix » plutôt que « Getafix », ce qui a incité un commentateur sur Amazon à nous accuser d’être politiquement corrects. « Getafix » nous a semblé, aux éditeurs et à moi-même, une idée très années 1960-1970 qui assimilait le personnage à un trafiquant de drogue alors que son nom avait déjà une signification intelligible pour les anglophones.
Pour les fans d’Astérix comme moi, les jeux de mots sont l’un des plaisirs associés à la lecture. Comme vous le savez, René Goscinny était un classiciste qui aimait glisser des références latines et grecques dans les dialogues. Comment cela se traduit-il pour les lecteurs américains, et quelle stratégie adoptez-vous pour la traduction ?
En dehors des commentaires des clients, j’ignore ce que les lecteurs américains pensent de notre approche en la matière, mais dès le début, les éditeurs de Papercutz et moi-même avons décidé de fournir simplement des traductions en note de bas de page pour les expressions provenant du latin ou d’autres langues et de fournir des traductions pour les noms de lieux latins en Gaule. Bien sûr, j’ai cette d’habitude d’ajouter des notes de bas de page et de fin de page dans mes travaux d’érudition !
En tant que traducteur moi-même, je suis toujours en difficulté devant les jeux de mots : dans quelle mesure dois-je m’en tenir à l’original ou dois-je opter pour une résonance totalement différente ? Avec les bandes dessinées, bien sûr, la tâche est encore compliquée par la nécessité de faire correspondre la blague et l’illustration. Quelle est votre approche ?
Si je peux faire fonctionner le jeu de mots ou l’humour dans les deux langues, je le fais, mais cela n’arrive pas très souvent. En général, je m’efforce de remplacer le jeu de mots français par un autre jeu de mots ou une autre blague, qui s’adapte à la situation. J’ajoute une note entre parenthèses dans la traduction à l’intention des éditeurs, pour signaler qu’une image ou bulle particulière contient une blague et comment celle-ci fonctionne. Ils ont peut-être une meilleure idée que moi ! Il peut arriver, par exemple, qu’un personnage utilise une expression dont les mots ont un sens littéral décrivant une action dans l’histoire, mais forment également une expression idiomatique au sens différent ou complémentaire. En général, il existe une figure de style anglaise qui peut remplacer celle en français, alors on travaille à rebours pour faire une blague sur la figure anglaise.
Vous arrive-t-il d’ajouter votre propre humour, des calembours ou autres types de jeux de mots ?
Non, je ne pense pas que je devrais le faire parce que c’est l’histoire des auteurs, après tout. Je considère également les blagues et les jeux de mots comme des éléments de rythme dans une histoire. Ce sont les auteurs qui décident du moment de la pause comique, pas moi. Je pense que cela vaut également en ce qui concerne la façon dont les phrases sont construites. Très souvent, il me serait facile de fournir une traduction anglaise plus succincte que la tournure française. Mais je ne pense pas que cela soit la chose à faire, car presque toujours, les auteurs auraient pu écrire quelque chose qui aurait été tout aussi succinct en français et ont choisi de ne pas le faire. S’ils ont choisi des phrases et des tournures plus longues, je pense que je dois en faire autant en anglais américain.
Quelles ont été les parties les plus difficiles dans l’approche de la traduction ? Et les parties les plus faciles ?
Vous avez déjà indiqué les parties les plus difficiles en évoquant les jeux de mots et les blagues... Tout au long de ma première ébauche, je laisse souvent ces parties temporairement non traduites pour y réfléchir, laisser l’inspiration venir, et je continue avec les parties qui sont plus simples à traduire.
Imaginez-vous le lecteur américain potentiel dans votre esprit ?
Peut-être pas tant comme une image que comme une voix. Avec cette série, j’essaie de penser à ce que les adolescents qui m’entourent comprendront facilement.
Quelle stratégie appliquez-vous pour l’argot et le français non standard dans Astérix ?
J’essaie généralement d’adopter un anglais américain standard. Les éditeurs de Papercutz sont originaires du Bronx et du sud-est du Massachusetts. Je pense que l’auditeur de Hachette - la personne qui critique, fait des suggestions, signale les erreurs, etc. - est originaire de la côte ouest des États-Unis. Cette diversité linguistique m’aide à ne pas trop glisser dans ma langue régionale en tant que personne originaire du Sud culturel des États-Unis. L’identité régionale peut se manifester dans les plus petites choses ; par exemple, la plupart des gens de ma région du Sud ont tendance à ajouter un « s » à « toward », « afterward », qui, selon des sources en ligne, est l’orthographe préférée au Royaume-Uni et non l’orthographe américaine. Auparavant, j’ai dit « proven » au lieu de « proved » (le terme approuvé par le style Associated Press). Les éditeurs - dans le cadre de cette série de traductions - ont choisi de ne pas utiliser de représentations orthographiques de l’argot américain comme je pourrais le faire dans d’autres traductions. Ainsi, pour Astérix, nous ne disons pas des choses comme « gonna », « ain’t » ou « heckuva ». Et pas une seule fois je n’ai dit « y’all » dans une traduction d’Astérix ! 😊
En ce qui concerne le français non standard, je m’assure généralement que les éditeurs comprennent ce qui se passe dans l’original, puis j’essaie de créer un effet similaire en anglais, quel que soit le son ou la caractéristique grammaticale, ou je crée un tic de langage que nous répétons avec des personnages récurrents. S’il s’agit d’une caractéristique de prononciation, ce n’est pas particulièrement difficile puisque vous pouvez simplement la répéter en anglais. Évidemment, cela ne correspondra pas à ce que nous pourrions considérer comme un accent régional aux États-Unis, mais cela signale au lecteur que les habitants de cette région ont un accent différent. Ironiquement, c’est probablement plus difficile à réaliser lorsque les personnages sont des caricatures des Britanniques, qui parlent un franglais dans les histoires, dans lequel ils imposent des structures grammaticales ou des tournures de phrases anglaises à la langue française. Si je traduis cela en anglais, cela ressemble juste à de l’anglais, donc vous devez vous assurer que cela sonne stéréotypiquement britannique plutôt qu’américain, si possible.
Qu’en est-il des langues régionales et du français non standard - je pense en particulier aux Goths et aux Vikings ?
Comme je l’ai mentionné précédemment, j’ai récemment travaillé sur le tome 22 d’Astérix : La Grande Traversée dans laquelle Astérix et Obélix rencontrent une bande de Vikings avec lesquels ils ont du mal à communiquer. Visuellement, il est facile de reproduire ce que les auteurs originaux ont fait en utilisant des lettres barrées ou pointillées comme Å ou Ø. Il y a un passage dans l’histoire où les deux parties essaient de se parler en langage télégraphique, ce qui est assez facile à recréer en anglais.
Les albums d’Astérix ont été critiqués pour la façon dont ils représentent les personnes de couleur et les minorités. Un cartooniste américain les a même qualifiés de grossièrement racistes. Comment abordez-vous cette question lorsque vous traduisez ?
En tant que traducteur, je n’ai généralement que très peu de marge de manœuvre pour aborder ces questions, si ce n’est pour signaler toute partie troublante ou tout malaise aux éditeurs, qui sont les seuls à pouvoir traiter des questions telles que la couleur des personnages dans les histoires ou négocier avec la maison d’édition française concernant toute modification majeure de l’original. Il y a un passage où j’ai pu apporter un changement dans la traduction d’une scène
d’Astérix, tome 13 : Astérix et le Chaudron. Dans cette scène, un personnage lambda se présente à un stand de légumes sur une place de marché à la recherche d’une frisée (un type de salade). Le marchand se méprend et dirige le client vers le marché aux esclaves où il est censé acheter une personne aux cheveux crépus, c’est-à-dire une personne de peau noire. Cela ne m’a pas paru drôle du tout, et cela élude le fait que les Romains réduisaient en esclavage un grand nombre de personnes dans les régions qu’ils avaient conquises, comme la Gaule, sans tenir compte de la race. J’ai donc fait en sorte que le client recherche des poireaux (« leeks ») (un aliment que les gens mangeaient à l’époque) et que le marchand dirige le client vers un plombier pour réparer les fuites (« leaks »). Cela représente un détail dans les albums.
Votre dernière publication est un livre d’un tout autre genre : Friendship and Devotion, or Three Months in Louisiana (Jackson : University Press of Mississippi, 2021) de l’écrivaine française du XIXe siècle Camille Lebrun. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Depuis l’époque où j’étais étudiant en doctorat, mon principal domaine de recherche universitaire a été l’exploration du thème de l’amitié idéalisée dans la littérature française. Pour ma prochaine monographie, je travaille sur la représentation de l’amitié dans la littérature française pour enfants à partir de la fin du XVIIIe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale, une époque où beaucoup d’œuvres utilisaient des thèmes similaires pour décrire aux enfants comment l’amitié naît, s’entretient et peut aussi prendre fin. Au fur et à mesure que j’ai lu ces œuvres, je les ai présentées lors de conférences savantes. L’un de ces textes qui a suscité un grand intérêt de la part du public est celui de Pauline Guyot (1805-1886), qui publiait généralement sous le pseudonyme de Camille Lebrun : Amitié et dévouement, ou Trois mois à la Louisiane (1845). L’histoire dépeint deux jeunes Américaines qui ont grandi et ont été élevées dans un pensionnat parisien et qui retournent chez elles en Louisiane pour commencer leur vie d’adulte sur une terre d’esclavage, de profondes divisions raciales et de ségrégation, d’épidémies de fièvre jaune et d’une écologie magnifique mais menaçante. L’amitié et la dévotion des deux jeunes femmes sont menacées lorsque l’une d’elles apprend qu’elle est métisse. Il s’agit donc d’un récit sur le passé multiculturel et multilingue de la Louisiane, qui témoigne des luttes auxquelles nous sommes encore confrontés aujourd’hui aux États-Unis. Comme ce court roman n’avait jamais été traduit en anglais, Robin White, un de mes collègues de l’université d’État Nicholls à Thibodaux, en Louisiane, et moi-même avons décidé d’en effectuer une traduction annotée. Cette fois, nous avons bien pu utiliser « y’all » dans la traduction !
« Thanks to all of y’all » (merci à vous tous) chez Papercutz pour cette nouvelle traduction d’Astérix et merci à vous, Joe, de nous avoir accordé cet entretien. Et en dépit de ma jalousie professionnelle, je vous félicite pour votre travail !
NDLR :
[1] Les deux autres traductrices d'Astérix vers l'anglais, Anthea Bell et Adriana Capadose (Hunter) ont été interviewées pour ce blog.
[2] Interim Assistant Dean, College of Arts & Sciences, Clayton State University, Morrow, Georgia.
[3] Le dernier tome d'Astérix, Astérix et le Griffon, a été publié en français et en quelques langues etrangères en octobre et novembre cette année, dont une traduction en anglais américain réalisée par notre interviewé. Voir Astérix et le Griffon.
[4] années 1960 et 1970.
Lecture supplémentaire :
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